Paris en ligne: la France entrouvre la porte
La rencontre survenue entre Eric Woerth et Jean-Pierre Jouyet (respectivement ministre du Budget et secrétaire d'État aux Affaires européennes) d'un côté et Charlie McCreevy (commissaire européen) de l'autre démontre que le monopole du jeu en France entame son chant du cygne. Relaté par Libération, l'entretien entre les ministres français et le commissaire européen chargé du Marché intérieur avait pour but de poser les premiers jalons d'une libéralisation des paris en ligne dans l'hexagone.
Rappelons que Bruxelles a lancé une procédure d'infraction contre la France qui refuse d'ouvrir le monopole de la Française des Jeux et du PMU, sous couvert de la protection des personnes. Mais comme les biens et services doivent circuler librement en Europe, Bruxelles considère que la France ne suit pas la règle. Pour éviter un procès qui ferait mauvais genre au moment où la France va prendre la direction de l'Union, le gouvernement semble mettre un peu d'eau dans son vin.
Dès 2008, les nouveaux acteurs du secteur devraient être en mesure de proposer leurs « services » aux millions de joueurs potentiels suspendus à leurs souris. Eric Woerth, le ministre du Budget, précise que l'ouverture du marché se fera de manière « maîtrisée« .
Pas question pour le gouvernement de perdre de vue les 37 milliards d'euros générés par les paris tout au long de l'année. Rappelons que le marché des paris en ligne pourrait générer dans les cinq ans 1,5 milliard d'euros.
La France, reste ouverte au « dialogue« , dans une certaine mesure. Tous les nouveaux sites qui ne manqueront pas de fleurir devront accepter la loi et les règles d'imposition française, sous réserve évidemment de se voir interdits et d'être déclarés illégaux.
La libéralisation a ses limites. L'une des barrières susceptible de freiner les ardeurs des nouveaux venus (certains comme Unibet sont déjà accessibles depuis la France même si officiellement ils sont illégaux.) risquent d'être financière. Eric Woerth exige des sociétés de paris en ligne un investissement dans le secteur hippique à la hauteur de celui du PMU. Difficile pour des jeunes sociétés de prétendre rivaliser avec une entreprise hippique qui a pignon sur rue depuis des décennies. Le système des cotes variables, cher aux britanniques ne pourra pas être utilisé en France, le pari mutuel devra être la règle.
Le gouvernement se veut officiellement protecteur des bonnes moeurs et de l'ordre public. Il est surtout le protecteur des intérêts de la Française et du PMU.
Interrogé par Le Figaro, Christophe Blanchard-Lignac, p-dg de la Française des jeux réclame du « temps et des moyens pour [se] préparer à la concurrence ainsi qu'un cadre de responsabilité et d'équité fiscale« . De son coté, Bertrand Bélinguier, le président du PMU souligne « l
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es préoccupations d'ordre moral et public » inhérentes à la pratique des paris. Bien sûr !
Quoi qu'il en soit, le monopole antédiluvien accordé jusque là aux casinos, au PMU et à la Française des jeux devrait commencer à se fissurer dès l'année prochaine. Une échéance qu'aurait dû attendre Petter Nylander, le p-dg d'Unibet, récemment mis en examen pour « prise de paris illicites ».
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