MVNO: Tele2 Mobile vise la 3è place en France
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Adossé à Orange, l'opérateur virtuel affiche de hautes ambitions avec des offres simples et 'low-cost' (à partir de 9,85 euros/mois). Il mise sur son parc d'abonnés fixe pour atteindre ses objectifs. De quoi enfin dynamiser le marché?
L'arrivée de Tele2 sur le marché du mobile est attendu depuis des années. Après de très longues et tumultueuses négociations, le groupe qui exploite des MVNO un peu partout en Europe est enfin parvenu à un accord avec Orange le 14 avril dernier.
Personne n'a oublié les déclarations assassines de Jean-Louis Constanza, patron de Tele2 France. Pour lui, les opérateurs virtuels qui ont débarqué ces derniers mois n'ont pas changé la donne. Non seulement, ils ne font pas le poids face à Orange et SFR (qui contrôlent 80% du marché) mais en plus, leur positionnement de niche ne leur permet pas de dynamiser le marché. Les chiffres, il est vrai, lui donnent raison. Ils représentent aujourd'hui à peine 0,03% du marché lorsqu'aux Pays-Bas par exemple, les MVNO rassemblent 20% du marché. Leur croissance ici est dix moindre que celle de l'ADSL. Le régulateur, le Conseil de la Concurrence et même l'ancien ministre de l'Industrie ont, eux aussi, dénoncé le manque d'ouverture du secteur malgré l'arrivée de quelques MVNO: Debitel, Breizh Mobile et la relative mauvaise volonté des trois opérateurs en place. Tele2 a toujours affirmé que lorsqu'il deviendrait opérateur virtuel, les choses changeraient: Vous allez voir ce que vous allez voir. promettait le groupe qui en France a fait son trou avec la téléphonie fixe et, dans une moindre mesure, avec les accès à Internet. Secouer le marché! Deux mois après la signature de l'accord avec Orange qui lui vendra de l'accès et des minutes de communication en gros, Tele2 lance donc son offensive. Le résultat n'a rien d'exceptionnel. Tele2 Mobile se cale sur le même positionnement que son offre fixe: simplicité et prix cassés. Mais les objectifs sont eux assez ambitieux. « Nous visons la place de 4e et à terme, celle de 3e opérateur français devant Bouygues Telecom », explique calmement Jean-Louis Constanza. L'objectif de rentabilité est fixé à trois ans. Pour y parvenir, Tele2, à la différence des autres MVNO, dispose de deux atouts de taille: la puissance de sa marque et sa base d'abonnés fixe, soit 3,5 millions de foyers. Ce sont eux qui seront d'abord visés avec une campagne d'e-mailing ciblée. L'objectif dans un premier temps et de convertir 10% de cette base. L'enjeu est important, « Ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui ont été investits », souligne Jean-Louis Constanza. On imagine alors que le contrat avec Orange répond aux exigences de l'opérateur. Car ces conditions ont maintes et maintes fois été critiquées par Tele2. Très diplomatiquement, Jean-Louis Constanza a mis un peu d'eau dans son vin: « Le débat a été long mais progressif. On ne voulait pas démarrer avec une petite offre. Les dernières conditions proposées par Orange nous permettent juste de passer la barre. Mais on estime toujours que les prix de gros restent trop élevés ». Le groupe attend également que le régulateur fasse pression. « L'Arcep (ex-ART) doit désormais faire une analyse trimestrielle de l'avancée du marché des MVNO, ce qui pourrait déboucher sur de nouvelles contraintes pour les opérateurs », souligne le directeur général. Pour autant, ce dernier regrette et se dit même étonné de la réaction de la Commission européenne qui a retoqué les propositions du régulateur visant à dynamiser le marché (voir notre article). En attendant une nouvelle négociation dépendante du succès de son offre, Tele2 compte sur ses forfaits pour convaincre, séduire ses propres abonnés et surtout les primo accédants. Low cost Simple et pas cher, tel est le slogan. Trois forfaits sont donc disponibles à partir du 17 juin: 30 minutes, 1 heure et 2 heures. Sans engagement et sans mobile, les tarifs sont respectivement de 9,85 euros, 14,85 euros et 21,85 euros par mois. Avec un engagement de 24 mois et un mobile offert (le Nokia photophone 6060i et lui seul pour le moment), les tarifs sont de 14, 19 et 26 euros par mois. La minute hors forfait est facturé 30 centimes, le SMS est vendu 9 centimes, soit le prix le plus bas du marché. Mais aucun SMS n'est inclus dans les forfaits. La messagerie, le double appel, la présentation du numéro, l'option monde, la facture détaillée sont gratuites. L'option GPRS est également gratuite mais le Mo échangé n'est pas donné: 10 euros. « Ces trois forfaits couvrent 80% des besoins des consommateurs », assure l'opérateur. Ils seront distribués par Internet et par téléphone. Tele2 se fera-t-il une place au soleil? La partie sera plus facile grâce à la base abonné de l'opérateur et à la puissance de la marque. Car l'offre en elle même n'est pas très éloignée de celle de Debitel par exemple. Mais pour vraiment se démarquer, Tele2 devra jouer la carte de la convergence entre ses offres fixe/mobile/Internet. Une convergence en préparation, assure-t-on.