Premier colloque 'Spam': un fléau au contour mal défini
Un email sur deux est un spam ! A l'heure où spammeurs et hackers semblent se tourner vers des communautés de moyens, c'est une véritable guerre qui est engagée contre le spam. Avec enfin une affirmation commune de tous les acteurs du numérique de lutter contre ce fléau.
Plus de 250 professionnels, politiques et communicants ont assisté au premier colloque Spam Forum. ne manifestation qui tombe à pic pour faire le point sur l'état des lieu du spam en France et sur les positionnements des acteurs de l'email. De la difficulté de s'entendre sur la définition du spam Il n'est pas simple de s'entendre sur la définition du spam, que l'on soit utilisateur, entreprise, politique ou marqueteur, français, européen ou américain. Trois points de recoupement existent cependant : le spam est lié à l'email, il pollue les messageries, mais surtout il est expédié sur des adresses acquises illégalement. Cette dernière notion est essentielle, car elle bénéficie en France de l'une des rares batteries de moyens pour lutter contre ces pratiques, la Loi Informatique et Liberté, représentée par la CNIL. Tous spammés A moins de vivre dans un isolement total, il n'est pas un internaute qui ne soit pas victime aujourd'hui de spam. Car un mail sur deux peut être apparenté à cette pratique répréhensible, et plus de deux milliards d'emails spammés ont circulé en octobre 2003. Un phénomène qui prend sa source à la fois dans la volonté de certains individus de faire 'facilement' de l'argent sur la crédulité des internautes, mais aussi dans le protocole SMTP, dont la simplicité avantage sérieusement les contrevenants. La culture Internet de la gratuité et du partage rendent, qui implique l'anonymat et entraîne une absence de contrôle ont aussi participé au développement du phénomène. L'Europe contre les Etats-Unis Les législations se mettent en place, mais en ordre dispersé. La directive européenne 95 privilégie l'opt-in, c'est-à-dire le préalable du consentement préalable de l'internaute, tandis que les Etats-Unis ont choisi l'opt-out et leur culture de l'honnêteté, qui ne prévoit qu'un droit d'opposition après coups, l'adresse collectée restant valable tant que l'internaute n'a pas demandé sa désinscription. La France reste à la traîne? La date butoir de l'entrée en application de la directive 95 était fixée au 31 octobre ! Le texte doit passer en seconde lecture à l'Assemblée vers la mi novembre. Et la collaboration internationale tarde à se mettre en route. Les états européens entrent en ordre dispersé dans la directive. Pourtant l'arsenal législatif et pénal manque, et la gravité du phénomène, qui dépasse aujourd'hui les virus, demande une réactivité. Les plaintes déposées auprès de la FTC restent lettre morte ! Pourtant, 95% du spam est de langue anglaise, provenant dans sa grande majorité des Etats-Unis. En France, le spam d'origine française représente moins de 3% du volume global. Peut être la peur de la CNIL limite le risque, bien que sur cinq poursuites, trois ne peuvent aboutir, puisqu'elles visent des entreprises américaines ! Les FAI en première ligne Les fournisseurs d'accès souhaitent amender la directive 95. Puisque l'internaute français hésite à porter plainte, pourquoi ce rôle ne peut-il revenir à son FAI ? Avec 50% du volume des échanges, le spam représente la moitié du volume traité par les FAI, alors que ce dernier ne prend pas son origine dans les attentes de leurs clients. Et la bande passante coûte cher ! La bande passante, mais aussi le développement des outils de protection, ainsi que prêt du tiers du coût global de la hot-line. La solution pourrait venir de l'adoption d'un nouveau protocole, remplaçant le SMTP que les techniciens mettent en cause. Mais en attendant, il faut se coordonner. Si Microsoft et AOL évoluent ensemble dans ce sens, ils demandent plus de coopération. Et une coordination internationale. Car à quoi sert un arsenal juridique si les spammeurs ne peuvent être poursuivis ? Les marketeurs dans le doute Maillon intermédiaire de la chaîne, les entreprises de marketing direct sont elles aussi en première ligne. La directive 95 prévoit une acceptation préalable de l'internaute ? Alors les fichiers vont bientôt devenir illégaux ! Au lieu de foncer et de se mettre à jour, la profession joue la montre, l'exception française - qui pourtant a ses limites ? et le lobbying, histoire de profiter du flou politique. Les marketeurs se raccrochent à l'option de désinscription, qui bientôt devra figurer sur chaque mail commercial. Mais de quoi ont-ils peur ? De l'Europe ? Ou qu'en sollicitant l'accord de l'internaute sur chaque fichier, il s'aperçoive qu'il est fiché, partout ? Dans les prochains jours, nous évoquerons d'autres facettes du 'spam' évoquées au cours de ce colloque. ( A suivre )
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