Consolidation des télécoms : vers l'émergence d'acteurs pan-européens
La consolidation qui s'opère dans le secteur des télécoms en France, comme dans plusieurs autres pays européens depuis plus d'un an, ne serait qu'une transition vers la constitution d'acteurs pan-européens. C'est du moins ce qui ressort de la dernière étude de l'Idate consacrée à la «?Consolidation des télécoms en Europe?».
Au-delà du rapprochement de SFR avec Bouygues Telecom (probablement) ou Numericable (potentiellement), d'autres pays sont en voie de consolidation. C'est le cas de l'Allemagne entre O2 et E Plus et de l'Irlande avec O2 et Hutchison après que le Royaume-Uni (fusion Deutsche Telekom et Orange en EE) et l'Autriche (l'absorption de la filiale d'Orange par Hutchison) ont déjà été le théâtre de ce type de manouvres.
Des opérations à haut risque
« Les récents projets de rapprochement [.] traduisent tous l'impérieuse nécessité pour une industrie en proie à d'importantes difficultés financières de se restructurer », souligne Didier Pouillot, directeur de la division Telecom Strategies de l'institut de Montpellier. Qui ajoute que du fait de « l'attention portée à leur encontre par les autorités antitrust, ces mêmes projets apparaissent comme des opérations à haut risque pour l'équilibre des marchés. »
Si pour des raisons économiques essentiellement (dégradation des résultats, besoins d'accélérer les investissements) et de convergence fixe-mobile ou encore de partage d'infrastructures, les opérateurs sont appelés à se «?rapprocher?», le mouvement pourrait se heurter à un certain nombre de freins?: cadre réglementaire antitrust, crainte des États de perdre une partie des contributions des opérateurs, crainte de destruction de valeur pour les actionnaires et montages parfois difficiles au plan technique constituent les principaux obstacles selon l'Idate.
Consolidation engagée
Néanmoins « les tendances récentes sur le marché européen ont fait apparaître une multiplication des accords de partage d'infrastructures, des mouvements de consolidation nationale dans le mobile et une consolidation régionale dans le câble », souligne l'Institut d'études. En d'autre termes, la consolidation est engagée, « d'abord vers des formes d'intégration de plus en plus fortes aux plans nationaux, [avant d'élargir] leur périmètre vers des mouvements transfrontières, à terme pan-européens ».
A terme, le marché européen des télécoms pourrait donc se composer d'une poignée d'opérateurs continentaux à l'image de ce que connaissent déjà les Etats-Unis aujourd'hui. Une image qui ne correspond néanmoins pas forcément à la vision de la Commission européenne. Si la commissaire Neelie Kroes, chargée de l'agenda numérique de l'Union, milite pour une harmonisation des règles du secteur à l'échelle européenne à travers un marché unique , elle n'appelle pas nécessairement de ses voux la consolidation du secteur, craignant notamment une régression concurrentielle dommageable pour le consommateur final et l'emploi dans le secteur.
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