Attaque en piquée de Vivendi contre France Télécom
Nouvelle offensive contre France Télécom. L'assaut vient cette fois de Vivendi. Dans un entretien aux Echos, Jean-Bernard Lévy, président du directoire du groupe exhorte l'Etat à s'attaquer à la rente excessive dont dispose France Télécom dans les télécommunications.
L'homme ne mâche pas ses mots. Il juge« préoccupant » le bilan de la situation dans les télécommunications fixes, toujours dominées dans l'Hexagone par France Télécom.
« France Télécom accapare 85% de la marge générée, ne laissant que 15% à ses deux concurrents. Comment peuvent-ils investir dans ces conditions ? », déclare Jean-Bernard Lévy.
Et de poursuivre :« Cette rente est d'autant plus injustifiée que le réseau est amorti depuis longtemps. En plus, cette rente n'a fait qu'augmenter, notamment grâce à la hausse de l'abonnement de 25 % en trois ans. Une hausse inexplicable qui donne à France Télécom des moyens supplémentaires pour étouffer ses concurrents. Une baisse de l'abonnement permettrait aussi d'augmenter le pouvoir d'achat, en particulier des personnes âgées, modestes, et en zone rurale ».
Deuxième point sensible d'après lui, la TV d'Orange. Il estime que les pouvoirs publics devraient intervenir si France Télécom réservait ses contenus à ses seuls clients. Ce qui est le cas.
« Ce serait très inquiétant, et les pouvoirs publics devraient intervenir. Cela signifierait qu'il faudra changer d'opérateur ADSL ou mobile pour accéder à certains contenus (comme le football, NDLR) », souligne-t-il, ajoutant que SFR, la filiale mobile de Vivendi qui contrôle Neuf Cegetel, a demandé à avoir accès aux chaînes d'Orange.
« En cas de refus, nous en tirerons les conséquences juridiques », poursuit Jean-Bernard Lévy, dont le groupe contrôle également la chaîne cryptée Canal+.
ll faut dire que l'offensive de France Télécom est de taille. L'opérateur diffusera des contenus issus des catalogues de Warner et de HBO (films et séries) et surtout le match de football de la Ligue 1 du samedi soir. Mais tous ces contenus seront réservés aux seuls abonnés d'Orange. Par ailleurs, Orange pourra compter sur l'ADSL mais aussi sur le satellite et le mobile pour diffuser ses programmes.
Pour le patron du groupe de médias, Orange ne joue pas franc jeu. « Je souhaiterais d'abord que France Télécom assume clairement sa stratégie et appelle un chat un chat. Le groupe va dépenser chaque année dans les contenus des sommes comparables au coût de grille total de M6, tout en s'abritant derrière des discours faussement modestes. France Télécom a dit et répété ne pas vouloir devenir un éditeur de contenus, ne pas vouloir diffuser de matchs de foot en direct. Maintenant, on nous explique qu'il s'agit de dépenses « microscopiques », d'une légère réallocation de dépenses commerciales ! La réalité, c'est que France Télécom devient un groupe de télévision. Il doit accepter que les règles du jeu soient les mêmes pour tous ».
Sur ce terrain, Vivendi rejoint Free. Début juin, la filiale d'Iliad a officiellement demandé à France Télécom de pouvoir diffuser l'ensemble des chaînes qui seront proposées par l'opérateur historique.« On a fait il y a quelques jours une demande écrite à France Télécom afin de pouvoir distribuer l'ensemble des chaînes d'Orange, de la même façon que l'on distribue celles de Canal+ », a déclaré Maxime Lombardini, directeur général de Free à l'agence DowJones. « Il n'est pas possible d'imaginer qu'un opérateur qui a des moyens pareils les utilise pour préempter le marché », a-t-il ajouté.
En cas de refus, Iliad se réserve le droit de donner des suites juridiques à cette affaire. Bref, tout cela sent l'affrontement frontal.
Sur le même thème
Voir tous les articles Actualités