AMD : « Nos clients veulent une alternative au x86 »
Silicon.fr - Vous avez déclaré : « Les besoins des datacenters changent. L'approche « One-size-fits-all » limite l'efficacité et les résultats dans les solutions à coûts élevés. » Dans une volonté de diversification, les Opteron X1150 et X2150 vont ainsi viser des serveurs pour des applications de pages web statiques et de diffusion de contenus. En quoi les puces Seattle seront différentes de ces nouveaux Opteron x86 pour ce genre de tâches ?
Suresh Gopalakrishnan - La problématique est celle de la réduction des dépenses et comment procéder pour optimiser certains serveurs pour certaines tâches de travail. C'est ce que signifie la déclaration relative à « One size fits all ». Une première réponse vient avec les processeurs « Warsaw » qui permettent d'obtenir un rapport performance par watt par dollar excellent. Les plus gros coeurs pour Opteron présentent un TDP d'environ 115 watts.
A l'écoute de ses clients et de la demande pour une réduction de la consommation d'énergie des coeurs, AMD a ainsi récemment proposé une réduction de 10 à 15% de la consommation d'énergie avec les Opteron « Warsaw ». D'autres tâches de travail demandent à la fois bien moins de performances et présentent des contraintes importantes en termes d'entrées/sorties. C'est là que le processeur ARM entre en piste. Selon les fonctionnalités qui sont activées, « Seattle » consomme de 20 à 25 watts.
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Il n'intègre certes pas notre coeur le plus performant, mais nous avons identifié de nombreuses applications. Il offre aux clients le low power et un degré élevé d'intégration, notamment pour ce qui est de la prise en compte d'entrées/sorties. Cela permet de traiter d'énormes quantités de données (big data) avec des applications comme la distribution de contenus.
L'intégration est l'un des éléments clés. Un serveur ultra compact (c'est-à-dire de la taille d'un Galaxy S4,) a ainsi été développé dans le cadre de l'Open Compute et 24 d'entre eux peuvent ainsi être associés dans un châssis.
Côté x86, AMD a également Kyoto (x86) et revendique une très faible consommation. Mais il s'agit de deux jeux d'instructions différents qui offrent de ce fait des possibilités différentes. Et nos clients, les OEMs et autres partenaires poussent pour une solution alternative au x86. Ils sentent qu'il y a des promesses de ce côté-là. Le portage du logiciel n'est pas le problème selon ces partenaires. Ils ont simplement besoin qu'une société aussi crédible qu'AMD fasse le pas. Ces premiers pas (avec notamment les premiers siliciums) d'AMD vers ARM ont suscité un engouement qui ne s'est pas démenti au fil du temps.
La Global Business Unit d'AMD vient de conquérir un marché pour le prochain cloud public de Verizon avec des serveurs SeaMicro (équipés d'APU x86). Des serveurs SeaMicro équipés de puces Seattle sont-ils également prévus ?
Oui, la production des premiers Opteron « Seattle » est prévue pour le quatrième trimestre 2014 et des serveurs qui en seront équipés sont également prévus pour ce même trimestre. Il y aura d'ailleurs à ce moment d'autres plates-formes que celles de SeaMicro.
Berlin, votre future plate-forme serveur x86, bénéficiera d'un support HSA (Heterogenous System Architecture). Mais, Seattle ne sera pas compatible avec ces spécifications de la fondation HSA. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Tous les APU x86 recevront un support de HSA. AMD concentre ses efforts sur cette tâche actuellement et ne peut donc pas encore travailler au support de HSA pour ses variantes ARM. Rien ne l'empêche techniquement ; il s'agit juste d'une question de planning pour les équipes.
Le X2150 intègre un GPU de la famille Radeon 800. Le X1150 intègre simplement un processeur, tout comme le Seattle. Cette dernière ne peut donc pas se décharger de tâches. Pourquoi ce choix ? Y-aura-t-il de futures puces Seattle avec un GPU ?
Pour l'heure, nous nous concentrons sur le x86 pour le GPU compute. Cela nécessite que l'écosystème d'outils et de librairies puisse le prendre en charge. Concernant Seattle, la feuille de route est déjà définie et il n'y aura pas de Seattle avec GPU. Nous ne fermons pas la porte à l'intégration d'un GPU pour une future plate-forme ARM.
La première puce Seattle sera gravée par GlobalFoundries en 28 nm, un process bulk. Que prévoyez-vous ensuite ? Pourriez-vous utiliser un process SOI pour de futures puces Opteron (x86 ou ARM) ?
Nous avons une équipe en charge du process très forte qui examine tout cet aspect. Parmi nos partenaires, nous comptons TSMC et GlobalFoundries. Notre équipe évalue les process et effectue des recommandations.
AMD n'a pas indiqué si des variantes grand public de Seattle étaient prévues. Est-ce envisageable ou même déjà envisagé ?
Nous n'avons pas d'informations à ce sujet aujourd'hui.
Prévoyez-vous d'exploiter la technologie big.LITTLE d'ARM à l'avenir ?
Non, nous n'avons pas de plans quant à une utilisation de big.LITTLE.
Pourriez-vous nous en dire plus sur les futures puces Seattle à 16 coeurs ?
Nous n'avons pas d'informations sur le sujet aujourd'hui.
Vous avez une forte implication avec Linaro. Mais pourriez-vous également nous en dire plus sur le degré d'implication d'AMD concernant SBSA (ARM Server Base System Architecture) ?
AMD a travaillé très étroitement avec ARM sur SBSA. AMD sait de sa propre expérience dans le développement de serveurs AMD64 qu'un écosystème cohérent est essentiel pour le succès de n'importe quel serveur. La SBSA est une première étape nécessaire dans cette direction. Nous travaillons sur l'évolution de SBSA et d'autres spécifications pour définir les éléments de base d'un écosystème ARM serveur 64 bits à succès. Bien sûr, au-dessus de ces normes, chaque entreprise de serveur se différencie à sa manière pour ajouter une plus-value à ses produits.
Vous avez dit: « AMD fait le pont entre les écosystèmes x86 et ARM pour le datacenter ». Vous voulez que les clients utilisent ARM et X86 dans le même datacenter ?
Nous travaillons pour permettre des environnements en rack mixtes qui comprennent à la fois des serveurs basés sur ARM et sur X86. Le travail est effectué par AMD et ses partenaires tels que Linaro entre autres pour faire en sorte que le firmware comme UEFI et le logiciel de gestion soient les mêmes pour les serveurs ARM et x86, afin de créer un environnement transparent pour les opérateurs de datacenters et les administrateurs système.
Vous estimez que ARM aura 25% du marché des serveurs en 2019. Est-ce que 25% est suffisant pour imposer les puces Seattle ?
Ce chiffre de croissance de 25% a été mis en avant par Andrew Feldman (vice président , directeur général d'AMD, NDLR). Mais nous prévoyons que la croissance dans le marché des serveurs sera facilitée par des tendances telles que le big data et le cloud computing, qui fournissent des fonctionnalités clés aux dispositifs des consommateurs tels que les smartphones et les tablettes. Les processeurs ARM offriront des bénéfices énormes en termes de dépenses opérationnelles pour certaines charges de travail qui stimuleront la demande pour les processeurs AMD basés sur ARM.
Pensez-vous que l'adoption des puces ARM dans les serveurs se fera à court, moyen ou long terme ?
Il est trop tôt pour donner un avis définitif sur l'adoption future. Mais, ce que nous voyons à ce jour est un grand intérêt de la part de tous nos clients.
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