Offensive contre le méga-programme de Google
Les projets de Google font peur. En décembre 2004, le moteur de recherche annonce son intention de digitaliser quinze millions de livres et de les mettre en ligne en six ans. Immédiatement, de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer cette main mise sur la culture par le géant américain.
Concrètement, l'objectif est de répondre à un besoin ou un fantasme des chercheurs et des étudiants qui rêvent d'une bibliothèque virtuelle interactive. L'objectif du moteur de recherche est de diffuser sur Internet les collections de la bibliothèque de New York et de quatre universités américaines et une britannique: Michigan, Stanford et Harvard pour les USA, Oxford pour le Royaume-Uni. En Europe, Jean-Noel Jeanneney, président de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), déclare redouter « le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde ». Aujourd'hui, les bibliothèques nationales de 19 pays européens ont signé une motion destinée à contrer le gigantesque programme de numérisation de livres lancé par Google. La BNF est à l'origine de cette initiative basée sur l'union des forces et des compétences. Seules, les bibliothèques n'ont aucune chance de lutter contre Google. « Les dirigeants des Bibliothèques nationales soussignées souhaitent appuyer une initiative commune des dirigeants de l'Europe visant à une numérisation large et organisée des oeuvres appartenant au patrimoine de notre continent », déclare le texte. « Une telle entreprise suppose au niveau de l'Union une étroite concertation des ambitions nationales pour définir le choix des oeuvres. Elle appelle aussi le soutien des autorités communautaires pour développer un programme énergique de recherche dans le domaine des techniques qui serviront ce dessein », ajoute-t-il. Les Bibliothèques Nationales (BN) signataires proviennent d'Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie (Rome et Florence), Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Slovénie, Slovaquie, Suède. Le Royaume-Uni s'illustre comme à son habitude en refusant de signer la motion tout en soutenant l'initiative. Reste qu'il faudra se mettre d'accord. Ce n'est pas gagné. Et trouver les fonds nécessaires. Google estime le coût de son projet à 150 voire 200 millions de dollars.
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