Données conducteurs : les constructeurs automobiles veulent en croquer
Publié par Jacques Cheminat le | Mis à jour le
Plusieurs constructeurs automobiles ne veulent pas partager les données des conducteurs avec les géants du web. Une position pour protéger la confidentialité des données ? Que nenni, une histoire d'argent tout simplement.
Différents constructeurs automobiles, dont GM (General Motors), Ford ou Volkswagen voient d'un très mauvais oeil la montée en puissance des géants de l'IT comme Apple et Google tirer bénéfice de leur intégration dans les voitures. Les constructeurs ont donc décidé de limiter voire interdire le partage des données conducteur avec les partenaires technologiques peut-on lire dans un article de Reuters. Cela signifie que les informations fonctionnelles du véhicule comme le freinage, l'accélération, la direction ou la distance ne pourront pas être collectées, analysées et croisées par Google et Apple afin de délivrer des services. Don Butler, directeur des services et des véhicules connectés chez Ford indique « nous avons besoin de contrôler l'accès à ces données »
Ne vous fiez pas au soudain intérêt des constructeurs pour la confidentialité des données personnelles, il s'agit avant tout d'une question d'argent. Le refus de partager des informations répond exclusivement à une problématique de monétisation et de partage de la valeur. Un cabinet de consultant, AlixPartners, montre que les revenus issus des voitures connectées devraient atteindre 40 milliards de dollars en 2018 contre 16 milliards en 2013. Une martingale que les constructeurs ne veulent pas voir accaparer par Google et Apple. Ils souhaitent proposer eux-mêmes des services d'aide à la navigation, des conseils pour le voyage, les restaurants, les stations-essence, etc.
Au-delà du refus de partager les données conducteur, les constructeurs travaillent pour embarquer leur propre système qui fonctionne avec des solutions tierces comme CarPlay ou Auto. Chez Ford, cette plateforme s'appelle Sync 3, Volkswagen est en train de travailler sur son système et compte attirer les développeurs pour créer des applications personnalisées. Pas d'équivoque chez Mathias Halliger, architecte senior pour les véhicules connectés chez Audi, « c'est un business model qui appartient entièrement au constructeur ». Un choix important comme le montre une étude d'Accenture en 2013 pour qui les clients seraient deux fois plus susceptibles d'acheter une voiture selon les options technologiques plutôt que sur la performance.
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