Icann et Verisign enterrent la hache de guerre .com
Le désaccord entre l'Icann et Verisign a débuté en 2003, lorsque ce dernier renvoyait les internautes qui saisissaient une adresse Web en '.com' qui n'existait pas vers son moteur de recherche d'URL Site Finder (au lieu d'afficher la traditionnelle page d'erreur), étape intermédiaire pour inciter l'internaute à déposer un nom de domaine sur le site de Verisign.
Gestionnaire des domaines en '.com', les plus répandus, toutes les requêtes d'URL des internautes vers un site Web présentant cette extension passent par ses délégations de serveurs. Par ce biais, Verisign occupe une position clé. Face au tollé général qu'a soulevé la pratique de Verisign, l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l'organisme américain en charge des noms de domaines, s'était vu contraint d'intervenir et d'exiger de Verisign l'arrêt du renvoi automatique sur Site Finder. Depuis, les deux protagonistes n'ont cessé de s'affronter, par petites phrases et communiqués interposés, mais aussi face aux juges, Verisign ayant déposé une plainte contre l'Icann. Mais aujourd'hui, les conditions du marché ont bien changé. C'est avec grande difficulté que Verisign a pu renégocier la gestion des domaines '.net', et une bonne partie de la communauté Internet lui est opposée? Or, le contrat de gestion des domaines '.com' se termine en 2007 ! Quant à l'Icann, organisme américain contrôlé par l'administration américaine, il doit affronter la fronde de la majorité des nations, qui souhaitent que sa mission de régulateur du nommage Internet revienne à l'ONU. Il était urgent que les deux protagonistes enterrent la hache de guerre et trouvent un accord qui leur permette d'affirmer leur autorité et de sortir la tête haute. Et vite. L'accord, s'il est validé par le conseil d'administration de l'Icann, prévoit de prolonger le contrat de gestion du '.com' pour 5 ans. Verisign serait donc assuré de conserver sa position jusqu'en 2012. En contrepartie, ce dernier s'est engagé à abandonner la procédure juridique engagée. En plus de faire disparaître cette épine dans le pied, l'Icann mettra en place une procédure de validation des projets liés au système des DNS, avec un 'droit de validation' de 90 jours. S'il venait par exemple à Verisign l'idée de relancer Site Finder, celui-ci sera donc soumis à l'avis de l'Icann, sous 90 jours. Et Verisign s'est engagé à soutenir l'Icann. Pourquoi donc ? Parce qu'en réalité le grand vainqueur pourrait bien être ailleurs? En s'engageant sur cet accord, certes les deux protagonistes vont mettre fin au conflit qui les opposent. Ils vont surtout en sortir la tête haute, en particulier pour l'Icann qui entend réaffirmer et renforcer son rôle. C'est tout ce qu'en attend l'administration américaine, qui doit affronter l'Europe, tête de file d'une majorité des nations du monde qui vont chercher à remettre en cause le rôle de l'Icann lors du sommet de l'économie numérique du 16 au 18 novembre prochains. « Cette proposition d'accord permet de mettre un terme à de nombreux éléments de tension entre Icann et Verisign« , a commenté Paul Twomey, le président de l'Icann. « Il prépare une relation d'avenir constructive et productive entre Icann et Verisign qui sera bénéfique pour l'ensemble de la communauté Internet et montre une nouvelle fois tous les mérites d'une approche multipartite de la gouvernance de l'Internet« . Sous entendu, 'l'Icann affirme sa place et entend garder le contrôle'? L'accord tombe bien, juste à temps !
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