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iOS face au Digital Markets Act : les douze travaux d'Apple

Apple hausse le ton face aux mesures que la Commission européenne compte lui imposer en matière d'interopérabilité d'iOS avec des appareils tiers.

Publié par Clément Bohic le - mis à jour à
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iOS face au Digital Markets Act : les douze travaux d'Apple
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Meta, une entreprise "avide de données" ?

Apple l'affirme plus qu'à demi-mot dans une note récemment publiée. Il y résume ses craintes quant aux obligations d'interopérabilité que la législation européenne lui impose.

Ces obligations, consignées dans le DMA (Digital Markets Act), s'appliquent à iOS et iPadOS. Elles se sont déjà traduites, entre autres, par la possibilité d'installer des marketplaces tierces et de supprimer des applications préchargées (dont l'App Store et Safari).

En dépit des avancées, la Commission européenne a jugé qu'Apple n'était pas réglo sur tous les points. Dans le cadre d'une des enquêtes ouvertes en conséquence, elle a dernièrement soumis à consultation publique des mesures supplémentaires que le groupe américain aurait à mettre en place. Elles concernent l'interopérabilité d'iOS avec des produits connectés tiers tels que les smartwatchs et les périphériques audio.

Bruxelles cible, dans ce cadre, une douzaine de fonctionnalités du système d'exploitation. Cela va des notifications au NFC en passant par l'exécution en arrière-plan, le duo AirDrop-AirPlay ou la connexion automatique aux réseaux Wi-Fi.

Comme il l'a déjà fait en particulier pour le cas des PWA (applications web progressives), Apple brandit l'argument de la privacy. Les mesures envisagées risquent d'entraîner des abus de la part d'entreprises dont les pratiques data ne sont pas au niveau de ce que les utilisateurs sont en droit d'attendre, avertit-il. Exemple donné : celui de Meta, qui a formulé 15 requêtes - "et ce n'est pas fini" - susceptibles de lui donner un accès très profond à la stack techno d'iOS. De sorte que "Facebook, Instagram et WhatsApp pourraient permettre à Meta de lire tous les messages [...], voir tous les appels émis ou reçus, connaître tous les apps utilisées, parcourir toutes les photos, regarder [les] fichiers et événements dans le calendrier, journaliser tous les mots de passe", etc.

L'Apple Watch en ligne de mire

Les éléments que vise la Commission européenne se répartissent en trois catégories : interactivité, transfert de données et paramétrage/configuration. De manière générale, Apple est invité à offrir aux produits et services tiers le même niveau de fonctionnalité que pour ses propres appareils connectés (nommément, l'Apple Watch, les AirPods et l'Apple Vision Pro).

Sur le volet interactivité, Apple est invité à fournir une interopérabilité au niveau :

  • Des notifications
    Entre autres, donner aux applications tierces un accès complet à ces notifications et aux métadonnées associées. Tout en permettant à leurs développeurs de choisir la technologie de transmission et d'implémenter de quoi permettre aux utilisateurs finaux de décider des notifications à transmettre.

  • De l'exécution en arrière-plan
    Cette fonctionnalité permet de scanner en continu le voisinage Bluetooth et de maintenir la connexion avec des appareils. Apple aurait à l'ouvrir - au même degré fonctionnel - aux applications et aux processus pertinents.

  • Du basculement automatique entre sources audio
    Les AirPods exploitent cette fonctionnalité pour changer automatiquement d'appareil.

Des mesures spécifiques à AirDrop et AirPlay

C'est la partie transfert de données qui regroupe le plus de mesures. Parmi les technologies concernées :

  • Le Wi-Fi P2P
    Bruxelles propose deux options à Apple : ouvrir soit son protocole AWDL (en fournissant aux fabricants les spécifications requises), soit son implémentation de Wi-Fi Aware. La firme de Cupertino aurait aussi, dans la mesure où c'est techniquement possible, à s'assurer que la puce Wi-Fi de ses appareils (y compris legacy) puisse gérer deux connexions P2P en parallèle jusqu'à ce qu'AWDL soit déclaré obsolète.

  • AirDrop
    Il s'agira de permettre l'intégration de ce protocole dans toute app ou tout service fonctionnant sur un appareil connecté tiers. Apple devra afficher les apps concernées dans le menu de partage d'iOS et assurer des transferts sous les mêmes conditions (vitesse, latence, types de fichiers pris en charge, fonctionnement en arrière-plan...).

  • AirPlay
    Apple devra donner la possibilité à tout appareil tiers de devenir une source et/ou une destination AirPlay. Il aura 60 jours pour traiter les demandes concernant la transmission d'audio ; 120 jours pour la vidéo. Les éventuelles exigences techniques ne devront pas être plus restrictives que celles appliquées aux appareils d'Apple.

Les mesures en matière de transfert touchent aussi à l'accessibilité (possibilité d'afficher des éléments d'UI), à la gestion des appareils de confiance ou encore au contexte des fichiers (envoi des métadonnées adéquates). Elles s'étendent par ailleurs aux appareils connectés destinés à la diffusion multimédia. Apple devra notamment proposer à leurs fournisseurs un moyen d'y donner accès de façon centralisée au sein d'iOS, par exemple via une extension.

Illustration © Tada Images - Adobe Stock

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