Etude cloud computing : les PME sont les plus réceptives
Qu'est-ce qui différencie les entreprises qui ont déjà mis en place du cloud computing et celles qui l'envisagent ? Réponse : un bon nombre de points, selon qu'il s'agit de petites ou de grandes entreprises, en fait.
L'enquête qu'a menée le service Études de NetMediaEurope (éditeur de Silicon.fr) au 1er trimestre de 2012, auprès de 200 responsables informatiques d'entreprises de 10 à 5000 salariés, concerne à la fois le secteur privé - les services et l'industrie - et le secteur public. Trois catégories d'entreprises ont été sondées : celles de 10 à 99, de 100 à 999 et de plus de 1000 salariés
Il ressort notamment que ce sont les petites entreprises (de 10 à 99 salariés) qui enregistrent le taux d'adoption du cloud computing le plus élevé : 36 % déclarent déjà y recourir. Les organisations de 100 à 999 salariés ne sont que 26 % et chez les grands comptes de 1000 salariés et plus, le taux est de 25 %.
« Dans les plus petites entreprises, l'aspect financier, mais aussi le modèle SaaS (Software as a service) expliquent en grande partie cette 'primo-adoption' du cloud. C'est une introduction en douceur, plus facile à mettre en ouvre que l'IaaS (Infrastructure) ou le PaaS (Plateforme), » explique Thierry Hamelin, responsable de l'étude. Les applications sont, par ordre d'importance, le collaboratif, la messagerie (Microsoft, Google.) et le CRM (modèle initié par SalesForce).
Dans les perspectives à deux ans, la tendance s'inverse : 30 % des entreprises de plus de 100 salariés ont déjà planifié ou mis à l'étude un projet de cloud computing, alors que le taux n'est que de 22 % chez les plus petites entreprises. Au total, un peu plus de la moitié de l'ensemble des entreprises aura opté pour le cloud d'ici à deux ans.
« On constate que la pénétration du cloud computing s'affirme, mais qu'il reste à convaincre presque une entreprise sur deux », souligne Thierry Hamelin. Du reste, deux tiers d'entre elles n'excluent pas d'y recourir un jour.
Quels sont les freins ?
Qu'est-ce qui explique la frilosité de ces entreprises peu enclines à venir au cloud ? Pour 47 % des sociétés qui n'ont pas franchi le pas, la principale objection c'est la volonté de garder la maîtrise de l'IT. Autre raison, pour 44 % d'entre elles, la crainte d'un manque de fiabilité des prestataires. La troisième objection, invoquée par 39 % de ces entreprises non engagées dans le cloud, touche à la sécurité des données et des accès.
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« Les questions sur la fiabilité des prestataires visent à la fois les éditeurs proposant du SaaS et les acteurs de l'IaaS (hébergeurs, opérateurs télécoms, sociétés de services et intégrateurs) ». Bref, tous vont devoir rassurer les entreprises sur la qualité de leurs prestations.
« D'où l'intérêt des projets du type d'Andromède en France, pour le secteur public, l'un porté par Orange et Thalès et l'autre par SFR et Bull. Un intérêt d'autant plus marqué que le secteur public est en retard avec un taux d'adoption du cloud de 17 %, inférieur de moitié à celui de l'industrie ou des services. »
Quels sont les leviers du cloud ?
Qu'est-ce qui peut favoriser l'éclosion du cloud ? Pour 64 % entreprises qui ont déjà mis en place une solution cloud, le principal argument c'est de pouvoir donner accès aux applications en situation de nomadisme ; donc le fameux concept 'ATAWAD' (pour Any Time, AnyWhere, Any Device).
Le deuxième levier, pour 44 % des entreprises déjà utilisatrices, c'est la réduction des coûts de possession. Et la troisième justification, pour 38 % des entreprises, c'est la facturation à l'usage.
Quelles positions entre 'cloud privé' et 'cloud public' ?
« Les réponses sont nettement différenciées, selon qu'il s'agit de grandes entreprises ou de petites et moyennes », constate Thierry Hamelin. Pour les entreprises de moins de 100 salariés recourant à l'IaaS (Infrastructure as a service), le cloud public a la préférence à hauteur de 73 %. C'est là que l'on retrouve Amazon, mais aussi les spécialistes de l'hébergement (OVH, Ikoula.) et les opérateurs télécoms (OBS, SFR Business Team, Colt.).
Dans les entreprises de 100 à 999 salariés, le cloud public n'intéresse plus que 50 % d'entre elles. Et dans les grands comptes, le taux chute à 17 %. « Il faut comprendre que plus la taille des entreprises augmente, plus les contraintes de sécurité priment sur les avantages tarifaires liés au recours à des infrastructures de cloud public », ajoute Thierry Hamelin.
Quelles sont les perspectives à plus long terme ? Dans une perspective à 24 mois, le cloud privé va devenir le standard dans les entreprises de plus de 100 salariés utilisant l'IaaS : chez 67 % de celles de 100 à 999 salariés et chez 73 % des grands comptes. À l'inverse, seulement 33 % de très petites entreprises vont opter pour un cloud privé.
« Dans les années à venir, il faut s'attendre à un fort développement de l'option 'cloud privé externalisé'», observe Thierry Hamelin. Car peu d'entreprises auront les moyens de financer et maintenir leurs propres infrastructures. »
« Les PME vont y venir, car l'offre s'étoffe. La compétition sur les prix va jouer en leur faveur et donc ce sera de moins en moins réservé aux grands comptes. »
Option IaaS (infrastructure) versus PaaS (plateforme)
Quelle place est accordée aux offres IaaS (Infrastructure as a service) et PaaS (Plateforme) ? « Le SaaS est et restera le point d'entrée du cloud computing, du fait de la standardisation de l'offre et donc de sa facilité de mise en place. Mais, en deuxième position, les offres IaaS vont fortement se développer. C'est une option notamment attractive pour les petites structures. »
Dans les offres IaaS, c'est le stockage qui intéresse 61 % des entreprises. Et dans les projets à deux ans, c'est l'hébergement de ressources informatiques qui prend le relais avec 69 % des réponses. La puissance de calcul n'est invoquée que dans 35 % à 38 % des entreprises, selon leur taille.
Enfin l'offre PaaS est retenue comme la solution adéquate pour le développement et le test de nouvelles applications - ce qui signifie qu'elle intéresse d'abord les plus grandes entreprises. « C'est là que l'on va trouver Microsoft avec Windows Azure mais aussi Amazon, Google et SalesForce. »
« Faute de développeurs en interne, il est clair que bon nombre de petites entreprises continueront à s'appuyer sur leurs prestataires IT », conclut Thierry Hamelin.
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