De 17 à 27 datacenters : OVH va-t-il passer à l'échelle ?
OVH est lancé dans une course au gigantisme qui doit l'amener dans 11 pays, contre 2 seulement aujourd'hui. Le Roubaisien veut devenir l'acteur de référence du Cloud en Europe et, simultanément, réussir son implantation aux Etats-Unis.
Mobilisant trois halls des Docks de Paris, la 4ème édition du OVH Summit, l'événement annuel qu'organisait l'hébergeur roubaisien ce 11 octobre, est avant tout celle du passage à l'échelle. La société s'apprête à prendre pied aux Etats-Unis, avec un premier datacenter en Virginie (côte Est), et entend devenir l'acteur dominant du Cloud en Europe. Porté par une levée de fonds de 250 millions d'euros auprès de deux fonds d'investissement américains (KKR et TowerBrook Capital Partners), la société, qui emploie aujourd'hui 1 300 personnes, prévoit au total de bâtir 10 nouveaux datacenters dans le monde. Dont trois centres officiellement inaugurés ce jour par Octave Klaba, le fondateur et directeur technique de la société (Sydney, Singapour, Varsovie). Soit un investissement total de 1,5 milliard d'euros sur 5 ans, largement autofinancé, qui amènera le Français dans 11 pays, contre 2 aujourd'hui (France et Canada).
La concurrence. de la marijuana
« OVH fait écosystème », plaide Axelle Lemaire, la secrétaire d'Etat à l'Economie Numérique. Ce qui dit bien l'espoir du gouvernement de voir l'hébergeur bâtir une plate-forme capable de concurrencer les grands acteurs du Cloud américain. OVH y parviendra-t-il ? La réponse à cette question ne devrait pas tarder avec l'ouverture attendue des activités aux Etats-Unis. Le premier datacenter sur place, capable d'héberger 80 000 serveurs, doit ouvrir avant la fin de l'année, alors qu'OVH n'a conclu l'achat du bâtiment. qu'en fin de semaine dernière. Un second datacenter devrait suivre début 2017, sur la côte Ouest cette fois. Un léger décalage de calendrier dû, selon Octave Klaba, à l'irruption de concurrents inattendus. Selon lui, la légalisation de la marijuana en Californie pousse des entreprises souhaitant se lancer sur ce créneau à rechercher des locaux possédant des approvisionnements électriques importants pour y démarrer leurs activités. Soit le profil de bâtiments également prisé par les exploitants de datacenters. « Mais on va démarrer en 2017 », promet Octave Klaba.
Aux Etats-Unis, OVH ira affronter sur leur terrain les ténors du Cloud que sont AWS, Azure ou Google, mais avec une stratégie bien à lui, basée sur les infrastructures dédiées. « Nous sommes face à une opportunité majeure sur les infrastructures dédiées, un segment de marché qui fait notre force aujourd'hui. Or, outre-Atlantique, il y a clairement un manque sur ce créneau aujourd'hui », assure le directeur technique d'OVH.
« Le réseau d'OVH fait le tour de monde »
Notons au passage que le Nordiste assure avoir trouvé la clef pour éviter que l'ensemble de ses activités ne tombe sous la coupe du Patriot Act américain, du seul fait de sa présence aux Etats-Unis. Une crainte qui l'avait poussé à retenir le Canada comme première implantation de l'autre côté de l'Atlantique. Pour contourner cette législation, OVH va se séparer en plusieurs entités légales. « Si vous êtes un client américain, vous serez en mesure de déployer des services partout dans le monde. Mais si vous être client d'OVH en Europe, vous n'aurez accès aux services depuis les Etats-Unis que si vous devenez également client de notre entité américaine. C'est à ce prix que nous pouvons sécuriser les données de nos clients européens », détaille Octave Klaba.
Au-delà des seuls Etats-Unis, « le réseau d'OVH fait désormais le tour de monde », selon le dirigeant. C'est sur ce 'backbone', qui traverse l'Atlantique pour atterrir sur la côte Est des Etats-Unis, se prolonge jusqu'à la côte Ouest, passe sous la Pacifique pour déboucher à Singapour puis revient jusqu'à Marseille, que la société va construire ses nouveaux datacenters qui doivent lui donner une stature mondiale. Sous le pilotage d'une équipe de 30 personnes environ, dédiée à la mise sur pied des 10 datacenters et placée sous la direction de Miroslav Klaba, le frère d'Octave. Et sur la base d'une infrastructure standardisée permettant d'accélérer la mise en service de ces nouvelles installations.
L'Europe avant tout
Une standardisation indispensable tant le rythme des inaugurations promet d'être soutenu : Francfort et Londres au printemps prochain, l'Italie et l'Espagne au début de l'été, puis les Pays-Bas avant la fin de l'année. Des choix qui témoignent de la volonté d'OVH d'apparaître comme un acteur de poids du Cloud en Europe, appelée à rester le premier marché de la société même à moyen terme, selon le Pdg, Laurent Allard. Signalons qu'à cette liste devrait venir se greffer un troisième datacenter aux Etats-Unis, mentionné par Octave Klaba dans une interview avec Silicon.fr. « Et toute notre gamme de services sera disponible partout dans le monde », assure le directeur technique du prestataire.
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C'est grâce à ce plan que le Nordiste prévoit de tenir ses objectifs de croissance : alors que la société a réalisé lors de son dernier exercice fiscal (clos en août dernier) un chiffre d'affaires de 320 millions d'euros, OVH prévoit de dépasser le cap du milliard d'ici 4 à 5 ans. Ce qui signifie qu'il doit être en mesure de tenir, peu ou prou, son rythme de croissance actuel, avoisinant les 40 %.
Pour ce faire, le prestataire mise aussi sur de nouveaux services. Lors de son Summit 2016, la société a ainsi dévoilé son offre de Mobile Hosting, pour l'instant un ensemble de 4 services exposés sous forme d'API (gestion des logs avec ElasticSearch, gestion des métriques, orchestration de conteneurs avec Marathon et gestion des messages avec Kafka). Un pack qui sera vendu au forfait et qui vise à faciliter le développement de MVP (produit minimum viable, soit un prototype). « Traditionnellement, le développement d'un système de back-office pour une app peut demander 3 à 4 semaines de travail. Nous proposons de ramener ce délai à 3 ou 4 heures », résume Octave Klaba. Selon ce dernier, ce Paas mobile, sur lequel OVH travaille depuis un an, est voué à évoluer, et à s'enrichir de nouveaux services (bases de données, authentification, SDK sont ainsi évoqués).
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