Alcatel part à l'attaque de la TV sur mobile
Depuis plusieurs mois, les choses se précisent autour de la télévision sur mobile. Les expériences en grandeur nature des opérateurs et des équipementiers se multiplient, tandis que des colloques et des conférences sur le sujet ont lieu quasiment tous les jours (voir nos articles).
Les opérateurs et les éditeurs en sont convaincus, et les tests le prouvent. La TV sur mobile en direct (en mode hertzien) est une attente forte des consommateurs qui sont prêts à y mettre le prix: entre 4 et 10 euros par mois pour un bouquet de qualité. Au niveau technologique, jusqu'à il y a peu, tous le monde s'accordait à plébisciter la norme DVB-H, dérivée de la TNT, pour proposer la TV sur mobile. Largement poussée par Nokia, prête technologiquement, cette norme est pour les analystes celle qui sera la plus utilisée à terme. D'ailleurs, tous les tests actuels utilisent cette technologie. Mais de plus en plus d'industriels soulignent les limites de cette technologie au niveau des fréquences (le DVB-H exploite le réseau hertzien analogique UHF qui aujourd'hui est saturé en France) et de la couverture qui poserait des problèmes à l'intérieur des bâtiments. Une des solutions consiste à se tourner vers une autre technologie. Précisément, l'idée est de mixer DVB-H et satellite. « Cette technologie mixte d'accès a fait ses preuves », souligne Nick Stubbs, directeur général d'Astra France. « Elle permet une meilleure qualité et une meilleure couverture, notamment en 'indoor' ». Cette technologie mixte est le credo d'Alcatel qui lance son offensive sur ce marché naissant mais prometteur. L'équipementier, leader dans la fourniture de plates-formes triple-play pour les opérateurs Internet compte renouveler ce leadership dans la TV sur mobile. « Nous nous orientons clairement vers une proposition mixte, satellite/terrestre qui permet une couverture globale et un nombre plus important de chaînes. Par ailleurs, le satellite permet une exploitation même en cas de catastrophe naturelle par exemple, ce qui n'est pas le cas des réseaux terrestres », explique Olivier Coste, directeur de la stratégie et du développement pour Alcatel Space. Alcatel a donc lancé le développement d'un système basé sur une architecture hybride couvrant l'ensemble des grands pays d'Europe (voir schéma). Le groupe souligne que ce type de solution est déjà opérationnel aux Etats-Unis, en Corée et au Japon. « Le positionnement unique d'Alcatel à la fois dans les activités mobiles et satellites au niveau mondial lui permettra d'offrir à ses clients une solution de TV mobile complète et efficace basée sur une architecture hybride combinant la couverture terrestre et satellite », a déclaré Etienne Fouques, Président des activités mobiles d'Alcatel Pour autant, cette solution mixte n'est-elle pas plus onéreuse que le DVB-H seul dont le module intégré au mobile est peu coûteux ? La puce compatible génère un coût marginal, assure Alcatel qui souligne les avantages de cette solution en termes de couverture, de qualité et surtout de gestion des fréquences. Pour soutenir son architecture, Alcatel a décidé de créer Alcatel Mobile Broadcast, une start-up interne dédiée à la TV mobile. Olivier Coste sera le Président de cette nouvelle activité. Cette nouvelle start-up sera en charge du développement des technologies appropriées, bâtira l'écosystème nécessaire et promouvra la solution auprès des opérateurs mobiles et des diffuseurs, explique un communiqué de l'équipementier. TV sur mobile: comment ça marche ?
La télévision mobile n'existe pour l'heure que sous forme de 'streaming' (diffusion en continu) ou de vidéo à la demande sur les terminaux de nouvelle génération 3G. Mais ce système est limité en termes de couverture globale et de nombre d'utilisateurs pouvant recevoir de manière simultanée les chaînes. Tout l'enjeu est de transformer l'appareil en récepteur de télévision en direct, utilisant les ondes hertziennes à l'image de la TNT. La TV sur mobile ne dépend pas de la capacité des réseaux. Inutile d'avoir accès au GPRS ou à l'UMTS pour supporter ce nouveau service. Ainsi, quel que soit le nombre d'utilisateurs connectés à un instant donné dans une même zone, la qualité du signal reste la même à la différence de la réception par les réseaux de télécommunications mobiles actuels. La diffusion se fait tout simplement par les voies hertziennes, comme la bonne vieille TV du salon. La réception de programmes est possible grâce à l'ajout d'une puce ou d'un module DVB-H (Digital Video Broadcast Handheld) au terminal. Ce module est aujourd'hui techniquement prêt et notamment proposé par des entreprises françaises comme DibCom.
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