WorldCom: B.J. Ebbers fraudait 'systématiquement'
Encore en poste, alors que des soupçons s'accumulaient contre eux, le conseiller général du groupe, Michael Salsbury, et le trésorier, Susan Mayer, ont dû capituler, après les premières conclusions d'enquête révélées ce lundi 9 juin. Pour le nouveau dg de MCI (ex-Worldcom), Michael Capellas, le coup est dur: car il s'était publiquement engagé sur le fait que le « ménage » avait été fait. Or les révélations de cette semaine montrent que non. Selon deux enquêtes extérieures, menées sur injonction de la SEC (autorité de la Bourse américaine), il est établi que tout un cercle de 'top managers' -une douzaine, au moins, ont été complices de l'ancien président de WordCom, l'ambitieux et tonitruant Bernard J. Ebbers. Tous ont effectivement conspiré, à la fin des années 90, pour présenter de faux résultats et en tirer un enrichissement personnel. Ces fraudes, observe le Wall Street, ont pris des »
proportions massives et systématiques« . Le but était de dissimuler, aux yeux des investisseurs et des actionnaires, un enrichissement colossal. Le rapport remis ce lundi 9 juin ne met pas seulement en cause les dirigeants. Il révèle qu'il y eu complicité de toute la structure de surveillance et de contrôle de gestion -y compris les cabinets d'audit extérieurs, les commissaires aux comptes. En interne, beaucoup d'employés étaient au courant mais ils craignaient d'en parler. Ces conclusions d'enquêtes, souligne la presse américaine, sont très éloignées de la première perception que l'on a eu de ce scandale financier. Le directeur financier du groupe -Scott Sullivan- avait d'abord porté le chapeau: il lui était reproché d'avoir distribué quelques chèques de 10.000 dollars à au moins 7 managers impliqués dans les fraudes comptables. Or, il est établi aujourd'hui que c'est toute la culture du 'top management' qui pratiquait la fraude de façon quasi systématique, et sur plusieurs exercices fiscaux consécutifs -jusqu'à conduire le groupe à la banqueroute. Des instructions frauduleuses jamais écrites. Les instructions de fraude étaient rarement écrites en clair: elles se contentaient, par exemple, d'indiquer que la progression du chiffre d'affaires devait être de 12% et non de 8% ou de 6%. L'instruction en interne était dite à l'intention des services comptables très laconiquement: « Close the gap! Au vu de ces révélations, le montant des amendes exigé par la SEC -il est question de 500 millions de dollars- apparaît déjà à certains comme insuffisant. Il est vrai que les chiffres confirmés donnent le vertige: le cumul de la fraude se chiffrerait à 10 milliards de dollars. Et un autre chiffre significatif: le coût des enquêtes menées pour examiner l'ampleur du scandale: 49 millions de dollars! (au frais de l'actuel groupe, rabaptisé MCI).
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