L'Industrie du disque propose un outil anti-P2P
Les Majors utilisent vraiment tous les moyens possibles pour empêcher les internautes d'utiliser le peer-to-peer. On a pu observer les multiples procès contre les éditeurs des plate-formes d'échange, les procès contre les internautes, les campagnes d'intimidation, les outils de surveillance automatique, les fichiers leurre.
Mais ça ne suffit pas. L'Industrie souhaite bloquer l'accès à ces sites à la source. Même si le P2P ne sert pas qu'à échanger des fichiers pirates (loin de là), les Majors rêvent d'un monde parfait où les ordinateurs seraient bridés et surveillés 24 heures sur 24. C'est dans cette logique que la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI) annonce fièrement la disponibilité sur son site Internet de Digital File Check (DFC), logiciel de surveillance et de blocage des échanges de fichiers. Surveillance ? Non, contrôle parental s'empresse de souligner l'Ifpi. En effet, il faut empêcher nos chères têtes blondes d'amputer les colossaux bénéfices des maisons de disque en les empêchant purement et simplement d'échanger des fichiers. Car Digital File Check fait le ménage par le vide ! Le logiciel empêche l'accès aux plate-formes d'échange préalablement listées (alors qu'elles ne sont pas illégales, du moins en France). Mais ce n'est pas tout. Le soft peut aussi bloquer définitivement l'échange de tout fichier depuis l'ordinateur. Envoyer une photo par MSN: impossible, circulez y'a rien à voir! Partager une musique légalement achetée: des clous, utilisez la poste ! Et je garde le meilleur pour la fin: DFC détruit les fichiers présents dans le dossier de partage dans Windows. Et tant pis si les fichiers sont légaux ou pas, Digital File Check ne fait pas la différence, il efface, il disperse, façon puzzle. Evidemment, un simple mot de passe permet de désactiver toutes ces protections. Mais sans celui-ci, l'ordinateur devient aussi muet qu'une carpe, le paradis pour l'Industrie du disque. Cette dernière continue à essayer de nous faire pleurer. Pauvres maisons de disque confrontées au désastre du P2P. Mais l'hystérie n'est pas loin. D'autant plus que les derniers résultats des grandes Majors prouvent qu'elles retrouvent la santé. Universal Music, première maison de disque mondiale a fait état pour le premier semestre d'un bénéfice qui explose de 49% à 1,2 milliard d'euros. Pas mal pour une entreprise « saignée » par le P2P. Ce n'est pas en interdisant l'accès et l'utilisation d'une innovation technologique plébiscitée par tous que le secteur s'enh sortira. D'ailleurs le trafic P2P ne cesse de progresser. Les alternatives existent: comme la licence légale ou taxe payée sur l'abonnement Internet. Des voix de plus en plus nombreuses estiment ainsi que le combat contre le P2P est vain et qu'il serait plus judicieux de l'encadrer. Ainsi, le député UMP (!) Alain Suguenot vient de déposer une proposition de loi visant à légaliser les échanges de fichiers. « La solution présentée consiste, d'une part à placer dans un cadre légal les millions d'internautes (8,5 millions de personnes, dont 750.000 utilisateurs réguliers d'après le Credoc) qui partagent de la musique, des oeuvres audiovisuelles, des images et des photographies en ligne et, d'autre part, à prévoir un mode rémunération pour toute la chaîne de création artistique », explique la proposition. Utopie ? Pas totalement, la solution présentée repose sur un principe simple : il suffit de trouver un mode de rémunération, par exemple un prélèvement sur l'abonnement de l'Internaute pour que les ayant droits aussi bien que « les usagers pirates » affublés de tous les sobriquets y trouvent l'équilibre. « Six années se sont déjà écoulées sans que le marché et les usages sociaux n'aient pu être régulés sur cette question. L'absence de solution fait perdre des millions d'euros aux artistes. » a-t-il déclaré lors de son allocution. De plus, le député condamne les agissements des industriels du secteur qui cherchent par tous les moyens à faire trembler les Internautes en usant et abusant de campagnes publicitaires très agressives.(Lire nos articles) Mais les propositions de licence légale (ou autres) sont systématiquement rejetées par les FAI et les Majors. Les fournisseurs ne veulent pas pénaliser les non-utilisateurs tandis que les Maisons de disque refusent toute légalisation de ces plate-formes. Alors la guerre va continuer, et les Majors de se tirer une balle dans le pied: leurs ennemis jurés, les adeptes du P2P sont aussi leurs principaux clients.
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