Scott McNealy, Sun: "Un jour, HP sera partenaire..."
Publié par Pierre Mangin le - mis à jour à
De passage à Paris, le fondateur de Sun, désormais président du conseil d'administration, a rappelé quelques orientations et sa vision du marché
Paris-. A quelques mètres de Bercy, en bordure de Seine, Scott McNealy toujours aussi décontracté et médiatique, s'est volontiers prêté au jeu des questions -réponses avec la presse.
Il a d'abord tenu à souligner que Sun est redevenu une société profitable avec une disponibilité de 5 milliards de 'cash' -ce qui s'est traduit par des rachats d'actions (à hauteur de 1,25 milliard, récemment) et par des opportunités d'acquisitions.
Il a exprimé toute sa fierté d'avoir été désigné, par le classement des « Fortune 500 », la société la plus « verte », en raison des gains de consommation d'énergie (le seuil des 4 watts/CPU, 2 watts par 'thread').
Qu'est-ce qui explique les bonnes performances actuelles de Sun ?
« C'est le développement de notre écosystème, nos bonnes relations avec les intégrateurs et les éditeurs de logiciels. Ensuite, c'est le domaine de la virtualisation, le « management ID » et le stockage de données. Nous permettons à nos partenaires de profiter de notre R&D et de notre technologie, tout particulièrement nos innovations sur Sparc, Solaris, Java. »
Et d'ajouter: « Grâce à nos processeurs '4-ways, nous proposons jusqu'à 24 tera-octets d'adressage disques. Nous tirons parti d'un univers d'intégration, qui fédère le hardware, le software« .
Toutefois, une pointe de déception ! « Le marché de l'administration américaine stagne. »
Parmi les récentes inflexions de la stratégie de Sun, les relations avec Microsoft: elles sont devenues très bonnes. « Sun et Microsoft coopèrent. Aujourd'hui vous pouvez virtuellement faire fonctionner des applications Windows sous Solaris et inversement, et cela sans surcoût, sans licence VMware. » (cf les annonces de Sun de ce 14 novembre).
Côté processeurs, Scott McNealy se réjouit du succès des nouveaux UltraSparc T2 :
« Nous avons le premier 'chip' Java au monde. Si l'on veut faire de la virtualisation sur un serveur, ce qui revient à optimiser les ressources systèmes, il faut de bons résultats dans les 'benchmarks'. C'est le cas.
Nous avons livré Java virtual. La virtualisation, ce sont aussi les « virtual tape libraries ». La virtualisation est rendue possible par le grand nombre de « threads » sur nos processeurs[traitement massivement parallèle], ce qui permet de virtualiser les entrées/sorties réseau, par exemple. La virtualisation ce n'est pas seulement supporter Windows et Solaris simultanément. »
« Nous continuerons de développer nos propres processeurs - comme « Rock » - attendu pour l'année prochaine - qui va permettre d'accélérer encore Java. En outre, avec nos partenaires, nous sommes en train de développer des 'stacks' Java mobiles pour des terminaux mobiles, des « stacks » pour iPhone, pour 'set-up boxes'. Nous avançons vite. Prenez la technologie 45 nanos pour les processeurs ou encore notre position sur le créneau du stockage ; elle est impressionnante. »
Et cela n'empêche pas d'avoir rétabli de bonnes relations avec Intel?
« Cela ne date pas d'aujourd'hui. Souvenez-vous, il y bien longtemps, nous avions essayé le marché des serveurs X86, mais nous n'avions eu aucune demande avec Solaris sur plates-formes X86. Puis, il y a 7 ans, avec des partenaires de la distribution, nous avons renoué avec les plates-formes Intel, mais en réalité nous avons eu des opportunités « business » avec AMD. Et c'est seulement récemment qu'Intel est revenu vers nous. Avec Intel, Solaris a pu alors être proposé en OEM. Intel a même pris l'initiative de construire une offre spécifique Solaris pour des 'telcos' ! De même, IBM a utilisé Solaris en OEM. Aujourd'hui nous sommes très amis avec tous. HP et Dell ont commis quelques ratés pendant ce temps-là. Prenez par exemple la sortie des premiers processeurs Quad-core d'Intel: notre chipset, notre « boîte » était deux fois plus petite que celles de nos concurrents, et notre système consomme deux fois moins d'énergie. »
Quel est le projet le plus enthousiasmant actuellement?
« C'est le développement du processeur Rock, notre futur UltraSparc [et Scott Mc Nealy, avec fierté, sort un 'chip' de sa poche: « Le voilà! »] ; c'est la génération '4 ways' , 64 threads, 2 ports Giga-Ethernet natifs. Et il sera très facile d'utiliser tout le jeu d'instructions » [NDLR: processeur à 16 coeurs attendu pour 2008, après « Victoria Falls, l'UltraSparc T2 -ex Niagara - étant disponible]
Il ajoute: « Avec la tendance à la virtualisation, les atouts de notre technologie de « containers » sont reconnus aujourd'hui. On va pouvoir agréger des processeurs Rock, en 'grid' avec des cartes qui feront l'interface ; notre système de refroidissement horizontal conduit à des diminution de 40% en consommation d'énergie. Et avec certaines configurations on pourra encore économiser 25% »
Et pas de regret pour le processeur Itanium d'Intel, soutenu notamment par HP? « Aucun. Et HP deviendra partenaire un jour« , lance-t-il avec un sourire malicieux.
L'open source a été également un tournant clé. Pourquoi? « Nous misons beaucoup sur l'open source. Nous avons ouvert notre code pour une valeur représentant 2 milliards de dollars. Aujourd'hui nous savons que nous pouvons monétiser, gagner de l'argent avec le hardware, le software et les services: il s'agit de « systèmes ». Et n'oublions pas: le système c'est le réseau! »
Des louanges envers Jonathan Schwartz, CEO
Scott Mc Nealy voyage beaucoup. Mais quelles missions remplit-il aujourd'hui ? Comment se partagent les rôles entre lui et Jonathan Schwartz, le nouveau dg? Réponse sans détour: « J'avais 26 ans lorsque j'ai créé Sun, Jonathan Schwartz en a 36. Il remplit très bien sa mission. Sun génère beaucoup de cash flow. C'est un job difficile, être CEO aujourd'hui » [Se couvrant les yeux des deux mains, Scott McNealy se lève et imite la démarche à tâtons d'un non-voyant.]. Il poursuit: « Mon job de président du conseil d'administration (chairman of the board) aujourd'hui, c'est du relationnel stratégique, par exemple avec la haute administration fédérale. Je rencontre beaucoup de grands comptes, dans tous les pays [suit une longue liste, de mémoire]. Comme à Paris, ce jour. |
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