Beta.gouv, miroir des « résultats contrastés » de la Dinum
La Cour des comptes pointe les « résultats contrastés » de la Dinum sur son socle historique de missions. Le programme beta.gouv en est un symbole sur le volet innovation numérique.
Le cas Bercy Hub, emblème de la rigidité de beta.gouv ?
Cet incubateur avait signé une convention de partenariat avec la Dinum pour rejoindre le réseau. Il a fini par y mettre un terme en raison de divergences sur plusieurs éléments de méthode, dont les tests utilisateurs, le statut des intrapreneurs et la comitologie.
La Cour des comptes l’a relevé. Elle affirme que pour favoriser la pérennité de la communauté beta.gouv, il faudra savoir s’ouvrir à des acteurs qui ne respectent pas à la lettre son manifeste.
Au-delà de cette « communauté » qui réunit toutes les personnes travaillant sur des start-up d’État, beta.gouv englobe l’incubateur de services numériques de la Dinum. Une structure dont l’avenir se pose à moyen terme, dans un contexte où les différents incubateurs numériques au sein de l’État gagnent en maturité et en autonomie.
À l’heure actuelle, l’influence que la Dinum exerce sur les orientations prises dans les incubateurs tient à son rôle de financeur. Pour certains partenaires qui ont leurs propres marchés, elle n’est qu’un observateur… quand on la convie aux comités d’investissement. D’où un risque de voir ses missions réduites à de l’animation et à de l’appui technique.
Beta.gouv face à une administration en « mode projet »
Le pilotage même de l’activité du programme beta.gouv a interpellé la Cour des comptes. Les indicateurs financiers sur lesquels il repose sont « souvent hétérogènes et parfois opaques ». Leur contextualisation est par ailleurs difficile, faute de cible à mettre en regard.
Autre écueil : le manque de documentation des ressources mobilisées. Invitées à publier sur leur site web le budget qu’on leur a alloué, les start-up d’État sont minoritaires à le faire.
Les intrapreneurs sont, quant à eux, dans une situation qualifiée de sensible. Leur administration d’origine n’accepte de les mettre à disposition qu’après négociation, pour des temps partiels peu respectés induisant une charge de travail importante. De sucroît, s’il existe une certification des compétences acquises (« Concevoir un service public numérique au sein de l’État »), elle est insuffisamment reconnue.
La sortie d’incubation reste le principal défi des start-up d’État. Le mode projet garde une forte influence sur l’administration. Celle-ci peine à intégrer le développement en mode produit.
Au moment de ses relevés, la Cour des comptes a comptabilisé 464 services numériques investigués ou développés depuis le début de beta.gouv. Moins de 10 % (42) ont fait l’objet d’une pérennisation. C’est-à-dire d’un déploiement national avec entrée dans une phase d’exploitation.
L’accompagnement par le FAST (Fonds d’accélération des start-up d’État) n’a qu’une influence marginale sur le taux de pérennisation. De même, le transfert hors de l’incubateur n’est pas un gage de succès dans le temps. En particulier parce que l’administration ne met pas encore assez en œuvre l’amélioration continue et le pilotage par l’impact. Il existe donc un risque que certains produits ne soient plus mis à jour.
Illustration générée par IA
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