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Huawei fera-t-il sans Windows pour ses PC IA ?

Largement interdit d'utiliser des technologies américaines, Huawei a développé un OS pour remplacer Android. Il affirme désormais vouloir l'intégrer - services d'IA compris - sur ses laptops à la place de Windows.

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Huawei fera-t-il sans Windows pour ses PC IA ?

Exit Windows, place à HarmonyOS ? Huawei ne cache pas cette perspective depuis que Washington lui a très largement interdit d'utiliser des technologies américaines. C'était en 2019. Parmi ces technologies, il y a Android - plus précisément, tout ce qui n'est pas rattaché au projet open source AOSP, dont les services Google. HarmonyOS s'y est substitué à partir de 2020. Le photophone P30, qui était alors un des porte-drapeaux de Huawei, a fait partie des appareils ayant connu les deux systèmes d'exploitation.

HarmonyOS NEXT : d'abord remplacer Android...

HarmonyOS est né sur le socle AOSP, avec des composantes de la surcouche EMUI. Huawei a entrepris de s'en distancer en s'appuyant sur le projet OpenHarmony. Il en résulte HarmonyOS NEXT, qui abandonne Linux pour Hongmeng, un noyau maison. En parallèle, il délaisse la compatibilité native avec les applications Android (fin de l'approche multikernel).

Huawei lui donne une forte coloration IA, sous la marque Harmony Intelligence. En complément d'améliorations apportées à l'assistant Celia (arrivé l'an passé avec HarmonyOS 4.0), il intègre un bouquet de fonctionnalités génératives. Elles reposent sur un framework ad hoc... et sur PanGu 5.0. La première version stable de cette famille de LLM fut publiée à l'été 2023. Son point culminant : un modèle à plus de 1 000 milliards de paramètres, entraîné sur des accélérateurs Huawei Ascend 910. Il adopte une architecture apparentée au MoE (association de modèles experts), mais censée permettre un apprentissage plus rapide.

Parmi ses utilisateurs figure le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF est une organisation intergouvernementale basée au Royaume-Uni). La génération PanGu 5.0 tend, plus sensiblement que la précédente, vers un usage local. Elle comprend effectivement une catégorie « Embedded » destinée à réunir des modèles de l'ordre d'un milliard de paramètres. Celle-ci complète les catégories Professional (10 milliards), Ultra (100 milliards) et Super (1 000 milliards).

... puis remplacer Windows, surtout en Chine ?

Huawei laisse entendre avec une certaine assurance que ses ordinateurs portables actuels seront probablement les derniers livrés avec Windows. Il a déjà franchi le pas sur le marché chinois, à l'appui de distributions Linux locales comme UnityOS et Deepin, tout en capitalisant sur ses puces Kirin. Le mouvement pourrait s'accélérer, d'autant plus que depuis mai 2024, Intel et Qualcomm n'ont plus le droit de lui vendre de composants (les États-Unis ont mis un terme à leurs licences respectives). Aux dernières nouvelles, l'exception accordée à Microsoft pour la fourniture de licences Windows tient toujours.

Huawei a certes teasé une version HarmonyOS de son dernier MateBook X Pro (Intel Core Ultra), dans la lignée d'un portage expérimental fonctionnel du projet OpenHarmony sur x86. Mais le système, qui vient tout juste de passer en phase commerciale (22 octobre), cible en priorité les smartphones et les tablettes. La liste des premiers appareils à avoir été éligibles à la version bêta publique (Mate 60, Mate 60 Pro, Mate X5 et MatePad Pro 13.2) en témoigne. Une version « légère » est par ailleurs implémentée sur les montres connectées Huawei Watch GT 5, lancées en septembre.

Le groupe chinois avait donné un premier aperçu d'HarmonyOS NEXT à l'été 2023, dans une incarnation fonctionnant sur les SoC Kirin 9000. Après une phase d'expérimentation interne, la version bêta publique s'était ouverte début 2024, avec un périmètre élargi progressivement. Le principal langage de développement d'applications est un sur-ensemble de TypeScript. L'IDE officiel est fondé sur IntelliJ IDEA.

Le puzzle de la souveraineté technologique

Huawei a ses puces, son OS « transversal » et ses LLM. Certains de ses compatriotes se sont approchés du triptyque, à l'instar de Xiaomi. Celui-ci, non soumis aux sanctions américaines, ne s'est pas détaché d'Android. Il a néanmoins développé des surcouches : d'abord MIUI, puis HyperOS, qui prend le relais depuis début 2024 avec un sous-système d'IA qui inclut des modèles de fondation maison.

Xiaomi a aussi développé son propre SoC (Surge S1), dont l'existence aura cependant été courte. Présenté en 2017, le composant fut intégré dans... un seul appareil : le smartphone Mi 5c. Aucun processeur ne lui a succédé depuis, mais Xiaomi a sorti des coprocesseurs, dont le Surge C1, dédié au traitement d'images.

Son concurrent Vivo a suivi la même voie. Face à l'éventualité de se retrouver sur la liste noire de Washington, Oppo avait commencé à développer des CPU, mais il a abandonné le projet en 2022. Bien qu'HyperOS ne touche actuellement pas les PC, Xiaomi vante une forme de transversalité, portée sur les véhicules et le domicile. Il revendique, dans le même esprit, une compatibilité avec « plus de 200 plateformes de processeurs ». Avec HarmonyOS NEXT et son kernel spécifique, Huawei n'en dit pas autant. Il n'a pas prévu, par exemple, de portage pour les Snapdragon. Quant à la mise à jour rétroactive pour les appareils dotés de versions récentes d'EMUI (13 et 14), elle ne s'appliquera pas hors de la Chine.

Sur place, HarmonyOS capterait environ 20 % du marché des smartphones. Il y bénéficie d'un soutien politique (exemple : plan d'action pour le développement d'applications natives dans la province de Shenzhen), reflet de la volonté de l'État chinois d'en finir avec les « technologies occidentales » pour 2027, a minima au sein des institutions publiques. Huawei revendique plus de 10 000 applications natives pour HarmonyOS NEXT, sans donner davantage de détails, sinon que ce nombre comprend les « méta-services », équivalents des App Clips d'iOS : fonctionnalités extraites d'applications et utilisables sans télécharger celles-ci (code récupéré en arrière-plan).

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