SNCF: des chantiers S.I. toujours colossaux -donc exposés?
Au moment où le système d'information de la compagnie montre à nouveau quelques signes (« fugitifs ») de perturbations (cf. l'information de ce 6 juillet), les responsables ne baissent pas les bras. Exemple: le programme Alliance au sein du S.I. « voyageurs » est bien sur. les bons rails
Le système d'information de la SNCF ne peut être que complexe. Très disparate, il est divisé en 4 directions : voyageurs (DSIV), fret, infrastructure, et une DSIT.
La perturbation de ce 6 juillet relève de la DSI Voyageurs. Ce sont ses managers qui, précisément, ce 4 juillet ont accepté de faire un point « presse », en risquant quelques mises en cause. Le fait est que leur programme de modernisation porte incontestablement leurs fruits. A preuve, le vaste 'chantier informatique' baptisé « Alliance » qui vise à « faire progresser la production du domaine Voyageurs« : -améliorer la robustesse et la qualité de cette production, -générer des économies dans les charges de « production ». Le terme de « production » ne se résume pas à la « production informatique » avec le développement d'applications centrales. Il recouvre en fait tout ce qui est nécessaire au métier de la SNCF, comme la constitution d'un train de voyageurs: établissement du train avec les ressources adéquates correspondantes: personnels, matériels. Achat des billets, réservation relève de la « distribution ». Charles Joder, directeur de ce programme Alliance, répartit la « production voyageurs » en 4 sous-ensembles de projets: -construction de l'offre: il s'agit ici, par exemple, de pouvoir modifier plus facilement les plans de transport; -utilisation et maintenance du matériel : il faut pouvoir, par exemple, réorganiser les plages horaires de maintenance pour accélérer la disponibilité de certains équipements (locomotives, rames TGV, par ex.); -allocation des équipages: améliorer, par exemple, la gestion des journées des contrôleurs; -information aux voyageurs et gestion opérationnelle: généraliser, par exemple, un système de géolocalisation GPS/GSM pour le suivi des locomotives, ce qui permet un suivi plus précis encore pour une information quasi en temps réel, à terme, sur la position ou le retard des trains, etc. Précisément, ce processus d'affichage de l'information aux voyageurs en temps réel ou presque fait l'objet d'un projet: ATRE (Automatisation temps réel des annonces et du téléaffichage). Il s'agit donc ici d'automatiser le traitement des informations d'arrivée et de passage des trains pour les afficher et les annoncer dans 60 gares, pour commencer, d'ici à fin 2005. Or, pour y parvenir, il faut aller puiser dans quantités de bases d'information (IBM DB2 pour la réservation centralisée, et une multitude de bases Oracle sur systèmes ouverts). Car, il faut aussi gérer les « discordances » qui peuvent survenir: retards, changement de voie, etc. Bref, on saisit mieux la complexité des processus mis en branle ici. Les chantiers s'étalent généralement sur de longs cycles: la « production » démarre plusieurs années à l'avance avec les « études » et la préparation des plans de transport, pour se jouer ensuite en temps réel en intégrant les aléas, l'information et la prise en charge de la clientèle. Une équipe de 8 personnes autour de Charles Joder, s'active à piloter une vingtaine de projets actifs qui mobilisent près de. 200 personnes, dont 150 en maîtrise d'?uvre informatique! La DSI Voyageurs, sur deux sites En « back-office », le système d'information Voyageurs (donc celui de la DSIV) est réparti entre deux sites: Nantes pour les études, et Lille pour l'exploitation. A Lille, le Centre informatique d'exploitation Voyageurs, dirigé par Christophe Lemaire, a la responsabilité (24H/24, 7j/7) de 4 familles d'applications: -Distribution: système de réservation Résarail, Mosaïque, les bornes billetterie, mais aussi Voyages-sncf.com, le Minitel. -Back office: Aristote (comptabilité voyageurs), Thales (gestion du 'yield') -Marketing: programme « grands voyageurs » (fidélisation) -Production: circulations des TGV ('COLT'), des autres trains (Oceido), communication inter-service (messagerie Exchange « relookée »), projet ATRE. donc, ici, les premières applications du nouveau programme Alliance. On peut imaginer la complexité de l'ensemble! « C'est évidemment jusqu'ici, un S.I morcelé, cloisonné, statique et aux évolutions complexes, donc ne facilitant pas la réactivité« , explique C. Lemaire devant un tableau complexe, traversé de flèches marquant les principaux flux « fédérateurs », tellement chargé qu'il en devient illisible pour le non-initié! « Chaque modification transversale devient très complexe. Nous sommes arrivés à la limite!« . Il a donc fallu tout reconsidérer et appliquer ce fameux concept d'urbanisation du SI, avec un recensement très précis des composants et des 410 flux (temps réel, ou asynchrone, push/pull.). La solution qui a émergé fin 2003 a été de sélectionner un outil d'EAI: en clair, « il fallait isoler les données de référence en un endroit unique« . Un appel d'offres a permis de retenir l'offre de SeeBeyond , face à d'autres telles que celles de Tibco, IBM, Microsoft. L'investissement, à ce jour, aura été de l'ordre de 2 millions d'euros (dont environ un quart en licences d'EAI). Le projet ATRE est aujourd'hui en production en eGate 4.5.3, architecturé autour de l'EAI, des composants fonctionnels et de liaisons MQ Series. Parmi les multiples autres projets en cours, citons : -ROL-R: refonte des liaisons entre les bases de données tarifaires et horaires, et l'application temps réel Résarail (composants ICAN eGate, eInsight et eTL). -refonte de l'application Horace: (documentation clientèles voyageurs), -« InfoRetard » : « industrialisation » de l'acquisition des informations relatives aux retards des trains et à leur motif, et diffusion vers les acteurs concernés. Dernières remarques soulignées par les managers: « La mise en ?uvre d'un EAI doit s'accompagner d'un programme de conduite du changement, impliquant tous les acteurs du SI« . Par ailleurs, il convient de ne pas négliger les tableaux de bord pour le suivi (ou « Frameworks« ) étape par étape: administration, exploitation et pilotage. Et bonne chance.
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