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Les 100 fleurons du numérique français face au défi du 'Think Big'

Encore portés par une croissance moyenne de 12%, le top 100 des sociétés françaises du logiciel, des services Internet et du jeu vidéo est emmené par trois acteurs qui ont émergé au plan international : Dassault Systèmes, Criteo et Ubisoft. Des exemples pas si faciles à suivre.

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Les 100 fleurons du numérique français face au défi du 'Think Big'

12,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires cumulé, une croissance de 11,8 % par rapport à l'année précédente. Le dernier classement Top 100 du Digital, établi par Tech in France (le nouveau nom de l'Afdel) et PwC, laisse entrevoir le dynamisme des 100 premières entreprises françaises du numérique. Ce classement, dont Silicon.fr est partenaire, présente l'originalité de mélanger les éditeurs de logiciels, les services Internet et les éditeurs de jeux vidéos. Trois secteurs qui fournissent chacun un 'champion' à l'économie française ; respectivement Dassault Systèmes (2,7 milliards d'euros en logiciels en 2016), Criteo (1,6 milliard en services Internet) et Ubisoft (1,5 milliard).

Si les 100 premières sociétés connaissent dans l'ensemble une croissance à deux chiffres (toutefois inférieure de 2 points à celle enregistrée voici un an), cette progression s'explique avant tout par le dynamisme des services Internet. Le Top 20 de cette catégorie d'acteurs connaît ainsi une croissance de près de 26 % sur un an ! Criteo progresse lui  de 37 % en un an. Deezer, Fimalac, Teads ou encore le spécialiste de la publicité sur mobile S4M (recordman du Top 100 en matière de croissance) sont également bien orientés.

Le Saas en trompe l'oeil

La progression est plus modeste pour les éditeurs de logiciels, puisqu'elle est limitée à 6,5 %. Avec quelques pépites qui sortent du lot, comme Talend (Big Data, +55 %), Ivalua (gestion des achats, + 38 %) ou Talentsoft (RH, +26 %). Le mode Saas pèse désormais 13 % de l'activité des grands éditeurs de logiciels. contre 12 % en 2014. « Certes, le Saas connaît une croissance plus forte que la moyenne du marché au sein de notre classement, mais pas forcément aussi explosive que celle à laquelle on pourrait s'attendre, commente Loïc Rivière, le délégué général de Tech in France. Tout simplement parce que le Saas concerne avant tout des pure players, trop petits encore pour intégrer notre Top 100. »

Au-delà des trois porte-étendards que sont Dassault Systèmes, Criteo et Ubisoft, le top 100, composé de 68 éditeurs, 26 sociétés du Net et 6 éditeurs de jeux, atteste une nouvelle fois des difficultés de la France à produire des poids moyens dans le numérique, capable de peser à l'international. Même si, entre Ingenico ePayments et GFI, ils sont désormais 17 à dégager plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires dans la vente de logiciels ou de services Internet. Là où ils n'étaient que 9 dans ce cas en 2015. Autre indice encourageant : le 100ème du classement de Tech in France et PwC, l'éditeur Medasys (spécialisé dans la santé), réalise 16 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le logiciel. En 2014, 10 millions d'euros suffisaient encore pour intégrer le classement, rappelle Pierre Marty, associé chez PwC. La croissance moyenne des sociétés classées entre la 51ème et la 100ème place a d'ailleurs plus que doublée entre les chiffres de 2015 et ceux de 2016.

Financements : le rattrapage français

Logique donc de voir Tech in France centrer sa soirée de présentation de cette 9ème édition de son classement sur la thématique du passage à l'échelle. Un domaine dans lequel les jeunes pousses françaises ont longtemps été handicapées par la faiblesse des financements disponibles dans l'Hexagone. « Nous étions parmi les premiers à proposer des appliances de sécurité multifonctions, témoigne ainsi Pierre-Yves Hentzen, le directeur financier et directeur général adjoint de Stormshield (fruit de l'union d'Arkoon et Netasq). Mais, au début des années 2000, nous n'avons pas réussi à lever des fonds à la hauteur de nos espoirs. Nous avons vu des concurrents lever de fortes sommes et nous rattraper. Si nous avions été américains, nous serions aujourd'hui probablement 20 à 30 fois plus gros. » Le témoignage est similaire chez Jérôme Lecat, le fondateur de Scality, qui regrette, lors d'une expérience précédente, de ne pas avoir pu lever suffisamment de fonds en France : « Nous avons vu des sociétés américaines lever 10 fois plus que nous. Conséquence : nous nous sommes retrouvés positionnés sur un marché trop petit pour créer une grande entreprise. » Une expérience qui l'a poussé, pour Scality, à se tourner vers les Etats-Unis pour se financer.

Aujourd'hui, les montants disponibles auprès des fonds français sont bien plus significatifs. Comme en témoignent par exemple les 65 millions que vient de lever, dans l'Hexagone uniquement, le spécialiste de la gestion de données Oodrive. « Ces montants importants se justifient par le raccourcissement des cycles technologiques », explique Bertrand Diard, le président de Tech in France (en photo de Une). Même si Jérôme Lecat émet un bémol : « Depuis 2014, c'est vrai qu'il y a de l'argent en France. Mais nos financiers manquent encore d'ambition et poussent les entrepreneurs à y aller pas à pas. » Autrement dit, à répéter les levée de fonds à chaque étape de développement de la société. Or, pour le fondateur de Scality, il faut frapper vite et fort pour espérer émerger à l'international.

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