Microsoft TechDays : Jean Ferré, « Toutes les entreprises deviennent des industries de logiciels »
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Rencontre à l'occasion des Microsoft Techdays avec Jean Ferré, le directeur de la division développeurs, plateforme et écosystème (DPE) de Microsoft France.
Silicon.fr : Pouvez-vous évoquer avec nous le rôle du développement pour Microsoft ?
Toutes les entreprises deviennent plus ou moins des industries de logiciels. Dans l'entreprise, d'un côté il y a la marque, qui fait l'unicité et la relation que l'on a avec elle ; de l'autre côté, il y a sa propriété intellectuelle, ses brevets, son innovation, sa R&D ; et entre les deux, il y a une vision qui pour s'exécuter demande du code, de l'innovation, d'intégrer le client, la logistique, les sous traitants, les partenaires. Au fond, bien diriger une entreprise ce n'est plus seulement avoir une stratégie et des stratèges, aujourd'hui c'est avoir une vision, des actifs différentiants, et de très bons développeurs.
Faisons une analogie avec l'automobile : elle devient un ordinateur sur roues, dont la valeur devient sa capacité à être connectée avec le cloud, avec les autres automobiles, et à avoir des applications. Le métier de créer des automobiles revient à créer des devices sur lesquels on va développer de l'innovation et des applications. Face à des dirigeants et des consultants qui ne savent pas comment faire, nous leur disons "get technical".
Silicon.fr : Comment voyez-vous évoluer le métier de développeur ?
C'est un métier qui change. Aujourd'hui, c'est différent, l'idée, le prototype, tout de suite les exposer à des clients, l'interaction est continue, la release est continue. Avec la consumérisation de l'IT, progressivement les gens qui faisaient du design développent des applications. Nous avons constaté, chez Microsoft, que l'HTML5 ne servait pas seulement à faire du web, mais également des applications en bases de données. Le métier est plus vaste, avec des gens dans le design, le marketing. Si l'on n'a pas une partie de son cerveau qui sait comprendre le code, on passe à côté du sujet.
Silicon.fr : On imagine que ces changements ont un impact fort sur votre écosystème ?
Nous avons en effet énormément changé. La chose fondamentale, aujourd'hui, c'est l'interopérabilité. Nous sommes au board du W3C et nous participons aux spécifications HTML5. De ce point de vue, nous sommes à fond dans l'écosystème du libre. HTML5 est également un des trois langages de développement privilégiés pour Windows 8. Sur le back-end, Azure permet de faire tourner du PHP, du Java. En big data, nous avons implémenté MongoDB et la BI sur Hadoop. L'équipe DPE France a contribué à beaucoup de développements qui nous ont permis d'être à jour sur nos passerelles avec l'open source. La France est une terre fertile pour l'open source.
Silicon.fr : La mobilité est également un axe fort pour vous.
Notre stratégie est que les gens vont utiliser des terminaux divers et variés, dans un contexte ubiquitaire et mobile. Que vont-ils chercher dans ces terminaux ? Pourquoi ne pas se faire plaisir en travaillant ? Ils ont appris, notamment grâce à Apple, qu'on peut faire du beau qui marche bien. Dans le monde de l'entreprise, les gens veulent de jolis PC, de jolis téléphones, de jolies applications, des interfaces agréables. C'est la tendance.
Pour y répondre et offrir du cloud privé ou public, au choix, nous devons miser sur la compatibilité du code pour faire de l'hybride sans présupposer des choix d'enfermement. Notre pari, c'est que l'avenir de la donnée est sur ces datacenters, et plus seulement dans le monde du mainframe. Et de permettre de développer des applications B2B et B2C dans tous les langages traditionnels de l'écosystème de Microsoft, .NET, Silverlight, etc. C'est très bien, mais nous devons également proposer à ceux qui viennent d'autres environnements de profiter de tout ce que l'on propose, Kinect avec son SDK, Métro, Windows 8, sans quitter l'écosystème open source, avec le support des langages, et avec beaucoup de productivité via Visual Studio.
Silicon.fr : Dans ces conditions, qu'est-ce qui vous différencie aujourd'hui ?
Dans les datacenters, sur notre propre plateforme, nous faisons une place égale aux autres langages et frameworks, pour développer en code managé ou en natif, sous Windows 8, et avec la capacité de tourner sur nos devices et les autres. Ce qui nous différencie, c'est notre modèle économique. Nous avons clairement affiché que nous ne faisons rien des données. Tout n'est pas gratuit, mais nous ne monétisons pas ce que font nos clients et partenaires. En fait, nous essayons de tout démocratiser, pas forcément gratuitement mais en nous rendant accessibles au plus grand nombre et au meilleur coût possible. Cela a toujours été la philosophie de Microsoft. avec un changement : nous nous focalisions beaucoup sur nos partenaires et sur les développeurs, mais pas assez sur le consommateur. C'est là que l'on s'est fait doubler !
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