Altice (SFR) préfère la fibre au câble. aux Etats-Unis [MAJ]
Altice USA, qui regroupe les activités des câblo-opérateurs Suddenlink et Cablevision (Optimum) rachetés en 2015, va rénover son infrastructure. L'opérateur américain annonce vouloir déployer un réseau capable d'offrir jusqu'à 10 Gbit/s à domicile. Pour y parvenir, la filiale américaine de la holding éponyme de Patrick Drahi va « étendre la fibre plus profondément dans son réseau hybride coaxial-fibre (HFC) actuel », précise le groupe dans son communiqué. Autrement dit, remplacer les terminaisons coaxiales qui arrivent dans les logements des 4,6 millions d'abonnés américains (dont 350 entreprises) par de la fibre optique à domicile (FTTH).
Il s'agit d'un projet lourd. Altice prévoit un plan de déploiement sur 5 ans de l'infrastructure de nouvelle génération baptisée «?GigaSpeed?». Les travaux commenceront en 2017 et viseront à couvrir l'ensemble des foyers de l'offre Optimum et la plupart de ceux de Suddenlink. Altice USA avait précédemment amélioré le service de connectivité avec des débits de 300 Mbit/s pour les abonnés résidentiels d'Optimum (350 Mbit/s pour les offres entreprises). Et près de la moitié des clients de Suddenlink bénéficient aujourd'hui de 1 Gbit/s de bande passante, selon le groupe.
Une technologie Altice Labs
Altice annonce par ailleurs qu'il exploitera sa propre technologie réseau développée dans ses laboratoires sans en détailler les caractéristiques. L'opérateur laisse seulement entendre que la nouvelle infrastructure s'inscrira comme « la fondation de services de nouvelle génération » et qu'elle sera « plus efficace et robuste » tout en consommant moins d'énergie. Altice prévoit de réinvestir ces gains pour soutenir son programme de construction, sans changement important dans son budget d'investissement global. Lequel n'est pas détaillé pour l'heure.
Il est amusant de constater que le groupe de Patrick Drahi met en avant son intérêt pour la technologie fibre optique aux dépens du coaxial aux Etats-Unis alors que les dirigeants de SFR (sa filiale française) n'ont cessé de considérer le câble comme un équivalent à la fibre. Précédemment interrogé à l'occasion d'une conférence de presse sur cette distinction entre FTTB (terminaison coaxiale sur backbone fibre) et FTTH, le PDG de SFR, Michel Combes, bottait en touche en évoquant des « sigles un peu bizarres » préférant se concentrer sur la position de n°1 du très haut débit en France « avec un coeur de réseau en fibre qui nous permet d'apporter aujourd'hui le 800 Mbit/s, et demain le gigabit ».
Le très haut débit passe par le câble en France
SFR a en effet hérité de l'infrastructure FTTB de Numericable qui couvre environ 9 millions de lignes, dont plus de 7,6 millions offrent des débits de plus de 100 Mbit/s grâce à la technologie Docsis 3 déployée au fil des années sur le réseau (la version Docsis 3.1 permet, en laboratoire, d'atteindre les 10 Gbit/s en réception et 1 Gbit/s en émission). Si les performances du coaxial n'ont pas à rougir face à celle de la fibre pour les besoins courants des foyers (notamment pour la vidéo 4K), SFR privilégie néanmoins la dénomination «?fibre?» dans ses communications pour des questions d'image face à ses concurrents qui investissent dans le pur FTTH. Une ambiguïté qui lui a valu un rappel à l'ordre sous forme d'un arrêté au Journal Officiel en mars dernier.
L'initiative américaine de mettre à niveau l'infrastructure pour répondre aux futurs usages va-t-elle s'appliquer en France ? « Indépendamment de la technologie, la volonté du groupe est d'installer un réseau qui permettent à tous nos clients d'avoir les meilleurs débits », nous répond Richard Dreyfuss, responsable de la communication chez Altice NV. Et si le FTTB est une réalité aujourd'hui en France, « la situation évoluera avec l'ambition de mise à jour et d'amélioration permanente du réseau ». Si la question ne se pose pas pour SFR aujourd'hui, il n'est donc pas impossible de penser que l'optique remplacera un jour les terminaisons coaxiales du réseau historique de Numericable. Le choix sera fait en regard des avancées technologiques (les ingénieurs d'Altice Labs travaillent par exemple sur une technologie NGPON-2 à 80 Gbit/s qui devrait être déployée au Portugal en priorité) et des investissements nécessaires à arbitrer entre un changement d'infrastructure et des améliorations régulières de l'existant. C'est la volonté de se positionner comme un «?game changer?» qui a poussé Altice à rénover son réseau aux Etats-Unis avec des offres à plusieurs gigabits à moyen terme.
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SFR n'en déploie pas moins des réseaux 100% fibre (FTTH) dans les nouveaux territoires, en propre dans les zones denses ou en partenariat avec d'autres opérateurs (Orange principalement) dans les zones moyennement denses ou encore dans le cadre des réseaux d'initiative publique (RIP) des collectivités dans les zones peu denses. A terme, l'opérateur entend déployer 22 millions de prises très haut débit en 2022, dont près de la moitié (10 millions) en terminaison coaxiale sous Docsis 3.x ou une autre technologie concoctée par le millier d'ingénieurs des Altice Labs.
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[Article mis à jour à 15:25]
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