Le partenariat entre l'État français et Cisco passe mal
La franche collusion entre l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) et l'industrie IT US fait couler beaucoup d'encre depuis les premières révélations d'Edward Snowden sur la surveillance de masse en juin 2013. Les interrogations du public n'ont pourtant pas empêché Manuel Valls de valider, le 16 février dernier, les grandes lignes d'un partenariat d'ampleur conclu entre l'État français et l'équipementier réseau Cisco, lors d'une rencontre avec son CEO, John Chambers.
En plus d'un investissement de Cisco dans les startups françaises du numérique à hauteur de 100 millions de dollars, ce partenariat couvre : la formation de 200 000 personnes en trois ans, le financement de chaires d'excellence ou encore des collaborations académiques et industrielles dans la cybersécurité, les réseaux intelligents et la ville intelligente. Tout un programme ! Pour la députée et spécialiste des thématiques numériques Laure de La Raudière des interrogations demeurent quant à la préservation de la souveraineté numérique de la France. D'autant plus que l'intervention controversée du président des États-unis, Barack Obama, le 18 février, sur l'action européenne à l'encontre des entreprises de la Silicon Valley, n'a pas rassuré.
L'État français se laisse « acheter »
La députée d'Eure-et-Loir (UMP) a donc adressé à la secrétaire d'État en charge du Numérique au sein du gouvernement Valls, Axelle Lemaire, trois questions écrites, mardi 3 mars (n°75018, n°75019 et n°75020) dévoilées par nos confrères de Nextinpact. Laure de La Raudière souhaite savoir si l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) a été consultée par le Premier ministre avant la conclusion de l'accord avec Cisco. Si oui, elle souhaiterait que la représentation nationale puisse accéder à cet avis. La députée cherche également à connaître les raisons pour lesquelles le gouvernement a choisi de confier un grand programme de formation à Cisco, une entreprise américaine, « plutôt que des partenaires français tels que, par exemple, l'École 42, OVH, Atos, Orange, Capgemini. en capitalisant sur nos laboratoires publics (CNRS, INRIA.).» La députée déplore, enfin, que la France se laisse « acheter » par les géants américains du numérique plutôt que de s'appuyer sur ses propres forces. Et souhaiterait savoir comment le partenariat avec Cisco s'inscrit dans l'objectif de transformation numérique « de nos grands groupes » ou dans la création de nouveaux grands groupes français du numérique.
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