MVNO: Tele2 signe enfin avec Orange
Après des longs mois de négociations, d'intimidations et de menaces, Tele2 a finalement conclu un accord de MVNO (Mobile Virtual Network Operator). Les opérateurs mobiles virtuels achètent des minutes de communication en gros aux opérateurs mobiles possédant un réseau pour les revendre sous leur marque à leurs clients à un prix inférieur à celui du marché de détail.
Tele2 signe donc avec Orange. Après Breizh Mobile, il s'agit du deuxième MVNO adossé à la filiale mobile de France Télécom. Les premières offres de 'Tele2 Mobile' seront lancées à la fin de l'année. Et comme Debitel avec SFR, Tele2 vendra ses services de téléphonie mobile en direct, par téléphone et sur internet. Selon un communiqué de France Télécom, l'accord reprend les principes sur lesquels est fondé le contrat signé, en juin 2004, avec OMER Telecom (Breizh mobile), en particulier : une tarification basée sur le principe dit « retail minus », un modèle opérationnel et d'architecture identique aux contrats MVNO déjà signés. Les choses n'étaient pourtant pas gagnées. Cela faisait des mois que Tele2 négociait ferme afin d'obtenir des conditions satisfaisantes afin de lancer une marque mobile, notamment au niveau du prix de gros des communications et des remises liées au volume. Visiblement, Orange a fait des efforts importants pour convaincre un opérateur qui refusait jusque là ses propositions. « Nous nous félicitons de sortir positivement de notre différend avec Orange, et de pouvoir ainsi fournir, avant la fin de l'année 2005, des offres mobiles à nos clients », explique Jean-Louis Constanza, Directeur Général de Tele2 France. Excédé par l'attitude d'Orange, Tele2 avait saisi l'ART en mars dernier. « Après 4 ans d'efforts, et une dernière phase de négociations MVNO infructueuses de 6 mois, Tele2 fait appel à l'ART pour conduire Orange à lui vendre des minutes en gros, et entr'ouvrir ainsi le marché français des mobiles », expliquait Tele2. « Tele2 souhaite simplement bénéficier du contrat standard MVNO d'Orange, par exemple celui qui a été utilisé pour Breizh Mobile, complété notamment par des remises liées au volume, pour tenir compte des ambitions de Tele2. (.) Au contraire des MVNO déclarés, Tele2 a une ambition nationale et qui vise l'ensemble des consommateurs et des PME », soulignait l'opérateur qui semble avoir obtenu gain de cause. D'ailleurs, Orange évoque « des conditions très satisfaisantes ». Conséquence, la demande d'arbitrage déposée auprès du régulateur a été retirée. Tele2 s'y connaît en MVNO: il a lancé 5 opérateurs virtuels en Europe depuis 2000. Selon plusieurs sources, l'opérateur souhaite investir 150 millions d'euros dans ce projet en France, dont 100 millions en marketing. Et pour l'opérateur, son arrivée sur le marché des mobiles va « dynamiser le marché, en offrant aux français des services mobiles aussi simples et économiques que ceux qui ont fait son succès en téléphonie fixe ». Même discours de la part de France Télécom: « Cet accord va permettre, avec ceux déjà signés par Orange, d'accroître significativement la pénétration du mobile en France, favorisant, comme le souhaitent les pouvoirs publics, l'ART et le Conseil de la Concurrence, un dynamisme encore renforcé du marché ». C'est en effet l'objectif. L'arrivée de plusieurs MVNO: Debitel, Breizh Mobile, NRJ, M6 (ces deux derniers étant encore en cours de lancement) n'a pas ouvert le marché. Orange et SFR contrôlent toujours 80% du marché de la téléphonie mobile. D'ailleurs, début avril, le Conseil de la concurrence dressait un tableau assez noir de la situation en observant « plusieurs obstacles au développement d'une concurrence effective sur ce marché : les MVNO ne sont pas en mesure, actuellement, de concurrencer les trois grands opérateurs de télécommunications (Orange, SFR et Bouygues Télécom) ». La faute à qui? Aux opérateurs mobiles qui, selon le Conseil, multiplient les obstacles, dissuadent les clients de changer de fournisseur. Selon le Conseil, les contrats de MVNO ne sont pas non plus très bénéfiques pour les nouveaux arrivants en limitant leur champ d'action. L'ART vient de réagir en proposant une obligation de faire droit aux demandes raisonnables d'accès des MVNO (voir encadré). Tele2 changera-t-il la donne? L'opérateur n'a cessé de promettre qu'il animera véritablement le marché. On attend donc de voir. L'ART veut imposer une obligation de faire droit aux demandes raisonnables d'accès des MVNO
Pour stimuler le marché des opérateurs virtuels, et suite au constat du Conseil de la Concurrence qui pointe du doigt le blocage des trois opérateurs français, l'ART formule ses propositions. Le régulateur, comme le Conseil de la concurrence, propose de conclure que « Orange France, SFR et Bouygues Telecom exercent une influence significative conjointe sur ce marché de gros ». « Il paraît donc nécessaire d'accompagner l'ouverture du marché de manière transitoire par la régulation sectorielle », poursuit l'Autorité. L'Autorité propose donc « d'imposer à chacun des trois opérateurs mobiles métropolitains une simple obligation de faire droit aux demandes raisonnables d'accès émanant des opérateurs mobiles virtuels ou d'un nouvel entrant opérateur mobile de troisième génération. Dans ce dernier cas, l'accès consiste en la fourniture d'une prestation de gros d'itinérance nationale GSM , dont il est précisé que le tarif ne doit être ni excessif ni d'éviction ». L'Autorité rappelle qu'il s'agit là d'une régulation peu normative, mais aussi transitoire, ayant vocation à être retirée dès lors que le jeu concurrentiel assurera, à lui seul, un fonctionnement satisfaisant du marché de gros.
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