Deutsche Telekom traîné en justice par 16.000 actionnaires
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Plusieurs milliers de petits porteurs s'estimant lésés affrontent l'opérateur allemand au tribunal
Deutsche Telekom pourrait essuyer l'une des plus grosses avaries juridiques jamais connue par un groupe de cette taille. Ce 16 avril, le géant allemand sera confronté au tribunal de Francfort à 16.000 plaignants, soit autant d'actionnaires mécontents, défendus par une cohorte de 800 avocats.
Confronté à un nombre de plaintes excessivement élevé, les législateurs ont introduit une nouvelle loi. En effet, la « Lex Telekom », proche des class action américaines autorise le regroupement des plaintes dans un seul procès. Deux anciens dirigeants du groupe, Ron Sommer, tenu responsable des pertes du groupe et Kai-Uwe Ricke, supposé à l'origine de la fuite des abonnés à la téléphonie fixe, respectivement remerciés en 2002 et 2006, seront conviés à la barre.
Ce procès qui devrait s'étaler sur de nombreuses années, poussera très certainement l'opérateur à se montrer sibyllin sur certains sujets. Notamment le rachat de l'américain Voicestream. Ce dernier, un fournisseur américain de mobiles, avait été acquis en 2001 pour la somme de 34 milliards d'euros. La transaction financière absente du bilan financier du groupe en 2000 avait été jugée excessive par les petits porteurs. Les détenteurs de titres reprochent également à Deutsche Telekom d'avoir surévalué son cours à 63,50 euros avant son introduction en bourse. Or, l'annonce peu de temps après d'une dévaluation des bien immobiliers de la société à hauteur de 2,5 milliards d'euros avait fait plonger le cours de l'action. Les actionnaires pourraient demander à recevoir la somme de 80 millions d'euros pour dommages et intérêts.
Rappelons que cette affaire ne se présente pas au meilleur moment pour le groupe. Sa branche téléphonie fixe au plus mal connaît depuis 2007 un net recul. L'objectif de réduire les dépenses de 4,7 milliards d'euros d'ici à 2010 est toujours à l'ordre du jour. Rappelons également que le groupe devrait supprimer au total 34.000 emplois pour rétablir l'équilibre. Son action se situe aujourd'hui autour des 11 euros.