L'ICANN veut enterrer le domaine .xxx
L'approbation finale du domaine '.xxx' est reportée sine die? L'ICANN joue la carte d'un dossier en attente de validation et en reporte la responsabilité sur l'Europe. Mais ce serait bien la main de l'Amérique puritaine qui serait derrière ce blocage
Rarement un nom de domaine aura été si controversé. Mais pire encore, jamais un nom de domaine, dont la validation a été annoncée, ne s'est retrouvé dans cette situation d'avoir son dossier bloqué par une administration américaine qui avance cachée.
Vinton Cerf, le président de l'ICANN, vient d'indiquer que l'approbation du domaine '.xxx' restait soumise à la validation du dossier par le GAC (governmental advistory committee). L'issue finale du domaine, à savoir sa disponibilité, a été retirée de l'agenda du conseil d'administration de l'ICANN. ICM Registry, l'organisme à l'origine de la demande, et qui a déjà engagé des millions de dollars dans cette démarche, ne décolère pas. En effet, jusqu'à présent un dossier de nouveau nom de domaine n'était fourni au GAC que pour information. Une fois d'ailleurs que le nom de domaine objet de la demande a été validé par l'ICANN. Un dossier de domaine, qui dans cette affaire représente un volume de 350 pages, a toujours été une démarche purement administrative d'information du GAC a fortiori. Il est donc évident que l'ICANN fait tout pour ralentir, voire bloquer le dossier '.xxx'. Mais l'organisme controversé, on l'a vu lors de la dernière réunion du sommet de l'information numérique à Tunis, est-il véritablement le seul responsable de ce nouveau retard, et peut-être de la mise au rebut du projet ? Mis en accusation par ICM Registry, mais aussi par la presse internationale, l'ICANN a lancé une rumeur comme quoi le retard serait en grande partie imputable à la Commissaire de l'Union européenne Vivian Reding. Cette dernière aurait tenté de faire pression sur le conseil d'administration de l'ICANN sous le prétexte que l'Europe souhaitait participer aux négociations. La commissaire a dénoncé ces propos et on voit difficilement comment ni pourquoi elle aurait fait pression alors que l'Europe s'est clairement prononcée pour le domaine '.xxx' ? En réalité, il faut plutôt voir dans ce dossier la main de l'administration Bush. En effet, il n'y a que deux pays qui aujourd'hui restent opposés au domaine '.xxx', le Brésil et les États-Unis. Or, c'est bien ce dernier qui possède le contrôle de l'ICANN ! Le président Bush, en cédant bien volontiers aux lobbys des mouvements chrétiens américains, s'est toujours prononcé contre l'adoption de ce domaine. C'est d'ailleurs lui ou son administration qui depuis le début de ce dossier ont systématiquement été à l'origine des différents reports. L'affaire du domaine '.xxx' vient une nouvelle fois démontrer la volonté des États-Unis de conserver le contrôle de l'ICANN et contredire le discours de son représentant lors du sommet de Tunis. L'Amérique entend conserver la main sur les domaines de l'Internet, mais elle démontre ici que ses motivations, même religieuses, priment sur l'avis de la communauté mondiale, même si cette dernière est unanime.
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