Solutions Linux - Smile : open source, cloud et Big data
Solutions Linux 2013 ouvre ses portes les 28 et 29 mai à Paris La Défense. Dans le cadre du salon, Patrice Bertrand, président du CNLL* et directeur général de Smile, société spécialisée dans les architectures web et solutions open source, précise les enjeux liés à l'évolution du métier d'intégrateur.
Silicon.fr - Comment Smile aborde l'édition 2013 du salon Solutions Linux ?
Patrice Bertrand - Contrairement aux années précédentes, nous avons décidé de ne pas présenter l'ensemble de nos offres, mais de mettre en avant nos solutions d'hébergement et notre offre système, deux sources en croissance.
Historiquement, l'infrastructure est le domaine de prédilection de l'open source. Le segment a apporté très tôt des solutions d'une grande robustesse, dont beaucoup sont devenues des standards. Pour autant, il y a encore du terrain à conquérir : de nombreuses entreprises ont encore des projets de migration vers Linux.
Pour nous, l'édition 2013 du salon est également l'occasion d'introduire notre offre Cloud 100% open source basée sur OpenStack et soutenue par une expérience en infogérance open source de plus de 10 années. Parallèlement, Smile anime et intervient dans une quinzaine de conférences et plateaux TV, dont : le « Cloud avec OpenStack », « Supervision et industrialisation du système d'information » et « Panorama des solutions de supervision ».
De plus, nous participons activement aux « Assises du Logiciel Libre » nées de la précédente édition de Solutions Linux. Cette année, nous contribuons notamment à la table ronde consacrée aux politiques open source.
La circulaire Ayrault sur le logiciel libre a-t-elle une influence sur votre activité ?
La circulaire Ayrault, et le document de la DISIC (Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication) qu'elle accompagne, définit l'action souhaitée par le gouvernement en matière de logiciel libre, dans le périmètre des systèmes d'information de l'État. C'est en quelque sorte ce que l'on appelle un document de « politique open source », mais applicable à ce seul périmètre.
Smile fait un peu moins de 15% de son activité dans le secteur public. Nous y avons gagné quelques beaux marchés, mais n'avons pas vu de corrélation ou d'effet déclencheur lié à la circulaire de septembre 2012.
En revanche, nous avons ressenti un intérêt plus grand, que ce soit dans le public ou dans le privé, pour la démarche consistant à rédiger un document de politique open source pour son organisation.
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Comme nous le disons depuis longtemps : il ne s'agit pas nécessairement de vouloir davantage d'open source. Il s'agit avant tout - et principalement pour une DSI - de prendre en main l'insertion de logiciels open source dans son système d'information et de l'organiser, l'accompagner et le maîtriser.
Cloud et Big data modifient-ils en profondeur le métier d'intégrateur ?
Nous sommes habitués à épouser et accompagner les évolutions technologiques. Elles s'opèrent en continu en réalité, mais parfois de manière accélérée. Cloud, Big data et mobilité sont un peu les trois vagues du moment. Je les analyserai de manière distincte.
Le Cloud se divise, comme on le sait, en couches : infrastructure (IaaS), plateforme (PaaS) et logiciels en tant que services (SaaS). Les deux premières ne révolutionnent pas le métier d'intégrateur. Nous construisons des systèmes - dans notre cas à base de solutions et composants open source - qui s'appuieront sur ces couches basses d'une nature nouvelle. Nous avons bâti nous-mêmes une expertise de pointe sur les technologies du IaaS, en particulier OpenStack, dont Smile est l'un des tous premiers opérateurs en production.
Les technos PaaS, quant à elles, sont encore largement propriétaires et à ce titre présentent un risque sérieux quant à la pérennité des investissements. Il est probable que, dans les années qui viennent, une plateforme open source de type PaaS s'imposera, comme OpenStack s'est imposé en matière de IaaS, mais ce n'est pas encore le cas.
Le SaaS, quant à lui, n'est pas une chose si nouvelle que cela, mais monte en puissance petit à petit. Pour l'instant, il porte essentiellement sur des services suffisamment simples pour être déployés dans un mode DIY « do it yourself », c'est à dire avec un peu de formation mais quasiment pas d'intégration. On le voit dans la gestion de contenus ou encore dans le e-commerce : les solutions SaaS existent depuis plusieurs années, mais elles ne parviennent pas à remonter vers les besoins plus complexes, les sites haut de gamme.
Le SaaS va sans doute continuer à progresser, et l'on verra probablement deux niveaux de SaaS : l'un en DIY pour les besoins légers, l'autre avec intégrateurs pour les besoins plus riches. D'une certaine manière, le SaaS est une forme de bundle intégrant progiciel, intégration, exploitation et infogérance, c'est plus une affaire de modalités commerciales que de technologie.
Le Big data fait partie des axes stratégiques de Smile. L'open source est en force dans le Big data : presque toutes les bases NoSQL sont open source et des outils tels que Hadoop sont devenus des standards. Y compris dans des domaines d'application classiques, nous rencontrons des besoins qui sont aux limites des capacités des bases de données relationnelles. Ainsi, sur plusieurs projets nous avons déjà intégré des bases NoSQL en complément.
Les résultats sont au rendez-vous : une extensibilité quasi-linéaire de la plateforme, des performances très améliorées et la capacité d'entreprendre certains traitements de masse qui étaient exclus avec les outils traditionnels. S'il n'y a pas modification en profondeur du métier, il est essentiel pour les intégrateurs d'être en avance de phase sur le Big data, car nos clients ont des besoins en la matière, mais tous n'ont pas identifié que les outils existent.
Qu'en est il de la mobilité pour Smile ?
La mobilité, ou bien plus largement ce qu'on appelle parfois « l'après-PC ». Ici au contraire, nos clients en ont parfaitement identifié l'importance. Depuis plusieurs années, nous avons adopté chez Smile un positionnement particulier : nous avons construit une expertise spécifique du développement cross-platform, c'est à dire le développement d'une application unique, qui pourra tourner à l'identique sur tous les modèles de mobiles et de tablettes. Il se trouve que les meilleurs outils de développement cross-platform sont open source, et nous sommes en particulier très en pointe sur le développement utilisant PhoneGap, aussi appelé Apache Cordova.
Le développement cross-platform s'appuie sur la plateforme HTML5/Javascript, qui tend de plus en plus à s'unifier entre les différents constructeurs et OS. C'est un peu le retour des standards dans le monde du mobile qui les avait un peu oubliés. Or on sait que l'open source s'épanouit mieux dans un monde de standards, permettant de viser une certaine universalité. Je pense que l'avènement de HTML5/Javascript en tant que plateforme mobile standard, universelle, donnera un élan nouveau à l'open source mobile.
Comme en matière de Big data, il n'y a pas ici de grands bouleversements du métier à prévoir, mais il n'y aura pas de place pour les suiveurs.
*CNLL = Conseil national du logiciel libre.
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