Réorganisation de HP (suite) : premières réactions des analystes
« Léo Apotheker reconnaît des problèmes (« sag ja zu Problem« , comme dit le proverbe allemand), mais il n'apporte encore que peu de solutions : les marchés, les investisseurs ont peur », constate Emmanuel Besluau du cabinet Duquesne Group.
Que dire de l'abandon, clairement évoqué, des activités PC : « Apotheker a beau prendre des précautions pour rassurer les clients actuels et futurs, son annonce ou évocation (car rien ne semble totalement arrêté encore, ce qui, en soi, pose question) peut faire des dégâts. »
Avec ou sans WebOS?
Quel avenir pour le système d'exploitation Web OS? « Ce possible arrêt de Web OS (malgré les ventes en version 'embedded'.) et le constat d'échec sur les tablettes et autre PRE : c'est du réalisme. Malheureusement, il y a quelques mois, la direction de HP en faisait un axe de sa vision. Donc, faut-il voir là un réalisme tardif ? »
WebOS pourrait faire l'objet de licences, cette hypothèse circule. « Maintenir Web OS éventuellement via des licences? -le contraire de la décision de Google. Personnellement je suis un peu sceptique« , estime Donald Callahan, senior analyste, du même cabinet d'études.
Alors que relancer? Que faire? « HP va devoir en particulier muscler l'activité serveur. Et là encore le problème de l'arrêt du support du processeur Itanium par Oracle a fait mal. Les serveurs x-86 ? oui ; Le stockage (3PAR) ? certainement« , observe Emmanuel Besluau.
Quid du rachat d'Autonomy et de son prix?
Que dire du rachat de l'éditeur britannique Autonomy - au prix peu modique de 11 milliards? « Même cher, c'est probablement une bonne idée, estime Donald Callahan. Cela reste sur un marché de niche, en croissance et doté de fortes marges. Ce n'est pas assez, mais attendons pour voir. L'aspect intéressant, c'est l'orientation 'cloud' prise par Autonomy - ce qui peut donner du grain à moudre à la partie héritée d'EDS chez HP« .
« Avec ce rachat d'Autonomy, on constate aussi qu' il est difficile pour HP d'acheter un éditeur de logiciel en essayant d'éviter la zone d'influence d'Oracle« , ajoute le consultant. « HP n'a pas d'offre middleware qui pourrait servir de base technologique d'accueil de progiciels applicatifs : il en souffre actuellement car « middleware is king » (cf. IBM et Oracle) »
« Le point intéressant concernant Autonomy, c'est qu'il s'agit de 'software » transversal ou transverse à tous les secteurs », ajoute Donald Callahan. « C'est un bon point pour HP. A mon sens, HP devrait éviter d'aller trop dans le sectoriel ; en tous cas, c'est une question de savoir-faire [cf. IBM GTS]
« Et même si ce rachat est un peu cher payé, ce n'est pas totalement choquant: on est à 24 fois l'EBITDA (« trailing earnings »), contre 17 fois l'EBITDA dans dix acquisitions récentes et comparables, constate Bloomberg« .
Et l'activité imprimantes? Et celle des PC d'entreprise?
Que dit HP de l'activité « Printing & Imaging »? « Les imprimantes ? Sont-elles aussi dans la corbeille à céder ? - pas de certitudes. A priori, non. » (.) Cette activité 'printing' s'avère être un vrai « cash cow ». Mais, donc, il est aussi vrai que c'est un business totalement à part qui pourrait gagner à être indépendant« , constate Emmanuel Besluau.
« Le fait est que HP déclare ne pas avoir arrêté toutes les décisions. On pourrait imaginer que l'activité des PC professionnels (à+9%, semble-t-il) soit conservée côté entreprise et abandonnée côté consommateur (ventes en retrait de -17%). Que HP d'une manière générale suive l'exemple d'IBM pour se focaliser sur l'entreprise aurait un vrai sens. Il n'y a pas beaucoup d'exemples de fournisseurs qui soient vraiment bons dans les deux marchés - et consommateur et entreprise« .
Conclusion (provisoire): « Pour l'heure, avec ces abandons de certaines activités et choix à revoir, on constate que HP se déconstruit sans indiquer la voie de sa reconstruction : tout est là pour inquiéter l'actionnaire. HP doit se reconstruire. » Pour mieux rebondir!
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