Les processeurs 36 cours de Tilera à l'assaut des serveurs x86
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Le marché des serveurs est toujours aussi bouillonnant. Après ARM et MIPS, c'est au tour de Tilera de présenter un processeur pour serveur qui mise en priorité sur le rapport performances par watt.
Lorsque l'on évoque le processeur pour serveur, on pense inévitablement aux acteurs historiques avec le Power d'IBM ou le Sparc d'Oracle/Sun, également et de plus en plus à l'architecture x86 d'Intel ou AMD. C'est oublier qu'en marge des écosystèmes du mainframe ou du x86, qui puisent leur force à la fois dans leur présence historique et dans la profusion de leurs portefeuilles applicatifs, il existe des solutions alternatives qui certes brillent moins par leurs prestations de calcul, mais qui en revanche séduisent par certains aspects novateurs.
Longtemps, la priorité a été donnée à la puissance. Peu importe la place qu'il occupe et sa consommation énergétique, le processeur devait être capable de tourner à tout moment au maximum de ses capacités afin de répondre aux sollicitations des utilisateurs. Pourtant, en marge de ces processeurs qui font la gloire du datacenter, il existe des niches dont les attentes en matière de ressources et de disponibilité, d'une part, et de fonctionnalités d'autre part peuvent être moindres ou différentes.
Un processeur pour le web
Profitant des annonces d'ARM, que la nouvelle version 64 bits du design destine aux serveurs, Tilera a présenté le Tile-GX36, un processeur 36 cours pour les serveurs traitant de très gros volumes de transactions, en particulier pour Internet. Affichant une vitesse d'horloge de 1,2 GHz et une enveloppe énergétique de 24 watts, le processeur exécute l'OS Linux et des applicatifs destinés au traitement de la donnée web.
Mais sa principale force porte sur sa capacité à exécuter plus d'opérations par cycle d'horloge pour une consommation moindre (également appelée performance par watt) que certains processeurs Intel Xeon.
En marge de l'architecture x86
Si l'objectif de ce type de produit, comme les futurs processeurs pour serveurs en architecture ARM, n'est pas de prendre la place des processeurs en architecture x86 dans le datacenter, une place en marge des applications traditionnelles et en périphérie du datacenter s'ouvre à eux. C'est en particulier le cas de nouvelles approches technologiques de répartition des charges et des échanges pour le cloud computing, ou encore pour le stockage de la donnée.
Les architectures déportées basées sur des technologies ARM, MIPS ou Tilera tirent profit de leurs capacités à paralléliser les transactions avec une consommation plus réduite dans des environnements qui affichent des priorités réduites. Si un serveur web tombe, le datacenter n'est pas touché.
La priorité du TCO
En fait, il faut bien comprendre qu'en marge des grands domaines applicatifs plus ou moins propriétaires et qui s'exécutent sur une plateforme x86, il existe dans les entreprises une multitude de développements spécifiques qui tournent sur des applications Linux, des serveurs Apache ou des bases de données MySQL. Ces derniers n'ont pas besoin de l'architecture standard du datacenter.
Dans ces conditions, la priorité pour l'entreprise ne porte plus seulement sur la performance des équipements choisis, mais sur le TCO (Total Cost of Ownership), le coût total de possession, qui inclut l'équipement, le développement et l'enveloppe énergétique. C'est dans ces domaines que les architectures de processeurs alternatives trouveront leur place.
Il n'y en aura pas pour tout le monde !
En revanche, il n'est pas certain que tout le monde y fera son trou. D'abord parce qu'un Intel ne baissera pas sa garde, en attestent les annonces autour du portage de l'architecture Atom sur les serveurs. Ensuite parce que certains fondeurs ou designers, comme ARM, bénéficient d'une renommée largement acquise sur d'autres marchés, comme le smartphone. Enfin parce qu'un processeur alternatif, avant de séduire les industriels et la masse des utilisateurs, doit répondre à d'importantes phases de tests et de validations, et qu'il faut avoir les reins solides pour supporter ces longues périodes incertaines.
Tilera avec le Tile-GX36 entend profiter de l'effet médiatique que lui apporte ARM, et a souhaité tirer le premier avec son architecture aujourd'hui disponible. Mais quand verrons-nous les premiers serveurs Tilera ? Il faudra tout d'abord que les développeurs apprennent à maîtriser son jeu d'instructions, et là il faudra se faire réellement séduisant.
Crédit photo : Tilera