Jim Zemlin, Linux Foundation : "le logiciel propriétaire est condamné"
Début Novembre s'est tenue à Barcelone la LinuxCon, une conférence sur le logiciel libre où nos confrères de Silicon News ont pu rencontrer Jim Zemlin, le directeur exécutif de la fondation Linux. Partageant la scène avec Linus Torvald, le père de Linux, mais également Mark Shuttleworth, fondateur de Canonical, Jim Zemlin est convaincu de la disparition à terme des logiciels propriétaires et mise sur l'avènement d'un modèle 100% open source et une économie de services.
Nerea Bilbao - La Fondation Linux compte une centaine de membres, y compris de grands noms de l'industrie. Qu'est-ce qui motive leur adhésion ?
JZ - La principale raison est que ces entreprises sont des utilisatrices de Linux. Prenez Google, son OS mobile, Android, est en réalité basé sur Linux. Et son moteur de recherche fonctionne grâce à des nuées de serveurs, eux-mêmes basés sur Linux. IBM ou HP réalisent également des milliards de dollars en vendant des serveurs optimisés pour Linux. Ces entreprises ont donc un intérêt évident à soutenir notre fondation.
Nerea Bilbao - Comment voyez-vous l'avenir de l'informatique ?
JZ - Selon moi, c'est un mouvement qui va du produit aux services. Dans le passé, des entreprises comme Microsoft ont vu le logiciel comme un produit que l'on pouvait vendre au travers de licences. Mais nous pensons que c'est un modèle différent, que le logiciel ne peut pas être vendu comme du matériel mais qu'il faut l'obtenir gratuitement en s'abonnant à un service.
Nerea Bilbao - Pouvez-vous nous donner un exemple?
JZ - Je peux vous donner beaucoup d'exemples : Amazon perd de l'argent avec le Kindle mais se remboursera avec les contenus associés. Android est gratuit mais Google gagnera de l'argent avec la publicité. La plupart des services de cloud computing, souvent basés sur des logiciels open source, seront facturés sous forme d'abonnements. L'open source est devenu une partie de la consumérisation de l'IT.
Nerea Bilbao - C'est également un modèle offrant une plus grande souplesse
JZ - Le logiciel libre est en effet le moyen le plus rapide et le moins coûteux pour innover. Le noyau linux est modifié toutes les dix minutes, jusqu'à 10.000 lignes de code peuvent être modifiées chaque jour. Aucun éditeur privé ne peut maintenir un tel rythme et c'est sans doute pourquoi des entreprises comme Google nous soutiennent. Si leurs produits étaient basés sur les logiciels Microsoft, ils ne pourraient pas innover aussi rapidement.
Nerea Bilbao - Et vous pensez donc que l'avenir passera par des logiciels 100 % open source ?
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JZ - Je pense effectivement que le modèle d'affaire des logiciels propriétaires est condamné et nous ne sommes d'ailleurs pas les seul à le penser. Regardez Microsoft : ils ont de plus en plus de mal à vendre des licences Windows à 75 dollars quand Linux est gratuit. Du coup, ils investissent dans des services de téléchargement (musique, applications) et renforcent même leur présence dans le matériel avec leur propre tablette.
Nerea Bilbao - Quel est le principal défi des prochaines années pour la fondation Linux ?
JZ - Je pense que le principal défi consiste à démontrer de façon convaincante que le développement collaboratif est la meilleure façon de créer des produits et des services. Cela passe par la formation d'une nouvelle génération de développeurs, dans les grandes entreprises bien sûr, mais également à grande échelle au sein des administrations ou des entreprises publiques. Devenir un développeur open source, c'est rejoindre le plus grand réseau de R&D au monde !
Cette EuroStory vous est proposée par Nerea Bilbao de SiliconNews.es. Retrouvez la en version originale
"El modelo de negocio basado en licencias de Microsoft no encaja en el futuro de la computación"
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