La presse en ligne...de mire
À l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, le bilan est mauvais. Nombreux sont les journalistes sous la menace de censure et de violence. Notamment pour ceux qui travaillent sur Internet. Selon reporters sans frontières, en 2004, 53 journalistes ont été tués, et 107 emprisonnés
L'organisation de défense de la presse par l'intermédiaire de son secrétaire général Robert Ménard souligne que
« la liberté de la presse est, au fond, une affaire trop sérieuse pour être confiée aux seuls journalistes. Elle est, ou plutôt elle devrait être, l'affaire de tous. » L'association souligne également le fait que la presse en ligne est elle aussi de plus en plus confrontée à la censure et à la violence. 34 « prédateurs de la liberté de la presse », 53 journalistes tués et 107 emprisonnés, c'est le dernier bilan de l'organisation de défense de la presse Reporters Sans Frontières (RSF). « Ces prédateurs, souligne RSF, ne sont que les figures les plus connues d'une liste noire de criminels de la liberté de la presse », une liste dressée par l'organisation depuis le 1er janvier. RSF a établi une carte sur laquelle les États où la situation de la presse est « très grave » apparaissent en rouge. Y figurent Cuba, la Libye, l'Érythrée, le Zimbabwe, la Syrie, l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, l'Iran, le Turkménistan, la Chine, la Corée du Nord, le Népal, la Birmanie, le Laos et le Vietnam. De l'Arabie saoudite au Zimbabwe, du prince héritier Abdallah au président Robert Mugabe, 34 personnalités de 30 pays, pour la plupart des chefs d'Etat, sont ainsi épinglées à travers le monde. Le continent américain, note RSF, « a dû faire face à une recrudescence de la violence envers la presse » avec 12 journalistes tués en 2004. 2004 : Année de la censure et des violences En Asie et dans le Pacifique, la presse indépendante est « sous la menace de la censure et de la violence« . En Europe et dans l'ex-URSS, le bilan est « mitigé ». Au Maghreb et au Moyen-Orient, la liberté de la presse est « réduite comme peau de chagrin », avec 27 journalistes emprisonnés pour « diffamation », « insulte au chef de l'État », « insulte à l'islam » ou « propagation de fausses nouvelles », dont la moitié en Iran. La France, où la liberté d'expression a été au c?ur des débats en 2004, n'est pas sans reproche : création de nouveaux délits de presse, interdiction de la chaîne libanaise Al-Manar (même si celle-ci se justifie au vu de son antisémitisme viscéral), adoption d'une loi responsabilisant les FAI quant aux propos mis en ligne par les sites hébergés, inquiétudes concernant la protection du secret des sources, neuf journalistes agressés. Internet, qui est devenu un média à part entière, est aujourd'hui la cible des attaques des censeurs. Dans de nombreux pays. Car cet accès global à l'information fait peur aux dirigeants. Tunisie ONG nationales et internationales ont lancé une semaine de manifestations sur l'état des « libertés d'expression, de création, de communication » y compris l'accès et la navigation sur la Toile à partir de la Tunisie. La journée a été marquée par un message du président Zine El Abidine Ben Ali qui a promis de « consolider davantage la liberté de la presse » et exhorté les journalistes à un « rôle majeur » à l'occasion du SMSI, le Sommet mondial de la société de l'information (SMSI), prévu en novembre à Tunis. Le propos a de quoi étonner. Car l'instigateur de la censure en Tunisie endossant le costume du défenseur de la liberté? on croit rêver ! D'ailleurs, ce sommet tunisien est largement critiqué par les défenseurs des droits de l'Homme, accusant ce pays de brimer les libertés et de verrouiller l'accès à Internet. La semaine a été inaugurée mardi par une pétition en faveur du journaliste islamiste Abdallah Zouari, banni à 500 km de sa famille depuis sa libération de prison. Libéré en juin 2002, ce journaliste islamiste a été condamné à trois reprises à une peine cumulée de 13 mois de prison, avant d'être soumis au contrôle administratif. Il est actuellement « surveillé en permanence, suivi par la police politique, empêché de communiquer avec le monde extérieur, réduit à vivre dans une prison sans barreau », lit-on dans le texte transmis à l'AFP. Le coup d'envoi des manifestations devait également donner lieu à une rencontre de solidarité avec les « internautes de Zarzis » un groupe d'internautes condamnés à de lourdes peines pour terrorisme, à la suite de la visite de sites Internet jugés subversifs. Caricatures et projections de films sont également au menu de la semaine dédiée à Zouhair Yahyaoui, cyber-dissident fondateur du site « TuneZine », disparu au mois de mars. Les organisateurs qui souhaitent dresser un état des lieux en vue de la participation des ONG au Sommet mondial de la société de l'information (SMSI), devaient également exprimer leur appui à l'avocat Mohamed Abbou condamné le 28 avril à la prison pour la diffusion sur le Net d'un article critique sur les prisons tunisiennes. Chine Premier au palmarès de la censure : l'empire du Milieu est également premier en nombre de journalistes emprisonnés. Elle détient ce triste record avec 27 journalistes derrière les barreaux, dont Chen Renjie et Lin Youping, du journal Ziyou Bao, en prison depuis juillet 1983. D'un côté, la Chine se développe et adopte en masse toute les nouvelles technologies comme Internet et la téléphonie mobile (elle annonce 28% d'internautes en plus pour 2005), de l'autre, cet accès à l'information est strictement surveillé. Encore une fois, la Chine s'illustre dans le domaine de la liberté d'expression et d'information. Internautes dissidents en prison, fermeture de 12.000 cyber-cafés et surtout censure des contenus (Googgle News). De nombreux sites sont bloqués par les autorités chinoises qui craignent une propagation d'idées subversives. Cela ne risque d'ailleurs pas de changer puisque selon l'agence officielle Chine nouvelle « tous les messages publiés par les internautes seront soumis à une censure et à un filtrage stricts avant d'apparaître sur Internet ». Des propos qui ont au moins le mérite d'être clairs! Internet fait blêmir la Chine qui voit dans ce moyen de communication une fenêtre ouverte sur le monde et donc un moyen d'émancipation politique pour le peuple. Une ouverture sur le monde qui n'est pas du tout du goût du parti unique qui fait le grand écart entre sa volonté de transformer le pays en réelle puissance économique et sa paranoïa. Iran Entre deux exécutions sur la place publique, les Mollahs censurent les sites qu'ils qualifient d' »immoraux » ou « indécents ». Les dictatures n'aiment pas Internet. Or, interdire l'accès au réseau est quasiment impossible. Le pouvoir se contente donc de bloquer pas moins de 15.000 sites. Du coup, les régimes totalitaires jouent la carte de la censure, et font l'amalgame entre indécence, pornographie et libre expression des opinions politiques. Un prétexte pour censurer des milliers de sites. Accusés d'immoralité ou d'offense à la République islamique, les sites en question n'ont pas fait long feu. Téhéran a systématiquement ordonné l'éradication des sites de « mécréants ». « Nous avons commencé à bloquer l'accès à des sites immoraux ou qui se moquent insolemment des figures politiques et religieuses du pays », a déclaré, selon la presse, le vice-ministre de la Poste et des Télécommunications, Massoud Davari-Nejad. Il s'agit d'un épisode de plus dans le contrôle des médias exercé par le gouvernement islamiste. Nombre d'éditeurs réformistes se sont tournés vers Internet en raison de la censure qui a frappé quelque 80 quotidiens et magazines au cours des trois dernières années. Les sites visés par ces restrictions sont iraniens, mais surtout étrangers, notamment des sites pornographiques ou des radios américaines émettant en persan vers l'Iran. Etre journaliste au XXIème siècle ! Mais alors que faire de sa peau, quand on est journaliste au XXIème siècle? Comment ne pas se désespérer quand votre parole est déformée, « kamikazée », détournée par la machine gouvernementale et la pensée marchande! Finalement, il suffit d'un peu d'inattention, d'une baisse de vigilance pour être une victime. Qu'il s'agisse de censure ou de violence, de presse traditionnelle ou de presse en ligne, le mythe du « Big Brother is watchnig you » est toujours une bien triste réalité. Pour autant, cette activité résistante au service de la démocratie a la peau dure. Et de nouveaux démiurges solitaires, des rebelles volontaires, dignes descendants des Chauvel, Marchand, Wolff, Kravetz, s'acharnent : « Parce que sans liberté de la presse il n'y a pas de démocratie viable »(Albert Londres). Les Français et leur presse
Selon un sondage CSA pour Reporters Sans Frontières, 59% des français estiment que compte tenu des risques encourus, les journalistes ne doivent pas aller en Irak. Selon ce sondage publié à l'occasion de la journée de la liberté de la presse, 86% des français ont une « bonne opinion » du métier de journaliste : 22% une « très bonne », 64% une « assez bonne opinion » et 11% une « mauvaise opinion ». 3% ne se prononcent pas. 57% des français jugent que le gouvernement n'en fait pas assez pour libérer la journaliste de
Libération Florence Aubenas et son guide Hussein Hanoun. 40% se disent prêts « probablement » à participer à une action de soutien en faveur de leur libération, 33% « certainement », 16% « probablement pas », et 9% « certainement pas ».
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