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Nokia se voit en rempart occidental à Huawei

Publié par Christophe Lagane le | Mis à jour le

Le dirigeant de Nokia, Rajeev Suri, revient sur le positionnement que la fusion avec Alcatel-Lucent lui permettra d'atteindre sur marché. Selon lui, son futur portefeuille de solutions érige le groupe en rempart n°1 à l'invasion de Huawei.

« Laissons Alcatel-Lucent opérer sur les domaines qui ne se chevauchent pas [avec les nôtres] et laissons-les évoluer dans la mise en place de leur organisation. » A l'occasion d'un entretien donné au journal indien Economic Times, Rajeev Suri est revenu sur la fusion en cours de préparation entre Nokia et Alcatel-Lucent. L'actuel dirigeant de l'équipementier finlandais a rappelé que le rapprochement effectif était toujours programmé pour le premier semestre 2016. « Tous les pays majeurs ont approuvé l'opération, a rappelé Rajeev Suri. Il ne reste plus que les approbations de la Chine, du gouvernement français (ce qui n'est qu'une formalité dans la mesure où celui-ci avait adoubé le rapprochement initié par Michel Combes, NDLR) et d'une poignée de plus petits [pays]. »

Rajeev Suri renouvelle sa confiance dans le succès de l'intégration des deux entreprises car la gouvernance est claire. « Le président et le CEO sont issus de Nokia et l'équipe a été sélectionnée au mérite. Donc, pas d'enjeux politiques, pas de bêtises », soutient-il. Il souligne également la quasi absence de chevauchement des activités. « Je n'ai pas d'IP, d'activité transport, d'actifs dans le fixe, donc je n'ai pas besoin de les intégrer. La radio constitue le seul domaine du sans fil où une intégration des équipes sera nécessaire. »

Un catalogue plus complet que celui d'Ericsson

Une complémentarité qui permettra à Nokia de se positionner comme un acteur européen crédible pour affronter Huawei. Devant Ericsson. Aux yeux de Rajeev Suri, « notre portefeuille propose[ra] plus de solutions 'bout-en-bout' que celui d'Ericsson et il est de plus proche de celui de Huawei. [.] Nous sommes l'alternative occidentale à Huawei. » Le dirigeant annonce également que Nokia investira dans de nouveaux marchés, au-delà des opérateurs, comme la sureté publique et l'entreprise. « Nous voulons viser des acteurs du Cloud comme Google, Facebook, etc. »

Des investissements qui pourront profiter des 900 millions d'euros d'économies que l'équipementier finlandais entend réaliser d'ici 2019. Ce qui passera inévitablement par une compression de personnel. « Naturellement, cela signifie qu'il y aura un certain impact sur les effectifs », admet Rajeev Suri. Si le dirigeant dit ne pas encore savoir précisément dans quelles proportions, ni dans quels pays auront lieu ces coupes claires, il pense que la restructuration touchera principalement les services généraux et administratifs, les activités sans fil dans la radio, la R&D, l'approvisionnement et « peut-être les ventes ».

La R&D touchée par la restructuration

Rappelons que, au moment de la signature, les deux entreprises s'étaient engagées à maintenir les activités de R&D d'Alcatel-Lucent et même à créer 500 nouveaux postes de chercheurs d'ici trois ans. Engagements réitérés fin septembre par Rajeev Suri à Emmanuel Macron. Nokia devrait donc taper dans ses propres équipes pour équilibrer ses besoins. Ce qui serait un nouveau coup dur pour la Finlande dont les emplois chez Nokia ont déjà été fortement touchés après la revente de la division terminaux mobiles à Microsoft.

Rajeev Suri a également confirmé à ses interlocuteurs que l'Inde s'inscrit comme un marché stratégique pour Nokia, où l'équipementier vise la première place. Le Finlandais entend notamment y ouvrir son cinquième laboratoire de recherche sur la 5G et l'Internet des objets (IoT) dans le monde. Celui-ci sera situé à Bengalore (sud de l'Inde).

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