Google contre les États-Unis : le « procès antitrust du siècle » a démarré
Google et le gouvernement américain se retrouvent à Washington pour un procès antitrust qu'on dit sans précédent depuis l'affaire Microsoft.
Pour évaluer la position de Google sur le marché de la recherche en ligne, faut-il tenir compte des moteurs « verticaux » tel celui d'Amazon ? C'est l'une des questions auxquelles le juge Amit P. Mehta devra répondre.
L'intéressé est chargé d'instruire ce qu'on présente comme le plus gros procès antitrust depuis l'affaire Microsoft. Les hostilités viennent de s'ouvrir à Washington, pour dix semaines. Google est dans le box des accusés. Face à lui, le gouvernement américain (via le DoJ, ministère de la Justice) et 14 États. Voilà trois ans qu'ils ont porté plainte, dénonçant un abus de position dominante sur la recherche en ligne et l'activité publicitaire associée.
En ligne de mire, notamment, les accords financiers noués pour être le moteur de recherche par défaut sur certaines plates-formes. En particulier, avec Apple, Mozilla et des constructeurs de smartphones Android. L'avocat du DoJ se dit persuadé que la moitié des recherches ont pour origine un tel emplacement « payé ». Et de là, déplore une forme de cercle vicieux : collecter des données de recherche permet d'augmenter la qualité des résultats, et donc d'attirer des recherches, et ainsi de suite.
Pour sa défense, Google assimile la méthode à des dépenses marketing, comme un fournisseur de produits alimentaires paierait pour être en tête de gondole. Il ajoute que ces accords financent le développement de navigateurs... et donc la concurrence vis-à-vis de Chrome.
Instagram et TikTok, concurrents de Google Search ?
Google invite plus globalement à réévaluer l'emprise qu'on lui prête (89 % du marché de la recherche en ligne, estime le DoJ). Non seulement, donc, en incluant les moteurs verticaux, mais aussi des « lieux de recherche d'information » tels que TikTok et Instagram.
La question des accords financiers avait déjà été au coeur de l'enquête de la Commission européenne. Celle-ci avait infligé à Google une amende de plus de 4 milliards d'euros. Et lui avait imposé des mesures, tel l'écran de choix du choix du navigateur sur les téléphones Android intégrant l'application Google Search.
En toile de fond, un autre procès, qui doit se tenir à l'horizon 2024. Potentiellement plus retentissant, il devra permettre de juger de l'éventuel monopole de Google sur la pub digitale dans son ensemble. Le DoJ est également à la baguette, aux côtés de 8 États américains.
Photo d'illustration © Picturellarious - Adobe Stock
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