Vente de SFR : Numericable s'impose à Vivendi
Ni les milliards (jusqu'à 15), ni les délais, ni la multiplication des offres n'y ont fait. Samedi 5 avril, Vivendi a maintenu son choix initial, Numericable/Altice, pour la reprise de SFR.
« Au terme de débats approfondis (huit séances de travail, NDLR), le Conseil de surveillance a décidé, à l'unanimité, de retenir l'offre d'Altice/Numericable qui correspond au projet industriel le plus porteur de croissance, le plus créateur de valeur pour les clients, les salariés et les actionnaires, et répondant le mieux aux objectifs de Vivendi », a déclaré le groupe média dans son communiqué.
SFR valorisé 17 milliards d'euros
Et de mettre en avant la qualité du projet industriel (développement du quadruple play à travers la convergence des 5 millions de prises fixes câble très haut débit de Numericable et les plus de 21 millions de clients mobiles SFR), la pérennité de l'emploi (Patrick Drahi, dirigeant d'Altice, s'y est engagé à plusieurs reprises), les faibles risques de rejet de l'opération par les autorités de la concurrence (de par la présence complémentaires de SFR et Numericable sur le marché) et, enfin, la valorisation pour Vivendi.
« Vivendi a retenu l'option la mieux équilibrée entre le numéraire reçu immédiatement et la participation en titres lui permettant de bénéficier de la valorisation totale la plus élevée. Tout en poursuivant la stratégie déjà annoncée de concentration dans les médias, Vivendi souhaite accompagner SFR, sa filiale depuis 27 ans, en confortant sa structure industrielle et sociale », a indiqué le groupe. C'est donc une offre à 13,5 milliards, ainsi qu'un complément éventuel de prix de 750 millions d'euros, que valide Vivendi avec l'objectif de céder « ultérieurement » les 20% de capital qu'il détiendra dans l'entité SFR-Numericable. Soit une valorisation totale de SFR estimée à plus de 17 milliards d'euros. Altice, le fonds d'investissement propriétaire de Numericable, détiendra 60% du nouvel ensemble.
Bouygues, le tout pour le tout jusqu'au bout
De son côté, Bouygues aura tenté jusqu'au bout de convaincre Vivendi de revoir sa vision. Samedi 5 avril au matin, le groupe de BTP poussait à 15,5 milliards son offre accompagné de 5% du nouvel ensemble sans contrainte de liquidité. Une opération qui aurait valorisé SFR à 16 milliards avant synergies, et à 17 milliards après et paiement du complément de prix éventuel de 500 millions d'euros.
Bouygues n'a cependant pas l'air de vouloir baisser les bras. D'autant que cette fusion le renvoie à son propre avenir sur un marché mobile toujours opéré par quatre acteurs en France. Le groupe souligne dans son communiqué que « l'offre d'Altice-Numericable en vue du rachat de SFR [.] se traduit par l'entrée dans une nouvelle période de négociations exclusives », au cours de laquelle le bétonneur pourrait bien tenter de relancer le débat. Mais on voit mal comment, après cette nouvelle confirmation de Vivendi, la situation pourrait se renverser.
Arnaud Montebourg vigilant
De son côté, Arnaud Montebourg, jusqu'alors impuissant à imposer sa préférence pour Bouygues à Vivendi, a annoncé sur son blog que, au nom du gouvernement, il « sera extrêmement vigilant sur les conséquences de la décision du groupe Vivendi d'accepter l'offre d'Altice et de Numéricable en ce qui concerne l'emploi à SFR et le plan d'équipement de la France en très haut débit ». Sur ce dernier point, le nouvel homme fort de Bercy demande à Numericable de « clarifier ses objectifs à cet égard [et] de faire preuve de patriotisme économique pour le choix de ses fournisseurs. Les engagements d'investissement de SFR dans la fibre à domicile doivent être maintenus par Altice et Numericable ».
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