CITE DES SITES: Play Bac, quotidiens et télé sur Internet pour les jeunes
Avant la guerre, il y avait pléthore de journaux s'adressant à la jeunesse. À côté de '
La Semaine de Suzette', où les petites et jeunes filles de bonne famille s'amusaient aux aventures de Bécassine, il y avait 'Lisette' et son frère Pierrot'. Il y avait les un peu canailles 'Petit Illustré', 'Cri-cri', 'L'Intrépide' et 'L'Épatant' où l'on se passionnait pour les aventures des 'Pieds-Nickelés' de Forton. Il y avait 'La Jeunesse Illustrée' et 'Les Belles Images', deux journaux jumeaux avec bandes dessinées françaises et beaucoup d'articles de vulgarisation. Il y avait 'Guignol' où un auteur de bandes s'appelait Maurice Radiguet et avait été le père de Raymond Radiguet, génial écrivain mort à vingt ans. Il y avait 'Benjamin' où débutait sous le nom de Jaboune Jean Nohain qui devait faire tant (et tant faire) aux débuts de la télévision. Il y eut aussi 'Le Journal de Mickey' mais là c'est une autre histoire parce qu'une autre culture. Comme Internet n'existait pas encore, je lisais bien sûr tous ces journaux qui n'étaient pas très copieux. Mais je crois que j'ai vraiment appris à lire dans un journal surtout destiné à des adultes, 'Le Dimanche illustré', qui fut le premier en France, le 9 novembre 1924, à publier une grille de mots croisés. Il y avait des articles très documentés sur des sujets d'actualité ou d'intérêt général. Et deux bandes dessinées en pages centrales : 'Zig et Puce', d'Alain Saint-Ogan, l'histoire de deux enfants qui veulent absolument aller en Amérique avec leur pingouin prénommé Alfred, et 'Bicot, président de club'. Bicot était le nom très mal traduit de Winnie Winkle créé en 1920 par Martin Branner pour le Chicago Tribune. Un fils de petits bourgeois, nanti d'une soeur ravissante et frivole, Suzy, animait un groupe d'enfants du peuple, quelque peu dépenaillés, Julot, Ernest et Auguste. Tout cela était désopilant et inépuisable. Tous ces journaux - sauf Mickey ! - ont disparu, balayés par la guerre, et n'ont pas été remplacés. La presse pour enfants et jeunes est maintenant d'un intérêt tout à fait différent. Mais, nous apprend lemonde.fr, «À l'heure où nombre de quotidiens se posent la question du vieillissement de leur lectorat, Mon Quotidien, journal destiné aux jeunes de 10 à 14 ans, fête son dixième anniversaire en nourrissant de nombreux projets. « Ce quotidien de huit pages, édité du lundi au vendredi, a été lancé le 5 janvier 1995 après deux ans de tests par Play-Bac, maison d'édition qui a créé les fiches ludo-pédagogiques « Les Incollables« . C'est l'un des rares quotidiens pour enfants dans le monde, hormis quelques publications existant en Asie. « Vendu par abonnement, le quotidien est, selon son éditeur, diffusé à un peu plus de 59 000 exemplaires. Un chiffre stable depuis plusieurs années. Pour construire sa diffusion, il a su jouer sur le triangle « enfants-parents-enseignants« . En effet, les parents des 10-13 ans sont particulièrement soucieux de pousser leur progéniture à lire ; l'éditeur s'appuie sur les enseignants en envoyant dans les écoles primaires des numéros gratuits, qui servent d'outils pédagogiques et de relais de promotion pour le titre. « Pour coller aux préoccupations de ses lecteurs, Mon Quotidien fait régulièrement participer des enfants aux réunions de sa rédaction, au cours desquelles elle définit les sujets couverts par le journal. Ces mêmes lecteurs notent tous les mois les principaux articles parus. « Play-Bac arrive à trouver dans l'actualité des thèmes et des angles qui intéressent les enfants, et qui diffèrent de ce qui intéresse les adultes« , note Jean-Marie Charon, sociologue des médias.» Le plus important suit «Play-Bac a profité du dixième anniversaire de son quotidien destiné aux 10-14 ans pour lancer, mercredi 5 janvier, un journal télévisé sur Internet. Disponible du lundi au vendredi à 18 heures, gratuit et financé par un spot de publicité,monquotidien.tvest un flash d'information de dix minutes fait de reportages construits à partir d'images d'Associated Press, de Reuters et de France Télévisions. « Chaque sujet est lancé par Quotillon, petit personnage dessiné, mascotte de Mon Quotidien, et commenté par une voix de synthèse. Les textes de ce flash sont rédigés par un journaliste de Play Bac. Une fenêtre incrustée dans l'écran accueille un texte expliquant les mots difficiles à comprendre pour les enfants.» Inutile certes de répéter que les enfants d'abord, les jeunes ensuite sont de plain-pied avec les ordinateurs. Il a quelques années, un petit garçon de neuf ans passe à mon bureau avec ses parents. Très vite, il s'est précipité sur mon Mac. Il y a immédiatement trouvé des jeux et en a profité pendant plus d'une heure. J'ose, je veux croire qu'aujourd'hui il se précipiterait sur Play Bac plutôt que sur des messageries dont il ne faut pas mésestimer la nocivité. Le résultat est exceptionnel. Je vous conseille de vous commuter à www.playbac.com/tv et après votre inscription (gratuite) où on vous tutoie, vous prenant pour un enfant, vous accédez à un flash qui pourrait rivaliser avec certains qu'on peut voir ici et là. Pas du tout bêtifiant et, sans simplification exagérée, parfaitement compréhensible. Les vidéos présentées sont excellentes et le commentaire rationnel. Play Bac ? l'astuce est drôle ? édite, si j'ai bien compris, quatre quotidiens : Quoti « dès 5 ans« , Le Petit Quotidien « vrai journal, dès 7 ans« , Mon Quotidien et L'actu « dès 16 ans« . Pour éviter les « bouillons » et aussi, il faut bien le dire, les commissions des diffuseurs et marchands, ces périodiques ne sont pas en vente dans les kiosques. Il faut donc s'abonner mais on peut en pdf lire un numéro de chacun d'entre eux. On y traite de grands sujets que la presse elle aussi grande néglige parfois. Ainsi cet article de S. Laboucarie paru dans Actu : «Sept Français sont détenus à Guantánamo. Une prison comparable à aucune autre prison. « « On est tout le temps enfermés. On me donne des médicaments bizarres. Cette prison n'est comparable à aucune autre« . Aymane Sassi déchiffre l'une des dernières lettres écrites par son frère Nizar, 24ans, l'un des sept Français détenus sur la base américaine de Guantánamo (Cuba) depuis janvier 2002. « Entre les phrases, des ratures : « la censure« , selon Aymane. Les lettres sont le seul moyen de communiquer. Mais elles se font rares. Cette semaine, Aymane est aux États-Unis avec la « Commission des droits de l'homme de Guantánamo« , pour faire pression sur le président George W. Bush. Cette commission regroupe des familles de détenus et leurs avocats. « Que le droit international soit respecté » Tous ont la même ligne de défense : « On demande que le droit international soit respecté, s'insurge Jacques Debray, avocat de Nizar Sassi. Tout prisonnier doit savoir pourquoi il est détenu, s'entretenir avec son avocat. C'est tout le contraire à Guantánamo » « Cette situation est la conséquence des opérations militaires menées par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. L'armée retient à Guantánamo des combattants capturés en Afghanistan et au Pakistan. « C'est de la détention arbitraire! » Rien ne leur est reproché. Les États-Unis ne relâcheront ces prisonniers qu'à condition d'être sûrs qu'ils ne commettront pas d'actes anti-américains, une fois dehors.» Dans le Petit Quotidien, les « dès 7 ans » apprennent tout de la Muraille de Chine avec un article très bien illustré : «Un gigantesque monument. La Muraille est haute au maximum de 10 mètres et large de 7 mètres. Elle mesure 3 000 kilomètres de long. Mais, à certains endroits, il y a deux ou trois enceintes alignées les unes à côté des autres. Ce qui fait qu'au total il y a plus de 6 000 kilomètres de Muraille. C'est le plus grand monument du monde. Pendant plus de 2 000 ans, la Muraille a été construite, puis démolie lors des guerres, puis reconstruite. Elle n'a été achevée qu'au 17ème siècle. Des centaines de milliers de prisonniers et de paysans ont participé à ces travaux. Ils étaient surveillés par des soldats. « La Grande Muraille de Chine se détériore. Chaque année, 10 millions de personnes viennent la visiter. Elle va désormais être mieux protégée. La Chine veut, par exemple, interdire de construire des bâtiments autour du monument.» Je suis ébahi, stupéfié par l'importance de la mission de Playbac. Faire lire l'actualité à des enfants et des jeunes, alors qu'ils sont suspectés de ne plus lire que des bandes dessinées et de n'être, en matière d'information, abreuvés que de télévision ! Et j'en viens à me dire que, grâce à des initiatives comme celle de Play Bac, la presse sera peut-être sauvée. La presse quotidienne, essentiellement la presse nationale, est en effet en danger. Ce qui la menace le plus ce n'est pas l'existence de « journaux » gratuits, ce n'est pas la collusion avec le grand capital, ce n'est pas le manque d'intérêt du contenu qui n'a jamais été aussi large, ce n'est même pas le manque de publicité, les annonceurs croyant toujours en elle. Ce qui la menace c'est la désaffection du public : les « bouillons » n'ont jamais été aussi lourds dans les kiosques et les maisons de la presse. Alors, rêvons quelque peu, les 60000 petits abonnés des quatre quotidiens feront?des petits et, quand ils seront devenus grands, les quotidiens resteront leur pain?quotidien. Play Bac étant un calembour, vous me permettez de faire des jeux de mots.
Sur le même thème
Voir tous les articles Business