Fin de parcours pour HoloLens : son histoire en quelques dates

"Dans 20 ans, vous pourriez faire votre première réunion de la journée depuis chez vous en enfilant un HoloLens [...] et en interagissant [...] dans une salle virtuelle portée par la réalité mixte".

Ce propos figure dans un livre blanc "The Future Computed" que Microsoft avait publié début 2018. Cela faisait trois ans que le groupe américain avait dévoilé ledit HoloLens. Lequel avait alors globalement remporté l'adhésion de la presse et des analystes. Le New York Times y voyait "l'avenir du PC". Cnet, "l'osmose du numérique et du monde réel". Wired, "le projet le plus ambitieux de Microsoft depuis Kinect". Forrester, "un produit qui [ferait] date dans l'histoire de l'informatique".

Le 22 janvier 2015, jour de son officialisation, le produit n'en était encore qu'au stade du prototype. Satya Nadella, alors à la tête de Microsoft depuis à peine un an, avait affirmé que HoloLens amorçait "un voyage de dix ans"...

Ces dix ans presque écoulés, voilà que Microsoft décide d'arrêter la production. La première itération du casque bénéficiera de mises à jour jusqu'au 10 décembre 2024. La seconde, jusqu'à fin 2027. Pour le moment, pas de successeur en vue.

12 octobre 2016 : HoloLens en France

États-Unis et Canada eurent la primauté de HoloLens, lancé sur place le 31 mars 2016. La commercialisation en Europe (France, Allemagne, Irlande et Royaume-Uni) démarra officiellement le 12 octobre. Plus précisément, les précommandes débutaient, pour une livraison fin novembre. Prix conseillés : 3299 € en édition développeur et 5489 € pour la "Commercial Suite". Entre autres cas d'usage, Microsoft mettait en avant :

• ThyssenKrupp, qui avait "réduit jusqu'à 4 fois" les temps d'intervention sur ses ascenseurs
• Lowe's Home Improvement, pour accompagner les clients dans les projets de rénovation
• La NASA pour des visites virtuelles de Mars et pour l'aide à distance au sein de l'ISS
• Japan Airlines pour la formation des ingénieurs et du personnel navigant
• L'Australian Museum de Sydney pour des expositions interactives le temps de rénover une galerie et le Museum of Flight de Seattle pour présenter des pièces non exposées

Microsoft

5 décembre 2017 : HoloLens en bloc opératoire

En 2017, ThyssenKrupp étendit ses expérimentations à la réalisation de monte-escaliers (HoloLens facilitant la prise de gabarit sur place).
Microsoft mit à l'honneur un autre musée. En l'occurrence, le Petersen Automotive Museum de Los Angeles, associé à Ford sur une expérience interactive autour de la GT40, multiple vainqueure au Mans à la fin des années 60. En parallèle, Dassault Aviation s'officialisa utilisateur de HoloLens, pour la maintenance et la formation. Le groupe français disait explorer également des usages dans la conception et la fabrication.

La communication de Microsoft commença aussi à toucher plus sensiblement au secteur de la santé. Par exemple, avec l'hôpital universitaire Gregorio Marañón de Madrid, sur un projet de chirurgie : l'aide à l'extraction de tumeurs musculaires malignes.

En fin d'année, l'hôpital Avicenne de l'AP-HP fut le théâtre d'une retransmission en direct : celle de la "première intervention chirurgicale au monde réalisée avec une plate-forme collaborative de réalité mixte", avait clamé Microsoft. Il s'agissait d'une opération de l'épaule réalisée en interaction avec des médecins à distance (USA, Angleterre, Corée du Sud), via HoloLens - le casque permettant de projeter des modélisations des clichés anatomiques du patient.

L'année 2017 marqua aussi la première véritable tentative d'offensive auprès du grand public. Notamment avec le concours de Steam, sur des casques développés par Acer, Dell, HP et Lenovo (Microsoft ayant ouvert, mi-2016, la plate-forme Windows Holographic à d'autres appareils que HoloLens).

24 mai 2018 : HoloLens en vitrine à Viva Tech

Une fois la disponibilité de HoloLens généralisée en Europe fin 2017, Microsoft multiplia les cas clients sur le Vieux Continent. Parmi eux, en France, le musée des Plans-Reliefs (situé à l'hôtel des Invalides), qui proposa une expérience de découverte du Mont-Saint-Michel. Une initiative qui, dans le domaine culturel, faisait écho à celle lancée par le Musée national de Tokyo avec le temple Kennin-ji autour de la toile Wind God and Thunder God.

En avril 2018, la Foire de Hanovre fut l'occasion d'afficher quelques cas d'usage au sein d'entreprises allemande, comme Mercedes-Benz et la Deutsche Bahn, l'un et l'autre essentiellement pour la formation. Dans ce domaine, Microsoft avait aussi mis en lumière le cas du constructeur maritime japonais JRCS, qui travaillait sur un système de coaching à l'adresse de ses clients étrangers.

Au mois de mai, à Viva Tech, les démos de HoloLens s'étaient succédé. Par exemple chez Klépierre pour visualiser un centre commercial en construction, chez Magellan Partners pour découvrir le robot Curiosity envoyé sur Mars et chez Sopra Steria avec une app d'assistance aux opérateurs sur les lignes d'assemblage.

24 février 2019 : HoloLens 2 fait son entrée

Au MWC, Microsoft leva le voile sur la deuxième génération de son casque. Au menu, des jonctions plus nettes avec son écosystème logiciel. En première ligne, Dynamics 365, avec des applications pour l'assistance à distance (Remote Assist), la formation (Guides) et la conception 3D (Layouts). S'y ajoutait un nouveau Kinect, connecté, en particulier, aux services cognitifs Azure.

Les livraisons de HoloLens démarrèrent le 7 novembre 2019. Peu après, Microsoft communiqua sur l'usage qu'en avait la compagnie aérienne australienne Qantas, là encore essentiellement pour la formation. Mis à l'honneur quelques mois plus tôt, Airbus avait vu plus large. Jusqu'à développer ses propres applications sur la base du casque, dont une solution de cartographie collaborative pour les acteurs de la défense et de l'aérospatiale.

4 août 2020 : HoloLens en mode Covid

Début 2020, Microsoft relatait encore des usages de type "présentiel", comme chez Walgreens. La chaîne américaine expérimentait HoloLens auprès de ses employés dans le cadre de la reconfiguration des magasins Kroger Express.
En fin d'année, la mode était plutôt au "tout distanciel", notamment à l'appui de cas en Asie. Le Covid était passé par là.

Entre-temps, HoloLens avait alimenté diverses initiatives dans le secteur de la santé. Par exemple à l'université australienne La Trobe, qui réalisa, à partir des scans pulmonaires d'un patient atteint du virus, une modélisation 3D visualisable sur le casque.

L'Hôpital général juif, désigné comme principal établissement du Québec pour les soins Covid, fit aussi usage de HoloLens. Plus particulièrement avec Remote Assist, pour réduire le nombre de personnes devant être physiquement présentés auprès des patients. Microsoft se fit formellement l'écho de cette expérience de télémédecine le 4 août 2020. Un peu plus tard, il présenta le cas de Lockheed Martin, impliqué dans la construction d'équipements pour la navette Orion de la NASA.

2 mars 2021 : "holoportation"

Début 2021, le professeur Thomas Grégory de l'hôpital Avicenne remit ça. Cette fois, il conduisit, lors d'un événement de 24 heures, la réalisation d'opérations orthopédiques dans une quinzaine de pays.

En mars, la conférence Build fut le théâtre de la démonstration des capacités de Microsoft Mesh. Alors récemment lancée sur Azure, cette offre permettait notamment d'effectuer des projections photoréalistes du corps humain en temps réel sous forme d'avatars. Aussi Microsoft parla-t-il d'holoportation... Et de l'illustrer en présence, entre autres, de James Cameron et du directeur du Cirque du Soleil.

Un autre démo du genre eut lieu lors de la conférence de rentrée de Microsoft France. En vedette, deux personnes qui se trouvaient au Muséum d'histoire naturelle. Lequel organisait justement une exposition fondée en partie sur HoloLens et destinée à visualiser des espèces disparues.

Lors de cette conf, Microsoft mentionna les usages de L'Oréal dans le domaine de la maintenance. Hors de l'Hexagone, l'année 2021 fut marquée par des communications autour de Siemens Energy (assistance technique aux personnels des navires), de l'U.S. Army (préparation des opérations terrain) et de MDA (spatial ; test de robots "en mains-libres").

20 décembre 2022 : HoloLens - et Microsoft 365 - dans le métavers

"Nous délivrons véritablement Windows en réalité mixte", se félicitait Microsoft le 20 décembre 2022. En toile de fond, la multiplication des intégrations entre HoloLens et les logiciels de l'éditeur : Teams, OneDrive, PowerBI...

Une autre tendance de l'année fut le métavers. Il fut difficile d'y échapper dans la communication de Microsoft. A fortiori dans l'univers industriel, que ce soit avec Toyota, Kawasaki ou Volkswagen. Ce dernier se distingua toutefois avec un projet expérimental axé sur l'intégration de HoloLens dans les véhicules en mouvement (en ligne de mire, la voiture autonome). Une démarche qui faisait suite à l'intégration d'affichages tête haute dans la famille de voitures électriques ID.

De métavers, Microsoft a également parlé pour évoquer des initiatives autour du tourisme à Dubaï, de la production d'insuline (Novo Nordisk), de l'éducation des éleveurs aux maladies animales (en Australie) ou de la découverte de Palmyre au Musée de Nuremberg (Allemagne).

15 novembre 2023 : HoloLens à la mode GenAI

Début 2023, en amont de la COP28 à Dubaï, la communication de Microsoft s'axa dans une certaine mesure sur le développement durable, essentiellement dans le "métavers industriel".

La mise en avant de cas d'usage dans la santé se poursuivit. Entre autres avec le principal réseau de collecte de sang aux États-Unis (expérimentation d'un jeu sur HoloLens auprès des donneurs) et au sein d'un hôpital universitaire de Singapour (sur la base d'un réseau 5G privé).

Le 15 novembre, lors de la conférence Ignite, l'offre Dynamics 365 montée autour de HoloLens prit une "couleur IA générative". Microsoft introduisit en effet des "guides Copilot". Dans les grandes lignes, des chatbots à la mode réalité mixte pour les travailleurs de prremière ligne.

Depuis début 2024, la communication sur le sujet HoloLens avait ralenti chez Microsoft. Même si les "guides Copilot" ont fait l'objet de plusieurs cas clients, dont celui de BMW pour intégrer les données de développement de véhicules depuis différents systèmes et projeter les résultats sur des composants réels.

Illustrations © Microsoft