J.Carpentier, AMD France : 'Nous faisons en sorte qu'Intel nous suive'
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Le patron d'AMD France revient pour nous sur le lancement événement du processeur Opteron 'Quad-core' 'Barcelona' et sur son positionnement face au géant Intel
Barcelona, le processeur à quatre c?urs (l'Opteron quad-core') d'AMD, a été lancé en grande pompe, ce 10 septembre. Jérôme Carpentier, p-dg d'AMD France, récapitule ici les enjeux de ce lancement.
Comment replacez-vous cette annonce dans la stratégie d'AMD ?
'Barcelona' s'inscrit dans la suite logique de l'annonce de l'Opteron en 2003. Elle affichait une nouvelle architecture qui quittait le goulot d'étranglement du FSB en adoptant la nouvelle approche de l'HyperTransport, ce qui nous a permis de multiplier les systèmes sans se faire « manger » par le contrôleur mémoire.
L'Opteron 'quad-core' en est une évolution, la troisième génération, souple et transparente pour les utilisateurs et les constructeurs, sans rupture, et qui s'intègre dans une gamme évolutive. Seules les applications devront suivre.
Quels sont les principaux atouts de ce processeur à quatre c?urs ?
Le premier, c'est de protéger l'investissement des clients finaux. Il faut rappeler que sous sommes partis de zéro il y a quatre ans, et que nous occupons aujourd'hui 24 à 25 % du marché des serveurs. Le 'quad-core', c' est la nouvelle vague qui va nous permettre de rebondir.
Le second, c'est la puissance, avec un gain en performances supérieur à 70 %. Nous reprenons la tête de la course.
Le troisième aout, c'est l'éco-responsabilité, en réduisant l'enveloppe énergétique et la déperdition de chaleur.
Enfin le quatrième, c'est la virtualisation, qui permet d'optimiser les mètres carrés et les coûts.
Votre concurrent Intel aligne des arguments proches avec une offre plus étendue?
Le serveur est un bastion d'Intel que nous avons réussi à pénétrer. Je dirais qu'avec notre 'quad-core', c'est un essai que nous allons transformer. C'est aussi la première pierre d'un édifice, puisqu'après les serveurs nous allons nous attaquer au client, avec 'Phenom' sur les PC avant la fin de l'année et sur les portables en 2008.
Nous sommes de plus en plus dépendants des performances, avec des applications particulièrement gourmandes, pour la vidéo, pour l'e-commerce.
L'Opteron 'quad-core' est également une étape avant 'Fusion', la réunion du CPU et du graphisme sur un processeur unique, dans une même enveloppe énergétique, qui explosera les limites de la créativité sur les PC tout en nous permettant de continuer d'affirmer notre rôle d'innovateur. Notre stratégie est d'aller vers le graphisme et le calcul.
Vous avez évoqué le retard des applications? Qu'en est-il?
Ce n'est qu'une question de mise à jour du Bios. L'intégration technique de notre 'quad-core' est déjà une réalité. Des acteurs comme Novell, VMware ou Oracle supportent notre produit. Notre écosystème aligne plus de 300 ISV; il n'y a donc pas de blocage.
Et pour la disponibilité de vos processeurs ?
Nous livrons le 'low power', le 'standard' et le 'high power' jusqu'à 1,9 Ghz. Les fréquences supérieures seront disponibles avant la fin de l'année. Dell, Sun, HP et IBM ont déjà annoncé la disponibilité de nos produits sur leurs serveurs depuis la fin septembre et jusqu'en janvier.
Reste qu'Intel vous a devancé en cassant ses prix?
Quant on adopte une politique d'agressivité, c'est soit que le produit concurrent est agressif, soit que son propre produit est obsolète et pèse sur les inventaires des clients ! Je vous laisse conclure pour Intel. En tout cas, la guerre des prix nous fait souffrir tous les deux.
Vous cherchez à conserver une avance en termes d'innovation, mais Intel maintient son avance industrielle; vous arrivez sur les 65 nm, il s'affiche en 45 nm?
Nous souhaitons maintenir notre cycle d'innovation. C'est vrai que nous sommes handicapés par la hauteur de notre investissement dans l'acquisition d'ATI. Nous investissons aujourd'hui sur l'apport de Barcelona et notre fabrication, à Dresde, est intégralement en 65 nm [nanomètres].
Pour le passage du 65 au 45 nm, c'est une question de stratégie industrielle pour mettre plus de composants sur un wafer [plaque de silicium sur laquelle sont gravés les processeurs].
Notre stratégie est d'incorporer toujours plus de fonctionnalités à même le processeur. Par exemple de manager la puissance, au niveau de chaque c?ur. Ou encore la sécurité que nous avons intégrée sur les versions précédentes.
Même si nous sommes plus petits qu'Intel, nous faisons en sorte qu'ils nous suivent.