Le FBI veut imposer une backdoor légale à Apple et Google
Lors d'une intervention remarquée à la Brookings Institution, jeudi 16 octobre, le directeur du FBI (Federal Bureau of Investigation), James B. Comey (en photo), a réaffirmé son opposition au chiffrement par défaut de smartphones. Une initiative d'industriels destinée à conserver la confiance d'utilisateurs échaudés par les écoutes massives menées par la NSA (National Security Agency). Ces dernières ont été révélées, à partir de juin 2013, par l'ancien consultant américain, Edward Snowden.
Le FBI ne décolère pas contre Apple et Google
Devant l'auditoire du laboratoire d'idées basé à Washington D.C., le patron du FBI a martelé que les relations entre technologies, confidentialité des données et sécurité publique ne doivent nuire ni à la sûreté nationale, ni à la lutte contre le crime et le terrorisme. « Un jour, des gens innocents se retrouveront pénalisés parce que nous, les forces de l'ordre, ne pourrons pas accéder à certains types de données ou d'informations, même avec une autorisation légale », a-t-il alerté.
En référence à la commercialisation de terminaux cryptés sous iOS (Apple) ou Android (Google), James Comey a déclaré : « peut-être est-il temps de dire que le retour de balancier post-Snowden est allé trop loin dans une direction, celle de la peur et de la défiance. Il est temps d'avoir un débat ouvert et honnête sur les libertés et la sécurité ». Avant d'ajouter : « Depuis les fuites de Snowden, le point de vue dominant est que le gouvernement surveille toutes nos communications, et, bien sûr, ce n'est pas vrai ».
Le bras de fer est engagé
Pour le directeur du Bureau fédéral d'investigation, les services de renseignement américains doivent obtenir un accès légal aux données, « par la porte de devant », plutôt que par une porte dérobée (backdoor). Il a aussi fustigé les choix purement « marketing » de Google et Apple. Le mois dernier, la firme de Cupertino a annoncé renforcer le chiffrement des contenus de ses terminaux sous iOS 8. Dans la foulée, Google a confirmé activer par défaut le chiffrement sous Android L.
Furieux, le FBI a appelé les groupes américains du numérique à revoir leur copie et à coopérer. Ces derniers, déjà suspectés de franche collusion avec la NSA, ne l'entendent pas de cette oreille. Redoutant l'impact économique de la surveillance à grande échelle sur l'industrie IT américaine, ils exhortent l'administration Obama à mettre en oeuvre la réforme du renseignement annoncée il y a plusieurs mois. De son côté, James Comey a laissé entendre jeudi que, faute de coopération du secteur, le FBI pourrait jouer de son influence. Et ce pour obtenir l'adoption d'une nouvelle législation imposant aux entreprises de lui donner les moyens de contourner, en toute légalité, le chiffrement. Le Bureau a omis d'ajouter que toute solution utilisée par les autorités américaines pour briser le cryptage pourrait être utilisée par des organisations tierces, hackers et gouvernements étrangers.
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