Et les voyageurs des TGV Paris-Lyon eurent enfin du WiFi
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
A partir du 15 décembre, les passagers des TGV Lyon-Paris vont bénéficier d'un accès WiFi gratuit dans les rames. La SNCF comble enfin son retard.
Axelle Lemaire en rêvait.La SNCF l'a fait. La compagnie ferroviaire introduit l'Internet haut débit sans fil à bord des TGV. Une petite pensée pour la secrétaire d'Etat au Numérique et à l'Innovation qui avait soufflé cette idée par Twitter en octobre 2014.
Le cheminement du concept à la concrétisation d'un tel service a été long. La SNCF justifie ce délai en raison des choix technologiques qui ont été déterminants pour supporter le WiFi dans un TGV lancé à 300 kilomètres à l'heure. Il a fallu trouver une autre alternative technologique après son essai peu convaincant en 2010 sur la ligne TGV Est basée sur une transmission par satellite.
Désormais, la connectivité passera par les réseaux 4G mobiles captés par des drôles d'antennes plates et rondes déployées au-dessus de certaines rames. Ce qui implique un déploiement spécifique pour renforcer les relais 4G/3G le long de la ligne TGV concernée (103 pylônes au total rien que sur la liaison Paris-Lyon, première à en bénéficier). Pour cela, des conventions avec l'ARCEP et les opérateurs de téléphonie mobile ont été signées pour assurer la couverture des lignes ferroviaires.
Après réception du signal 4G/3G via les antennes sur les rames, la réception Internet se propage à l'intérieur par agrégation et distribution en fibre optique déployée tout au long des rames. Puis des routeurs et bornes WiFi embarqués font le reste pour apporter la connexion sans fil jusqu'au siège du passager.
Sans ces relais embarqués, point de salut. « Les ondes 3G et 4G ne passent pas : on change trop vite de cellules à cette vitesse », évoque Pierre Matuchet, Directeur Marketing Voyages SNCF.
Une inauguration en grande pompe et un test anticipé
Mardi matin (13 décembre), Guillaume Pépy et Stéphane Richard, respectivement Président de la SNCF et P-DG du groupe Orange, inaugurent ce nouveau service de connectivité en TGV (100 millions de voyages par an).
Mais, dans la matinée du 10 novembre, un pool de journalistes et de blogueurs, dont nos confrères d'ITespresso.fr faisaient partie, a pu tester TGV Connect en avant-première lors d'un trajet aller-retour express entre Paris Gare de Lyon et Lyon Part-Dieu, sur invitation de la SNCF.
Ce service va entrer en vigueur dès le 15 décembre prochain pour les passagers de la ligne Paris-Lyon, soit 19 rames au total. Ensuite, les lignes Paris-Bordeaux, Paris-Marseille et Paris-Rennes suivront dans le courant du premier semestre 2017.
« Le WiFi à bord était un service attendu par 80% de nos clients. Il entre dans la vision digitale du service de la SNCF : connectivité, mobilité et expérience du voyage », évoque Pierre Matuchet, lors du trajet pour accompagner la presse. C'est aussi une manière d'apporter un service supplémentaire dans la concurrence multimodale des transports : dessertes régionales en avion, « cars Macron ».
Surprise : l'offre d'accès Internet sans fil est gratuite pour tous. Et sans limite d'appareils connectés (smartphones, tablettes, ordinateurs portables.). La bande passante par rame est mutualisée avec tous les voyageurs connectés.
Un système de fair use (« accès raisonnable par voyageur », système similaire à la consommation data mis en place dans les forfaits des opérateurs) a été mis en place. Si vous dépassez le seuil, le débit d'accès est restreint.
500 à 1000 personnes connectées en simultanée
Pour en bénéficier, il suffira au voyageur de se connecter en WiFi avec le terminal numérique de son choix et de s'identifier à partir de son numéro de billet. Un portail d'informations utiles a été mis en place avec une salve de petits services ou applis comme la possibilité de suivre en direct le parcours du TGV sur le territoire. On y retrouve notamment la possibilité de commander au bar en vue d'un service à sa place dans le train (c'était déjà possible en passant par la 3G - 4G de son smartphone mais la qualité de la connexion est plus aléatoire).
L'offre de services via le portail s'étoffera progressivement en fonction des usages observés, précise Pierre Matuchet. Le niveau de « fair use » sera éventuellement modulé en fonction de la clientèle, en donnant un bonus aux voyageurs d'affaires.
Le service est censé supporter entre 500 et 1000 personnes connectées en simultanée. Mais la bande passante est une ressource limitée donc précieuse. Il faudra éviter que tout le monde se connecte à une plateforme de streaming vidéo en même temps.
D'ailleurs, l'espace FAQ du portail d'accès TGV Connect stipule que l'accès à certains sites streaming sera impossible, sans donner de noms. Sinon, les « TGVnautes » devraient observer une déperdition rapide en termes de qualité d'accès.
Cette rubrique précise également que des « défaillances » de connectivité peuvent survenir pour des raisons diverses comme une « couverture faible des réseaux extérieurs » (lors de la traversée d'un tunnel par exemple). Il est également possible d'accéder à un réseau privé (VPN) sans toutefois « garantir la qualité de la connexion » en permanence.
Un investissement de 350 000 euros par rame
Ce service gratuit d'accès wireless embarqué dans les TGV représente un coût d'équipement pour la SNCF évalué à 350 000 euros par rame. Sachant que la SNCF exploite 320 rames de TGV.
Le coût global de déploiement est évalué à 112 millions d'euros au bas mot pour généraliser ce service sur l'ensemble du réseau train à grande vitesse. Néanmoins, cet effort d'investissement n'aura pas de répercussion sur le prix du billet TGV, assure la compagnie ferroviaire.
« La SNCF a co-financé et on paie les opérateurs télécoms pour qu'ils nous fournissent la bande passante [surtout Orange, ndlr] », précise Pierre Matuchet.
Après un appel d'offres, trois principaux prestataires interviennent sur ce projet : Orange et sa division pro (Orange Business Services) assurent essentiellement la partie connectivité tandis qu'INEO (filiale d'Engie) et la société belge 21Net prennent en charge l'intégration réseaux électriques et télécoms en mode embarqué dans les trains.
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