La mutuelle Smatis migre toute son informatique sur le Cloud d'AWS
Le Cloud, une solution d'appoint pour les tests, le développement ou le débordement ? Plus pour Smatis, une mutuelle complémentaire qui gère environ 130 000 bénéficiaires. En septembre prochain, cette société aura basculé l'ensemble de son système d'information sur le Cloud d'Amazon, AWS. L'histoire de cette mutation rapide remonte à environ deux ans, Smatis étant alors à la recherche d'une solution pour mettre en place un plan de continuité d'activités (PCA), afin de répondre à des réglementations de plus en plus pressantes en la matière, notamment Solvancy II.
« Nous avons alors évalué et chiffré plusieurs solutions, sans écarter le recours au Cloud à priori, se rappelle Daniel Sery, responsable SI pôle technique de la mutuelle. Nous avions trois critères majeurs : la sécurité, la haute disponibilité de nos applications et infrastructures et le choix d'une solution qui ne nous freine pas dans notre évolution en termes de montée en charge. » Car Smatis possède également une activité de gestion pour des tiers assureurs, ces derniers exploitant alors les systèmes d'information de la mutuelle d'Angoulême.
Après un proof-of-concept, AWS s'impose. « C'était la seule solution à présenter un tel degré de scalabilité (capacité à s'adapter à la charge, NDLR), couplé à un haut niveau d'automatisation et d'industrialisation », résume le responsable informatique. Sans oublier un environnement offrant une haute disponibilité à tous les niveaux (stockage, bases de données, serveurs d'applications). Qui plus est, pour Smatis, l'effort d'adaptation à l'architecture d'AWS est faible, la mutuelle disposant déjà d'un environnement full Web.
Moins cher qu'en interne ou chez un hébergeur
Le choix du Cloud a amené Smatis à prolonger sa réflexion au-delà du seul PCA. Pour, in fine, migrer l'ensemble de son système d'information sur AWS. A ce jour, les applications Web, la relation clients, la gestion documentaire, les tarificateurs pour le service actuariel, la gestion de fichiers ainsi que les statistiques commerciales sont déjà sur AWS. « Les applications métier côté prestations et cotisations suivront à la rentrée. Nous n'aurons alors plus de salle serveurs en interne : tout notre SI reposera sur les infrastructures d'Amazon, réparties sur plusieurs zones de disponibilité. Le tout pour un coût inférieur à ma salle serveur actuelle - en comptant la maintenance et la location de matériels - ou à un hébergeur reprenant nos machines sans PCA », précise Daniel Sery.
Reste que le choix du Cloud public à 100 % - même dans un mode Cloud privé virtuel (VPC) - reste radical et très audacieux. « Il a fallu convaincre en interne », reconnaît Daniel Sery, qui explique avoir mené plusieurs analyses notamment juridique ou de gestion des risques. « Nous avons également réalisé des audits sur les accès à Amazon et nous nous sommes assurés que toutes nos données seraient bien localisées dans des datacenters européens ».
De la fibre à coût maîtrisé
Autre facteur d'attention pour le responsable informatique : les performances. Chacun des bâtiments de la mutuelle est fibré, avec des liens à 50 ou 100 Mbit/s, liens gérés par des opérateurs différents passant par des chemins de câble distincts. « Avec le Cloud, cela devient le point critique », assure Daniel Sery, qui explique que les temps de latence sur les infrastructures irlandaises d'AWS sont de l'ordre de 20 à 30 ms. Le tout pour un coût maîtrisé. « Il y a quatre ans, les prix de la fibre étaient quatre fois supérieurs », rappelle le responsable de la production IT.
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Si Smatis a dû, à la marge, adapter ses applications pour tirer parti de certaines caractéristiques d'AWS (comme le stockage durable S3 ou le cache applicatif), le passage au Cloud public se traduit surtout par une modification radicale des métiers de la production. « Nos deux administrateurs système ne font plus de maintenance manuelle sur des équipements, mais ont apprivoisé le maniement d'un langage de programmation pour automatiser la mise en place d'instances. » Sans oublier le rapprochement entre études et production, mouvement connu sous le vocable de devops. « Cette convergence s'est déroulée naturellement au sein de notre organisation », dit Daniel Sery. Au bénéfice des métiers, assure-t-il. Et de citer un exemple : « Récemment, notre société a signé un partenariat dans l'assurance automobile. La contrainte était de proposer très rapidement un environnement informatique complet capable de gérer ce type d'offres. Habituellement, il nous aurait fallu trois mois. Là, nous étions prêts en moins d'une semaine. Même notre partenaire en est resté bouche bée ».
Crédit photo : © rvlsoft / Shutterstock
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