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CITE DES SITES : 'Paris-Match' étend ses couvertures sur Internet

De Paris-Soir à Paris-Match, les couvertures font la une, et le dilemme de publier, entre un mariage et deux enterrements?

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CITE DES SITES : 'Paris-Match' étend ses couvertures sur Internet

Avant la guerre, la presse hebdomadaire n'avait pas du tout la même apparence qu'aujourd'hui. Il y avait des journaux politiques :

Candide et Je suis partout à droite, Gringoire à l'extrême droite, Marianne, enfin, plutôt à gauche. Aucun « news ». Aucun hebdo féminin en dehors des très conservateurs émules du Petit Écho de la Mode. Et puis, un beau jour, le même Jean Prouvost, qui avait réussi à imposer une nouvelle optique de quotidien en faisant de Paris-soir le plus important et aussi le plus époustouflant des quotidiens, achète un petit hebdo sportif gentiment titré Match, publie son premier numéro nouvelle formule avec un valeureux cycliste, Paul Maye, en couverture pour ne pas trop désorienter les anciens lecteurs, et crée le plus grand périodique de l'avant-guerre, qui atteindra un tirage moyen de 1.800.000 exemplaires. Par ailleurs, il ne faut pas le négliger, il crée avec Marcelle Auclair le premier magazine féminin digne de ce nom dont tous les autres se sont plus ou moins bien inspirés : Marie-Claire. Match, c'est le Life français certes mais typiquement français, dû au génie de Jean Prouvost, industriel du Nord que chacun appelait patron, qui tout simplement avait inventé la presse française moderne. Et puis il y eut la guerre. Paris-soir parut en zone sud, à Lyon et à Toulouse, mais aussi, spolié, en zone nord d'où son interdiction à la Libération. Match aussi ne reparut pas, j'ignore pour quelle raison. Sous l'occupation, Prouvost avait fait paraître en zone non-occupée avec un énorme succès Sept jours (déjà, mais sans Télé). On attendait le retour de Match. Il y eut des imitations. Je me souviens d'un zigoto qui souhaitait déposer le titre Matches : voulait-il vendre des allumettes ? En mars 1949, un nouveau magazine sort sur une terre de nouveau vierge : Paris-Match avec quatre photos dont celle de Churchill en couverture. L'époque n'est plus la même et, maintenant, il y a la couleur. Le démarrage n'est pas immédiat. Dans le prodigieux album qu'il a consacré aux cinquante ans de Paris-Match, Roger Thérond, qui fut si longtemps son animateur, son âme, raconte qu'il fallut, au numéro 74, que Maurice Herzog plantât le drapeau français sur l'Anapurna, pour que Paris-Match devînt une institution. Il y a déjà quelques semaines, parut en première page de Paris-Match une photo absolument exceptionnelle qui représentait, à l'image des Dupont-Dupont de Tintin, deux adversaires politiques qui, pour une fois, ont un choix identique, le « oui » au référendum. Cette photo n'est pas née du hasard, elle a été préméditée. Un metteur en scène a compris que tout rassemblait les deux hommes, Hollande et Sarkozy : l'âge, la (petite) taille, l'ÉNA et, de plus, ils s'habillent ? ou, du moins, on les a habillés - de la même façon. Ces frères ennemis deviennent les jumeaux de la politique. Jacques Duclos aurait dit « Bonnet blanc et blanc bonnet. » Mais, à l'époque il s'agissait de Georges Pompidou et d'Alain Poher. Sous son côté bon enfant, cette couverture va très loin et l'on peut à bon escient se demander si les protagonistes ne regrettent pas d'être tombés dans un piège. Peu de semaines plus tard, la couverture de Paris-Match était réellement illuminée par une photo de Jean-Paul II comme flottant dans l'espace, propulsé par le Saint-Esprit? Les couvertures ont toujours été l'atout majeur de Paris Match : l'habit fait le moine ! Et dans le site Parismatch.com sont conservées toutes les « une » depuis 1949 et je pense qu'il s'agit là d'une exception et d'un record. « La cité des sites » s'élabore souvent au long de plusieurs semaines. Il y a quelque temps je m'étais penché sur une des rubriques du site : « Au c?ur de Paris-Match .» J'espérais y trouver l'esprit et la matière de 50 ans de Paris-Match. Eh bien non, c'est une sorte de bande-annonce, pas mal faite mais un peu courte, où l'on note surtout la présence de Robert Badinter qui déclarait combien les reportages de Paris-Match l'avaient aidé lors de l'abolition de la peine de mort. Je parle au passé car depuis peu la rubrique n'est plus « au c?ur » mais en réserve : impossible de l'ouvrir ! Jusques à quand ? Paris-Match s'est confié à Katia Chapoutier, du quotidien québécois La Presse au sujet d'un mariage et de deux enterrements : «Dilemme au sein des rédactions de presse magazine ces deux dernières semaines. Qui doit faire la une entre le mariage et les deux enterrements? « On imagine volontiers une ébullition toute particulière au sein de la rédaction de Paris Match, qui a couvert scrupuleusement toute la vie et l'oeuvre du prince Rainier, qui s'est toujours intéressé aux actualités conjugales de la famille royale britannique et qui a suivi de près la carrière de Jean-Paul II. Pour en savoir plus, nous nous sommes tournée vers Olivier Royant, le directeur adjoint de la rédaction du célèbre magazine français. «Comment cela s'est passé pour vous ces deux dernières semaines?« Cela fait deux semaines que avons avancé la sortie du journal à lundi et mardi pour Paris, alors que Paris Match paraît d'habitude le jeudi. On est sorti avec une pagination supplémentaire puisque notre sujet sur le pape, par exemple, s'est étendu sur une centaine de pages. « Il faut remonter la chaîne de fabrication de trois jours. Le magazine a été mis en place à 1 400 000 exemplaires au lieu des 1 000 000 habituels. Une fois que la rédaction a accompli son travail il faut que cela suive. Cela veut dire qu'il faut trouver les imprimeries et mobiliser les imprimeurs. Ils ont été fantastiques et ils ont accompli des prouesses techniques. Idem pour la diffusion du journal dans toute la France. «Pourquoi avoir pris cette décision?« Parce qu'elle s'imposait. On a suivi Jean-Paul II pendant 25 ans dans tous les pays du monde. On a senti l'émotion mondiale que cela représente, on a vu les millions de pèlerins se diriger vers le Vatican. Par conséquent, il fallait être réactif et être à la hauteur des exigences de notre public français et international. «À partir de maintenant, il se passe quoi avec cette triple actualité?« Comme on a changé notre jour de diffusion la semaine dernière, on s'est réinterrogé et on a décidé de faire exactement la même chose cette semaine. On a donc bouclé notre journal samedi pour pouvoir sortir lundi avec les obsèques du pape et également un grand sujet sur la mort du prince Rainier de Monaco. «Comment avez-vous décidé de la dernière couverture? Ça n'a pas dû être simple.« On avait renforcé nos équipes à Rome, à Monaco et à Londres. Après deux couvertures consacrées à l'agonie puis à la mort de Jean-Paul II, nous avons décidé samedi soir, à l'ultime minute du bouclage, de consacrer notre couverture à deux événements: Rome et Monaco. Les deux sujets «L'hommage du monde au pape» et l'hommage de Match au prince Rainier représentent chacun 50 pages. Le visuel de la couverture est la princesse Caroline, en tenue de deuil, qui assistait mardi dernier à Monaco à une messe à la mémoire de Jean-Paul II. La veille son mari, Ernst August de Hanovre, venait d'être admis aux urgences de l'hôpital Princesse Grace pour une pancréatite aiguë. Le lendemain, mercredi, Caroline apprendra la mort de son père. Paris Match qui, exceptionnellement, est sorti cette semaine le mardi, est le magazine de la semaine qui s'annonce. Dans la mesure où les obsèques du prince Rainier seront célébrés vendredi, la princesse Caroline semblait être le lien entre les deux grands événements de la semaine: Rome et Monaco. «Vous deviez avoir pas mal de monde déployé?« À Rome, on avait plusieurs photographes qui couvraient les différents aspects de l'enterrement. Par exemple, il y a eu une photo très forte des trois présidents américains agenouillés devant la dépouille de Jean-Paul II. Et puis nous avions aussi des photographes à l'extérieur de la basilique, alors que tout d'un coup, Rome est devenue une ville de cinq millions d'habitants. Il y avait plus d'un million de pèlerins venus de Pologne. Donc, nous avions renforcé nos équipes pour montrer les gens qui dormaient dans les stades, dans les gymnases, dans leur voiture. Du coup, on avait une douzaine de personnes sur place, photographes et reporters.(?) « On peut compter sur nos journalistes et nos reporters qui sont extrêmement réactifs. On est un journal de terrain. Ce n'est pas plus dur de couvrir le Vatican, Monaco et Londres que le 11 septembre à New York. Au niveau logistique ce n'est pas très compliqué. Surtout avec le numérique aujourd'hui, on peut réagir en temps réel quasiment comme la télévision. Les photos de la basilique, on les a 10 minutes après qu'elles sont prises. On n'avait pas ce type de confort pour la mort de Paul VI en 1978. Mais il faut garder la tête froide et ne pas essayer de devancer les choses. Il faut ressentir l'actualité au moment présent. «A-t-on déjà vu une telle accumulation d'événements majeurs?« C'est vrai que c'est rare. Il y avait Jean Cocteau qui était mort le même jour qu'Édith Piaf. En 1982, tous les journaux avaient bouclé sur l'assassinat du président libanais et Grace de Monaco est morte dans la nuit. Il y a quand même comme cela des rencontres entre des événements très importants. Mais c'est intéressant de voir que malgré la télévision, les magazines restent un média fort et c'est lié au fait que nos sujets restent. » En dehors des couvertures il y a malheureusement peu d'archives. Paris-Match a toujours fluctué des grands reportages au people. Il serait donc souhaitable que son site Internet en gardât davantage le souvenir. Ce qu'ont fait Le Monde et Le Nouvel Observateur, pourquoi Paris-Match ne le ferait-il pas. Ce serait un autre éclairage, pas moins intéressant. Je citerai ce texte sur le nouveau visage de Marrakech : « Mille ans déjà, mille ans seulement, le temps n'a pas d'effet sur Marrakech. Si désormais la capitale des Almohades déborde largement de ses anciennes fortifications, elle reste, pour l'éternité, la plus gracieuse des oasis, en plein désert, à seulement trois heures de Paris. Cet éden-là n'a rien d'un mirage et les happy few du monde entier y trouvent la sérénité qui, partout ailleurs, se refuse à eux. Hier Winston Churchill, Yves Saint Laurent plus récemment ont ouvert la voie. Aujourd'hui, princes et stars du show-business, papes de la mode et milliardaires mécènes, écrivains et présidents accourent au pied de l'Atlas pour donner vie à leur rêve d'Orient.» C'est peut-être un peu court.

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