Les premiers pas de Neuf Cegetel
Neuf Cegetel est né. Après le feu vert de Bercy, les deux opérateurs alternatifs ont officialisé leur rapprochement lors d'une première assemblée générale. Le paysage français des télécoms vit donc un changement important avec ce nouvel acteur de poids qui va chercher à titiller la domination de France Télécom dans le téléphone fixe et Wanadoo et Free dans l'Internet à haut débit. Selon le premier communiqué du nouveau groupe, Jacques Veyrat a été nommé Président directeur général du Groupe; Michel Paulin, Directeur général délégué. Ces nominations soulignent l'absence des anciens dirigeants de Cegetel, filiale de SFR, aux postes clefs de la nouvelle entité et de fait sa prise de contrôle par Neuf Telecom. Auparavant, les actionnaires de neuf telecom, réunis en assemblée générale, ont approuvé l'entrée de SFR au capital de la société en procédant à une augmentation de capital et à l'émission d'obligations convertibles, en rémunération de l'apport par SFR de 100% de Cegetel. Les groupes Louis Dreyfus et SFR détiennent ainsi chacun 28% du capital, les 44% restants étant détenus par les actionnaires minoritaires historiques de neuf telecom. Le nouvel ensemble, qui représente un chiffre d'affaires 2004 de plus de 2,5 milliards d'euros (pro forma), est désormais premier opérateur alternatif sur le marché du grand public, premier fournisseur d'accès Internet alternatif en part d'acquisition (20% au T2 05) mais reste loin de Wanadoo en terme de nombre d'abonnés, premier opérateur alternatif sur le marché des entreprises. Les deux tourtereaux ont donc décidé de se donner une nouvelle chance. Ils ont déjà discuté mariage l'an dernier mais les discussions avaient alors achoppé sur des questions de direction de la nouvelle entité. Cette fois, face à un marché qui se consolide à grande vitesse, il n'était plus question de perdre du temps. Ce mariage est avant tout de raison. Les deux opérateurs se battent sur le même terrain: téléphonie fixe et ADSL ; et sont pénalisés par la guerre des prix et une concurrence fragmentée. Cegetel et Neuf Telecom s'unissent donc dans l'ADSL afin de venir titiller la deuxième place de Free. Ce dernier compte plus d'un million d'abonnés à l'Internet rapide tandis que Cegetel en possède plus de 300.000 et Neuf, environ 540.000. Selon les patrons des principaux FAI, il restera à terme environ trois à cinq acteurs contre environ 10 aujourd'hui. Telecom Italia s'est emparé de Tiscali France et progressivement, les plus faibles disparaissent: la Poste, Oreka. Par ailleurs, les coûts faramineux du développement technologique de l'activité ADSL, et le coût d'acquisition toujours plus élevé des abonnés, expliquent aussi cette volonté pragmatique. En se positionnant comme le premier opérateur fixe grand public alternatif, Neuf Cegetel entend tailler des croupières à France Télécom. Il reste pourtant 7 fois et demie plus petit que l'opérateur historique, constate le quotidien
Les Echos. Enfin, sur le marché de la téléphonie professionnelle, le rapprochement répond également à une évidence. Neuf Telecom et Cegetel occupent les deuxième et troisième places derrière France Télécom. Déjà un rapprochement a eu lieu début mars entre Neuf Telecom et SFR, la branche téléphonie mobile du groupe SFR-Cegetel, par le biais d'un accord d'opérateur mobile virtuel (MVNO) à destination de la clientèle entreprise. La nouvelle direction devra par ailleurs traiter le dossier sensible de l'emploi. Aujourd'hui, Neuf Cegetel compte 3.800 salariés. Selon la fédération syndicale Sud PTT, la restructuration pourrait aboutir à la suppression de 500 à 1.000 emplois. Les négociations doivent commencer en septembre. La direction a assuré à plusieurs reprises que les départs se feraient sur la base du volontariat.
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