L'industrie du cinéma propose enfin une alternative au P2P
On le sait, la hausse des débits sur Internet encourage le téléchargement illégal. Et si on parle beaucoup des échanges de fichiers musicaux en peer-to-peer, le cinéma n'est pas en reste. Les logiciels d'échange du type eDonkey et surtout Bittorrent permettent de trouver n'importe quel film, récent ou pas, copie de DVD ou même screener (copie pirate avant sa sortie).
Selon une étude publiée par la Motion Picture Association chargée de la classification des films aux Etats-Unis, 25% des internautes dans le monde ont déjà téléchargé un film. En France, 27% des abonnés haut débit déclarent avoir déjà téléchargé au moins une fois un film sur Internet. Un taux certainement en dessous de la réalité. Une autre étude montre que les « pirates » français sont trois millions et qu'ils téléchargent en moyenne onze films par mois, soit au total 32 millions par mois ou 1,1 million par jour. Pour autant, l'industrie du cinéma a mis très longtemps à réagir, à la différence des Majors du disque. Aux Etats-Unis, pas de surprise, la MPAA a décidé d'appliquer les même méthodes que la RIAA, à savoir les poursuites judiciaires et hasardeuses (voir nos articles). En France, le secteur semble plus mesuré. Les professionnels du cinéma ont présenté cinq propositions visant à aboutir à une offre légale, sécurisée et payante de films sur internet, parade indispensable pour lutter contre le piratage. « Il s'agit d'un document de travail cohérent qui constitue le point de départ d'une discussion. C'est un document qui émane de l'ensemble du cinéma français », a déclaré à l'AFP Michel Gomez, délégué général de l'ARP (société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs. Selon Michel Gomez, « le corps de ce programme est constitué de cinq idées » : développement de la VOD (video on demand) uniquement sur des réseaux sécurisés; paiement uniquement à l'acte (par opposition au forfait); rémunération minimale aux ayants droit à chaque téléchargement; pas de communication sur la VOD du film avant l'ouverture de sa 'fenêtre'; obligation de pré-achat de films au-delà d'un certain volume de chiffre d'affaires. La 'fenêtre' de la VOD s'ouvrirait neuf mois après la sortie en salles pour les films ayant fait moins d'un million d'entrées et douze mois pour ceux faisant plus d'un million d'entrées. Des délais jugés trop longs par les fournisseurs d'accès Internet. « On ne luttera pas efficacement contre la piraterie sans offre alternative licite. Chacun le sait. Pourtant celle-ci tarde à venir », tempère Catherine Colonna, directrice générale du CNC (Centre National de la Cinématographie). Nous sommes donc encore loin d'un début d'offre légale. Si le principe de la VOD semble accepté, il faudra déterminer à quel moment il intervient dans la chronologie des médias (c'est-à-dire l'ordre et les délais de diffusion des films). La problématique est plus complexe que celle observée dans la musique. Quand on sait qu'il a fallu près de deux ans pour mettre en place les plate-formes légales de téléchargement musical en France, il y a de quoi être inquiet. Mais à la grande différence de la musique, le P2P de films ne semble pas pénaliser les entrées dans les salles obscures. Les industriels ne peuvent pas affirmer que le P2P grève leurs recettes. Selon une étude du CNC datant de mai dernier (qu'on ne peux pas accuser d'être un partisan du P2P), sur dix téléchargeurs de films sur internet, 2,1 seulement vont moins au cinéma. Preuve que la salle obscure reste attractive et que l'Internaute téléchargeur est également un client régulier des cinés. Il faut dire aussi que visionner un film sur son PC n'a rien à voir avec les sensations d'une véritable projection en salle. Même la télévision ne semble pas pénalisée puisque 2,4 internautes téléchargeurs sur 10 regardent globalement moins la télévision tandis que 2 sur 10 regardent moins les chaînes payantes. Les conséquences négatives du P2P concernent plus la vidéo: 3,8 téléchargeurs sur 10 disent avoir réduit leurs locations de vidéo et 3,5 ont réduit leurs achats vidéo.
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