AMD attaque Intel pour pratiques anti-concurrentielles
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Advanced Micro Devices annonce avoir déposé une plainte aux USA pour pratiques monopolistiques contre le premier fondeur mondial sur le marché des microprocesseurs x86
AMD passe à l'attaque. Cela fait de longs mois que le fondeur se plaint des pratiques quelque peu monopolistiques d'Intel, son grand concurrent, le numéro un mondial. Mais cette fois, Advanced Micro Devices a décidé de passer à la vitesse supérieure. Il a déposé une plainte auprès du tribunal fédéral du Delaware pour pratiques anti-trust sur le marché des microprocesseurs x86.
AMD accuse Intel d'avoir empêché la clientèle de traiter avec lui. Le groupe dit avoir identifié 38 sociétés qui ont été victimes de ces pratiques. Parmi celles-ci, de grands constructeurs informatiques, des grossistes et des distributeurs. Précisément, AMD reproche à Intel d'avoir utilisé des moyens illégaux pour dissuader des sociétés d'acheter ses produits. Dans son communiqué, AMD donne des exemples. Intel aurait incité Dell, Sony, Toshiba, Gateway, et Hitachi à utiliser exclusivement ses produits via un accord financier. Intel aurait versé au Japon des pots de vin à Toshiba et Dell pour qu'ils n'utilisent pas les produits AMD. Et ce n'est pas fini! Intel aurait payé des « sommes considérables » à Sony pour une collaboration exclusive. AMD précise d'ailleurs pour illustrer ses arguments que sa part de marché chez le japonais est passée de 23% en 2002 à 0% aujourd'hui. Michael Capellas, ex-CEO de Compaq a déclaré avoir « une arme sur la tempe », il a informé AMD qu'il devait cesser tout achat. Craig Barrett, ex-CEO d'Intel aurait menacé le Président d'Acer de « conséquences graves » pour avoir soutenu le lancement du produit AMD Athlon 64. D'autres entreprises sont citées: NEC, HP, Gateway, Office Depot. « Partout dans le monde, les clients ont le droit au libre choix et aux bénéfices de l'innovation qui sont supprimés sur le marché du microprocesseur », a déclaré le P-dg d'AMD Hector Ruiz, dans le communiqué. Charles Diamond, l'un des avocats d'AMD dans ce dossier, a expliqué que le groupe réclamerait « des centaines de millions de dollars, sinon des milliards de dollars » de dommages et intérêts et qu'il espérait voir sa plainte examinée par un jury avant la fin 2006. Intel s'est dit de son côté en « profond désaccord » avec ces accusations. « AMD a choisi une fois de plus de se plaindre devant un tribunal des succès d'Intel, avec un dossier rempli de spéculations », a indiqué un porte-parole, Tom Beerman. Cette plainte déposée aux USA intervient après la décision d'Apple de s'équiper en Intel permettant au fondeur de renforcer ses positions. Elle intervient aussi après la décision des autorités japonaises de sanctionner Intel pour abus de position dominante. Le gouvernement japonais a exclu Intel des commandes publiques pendant deux mois. Le premier fondeur mondial de puces se voit ainsi condamné pour ses pratiques commerciales jugées douteuses dans l'archipel. Accusé de pratiques anti-concurrentielles au Japon, Intel a fait l'objet d'une enquête de la Japan Fair Trade Commission (FTC) pour abus de position dominante. Sa part dépasse les 85% dans le pays. Les accusations portent sur des réductions qu'Intel aurait consenties à cinq grands constructeurs japonais, en contrepartie de leur engagement à limiter (voire à stopper) leurs achats de processeurs chez ses concurrents, AMD et Transmeta. Pour AMD, ces fabricants se seraient vus contraints de n'acheter que des processeurs Intel, ou tout du moins pour certains d'entre eux de limiter la part des produits concurrents à 10% au maximum de leurs achats. De quoi faire passer la part de marché du fondeur de 24% en 2002 à 11% en 2003. Japon, USA mais aussi Europe. Car la Commission européenne a ouvert une enquête similaire à celle du Japon.