AOL + Google: un (futur) 'mariage désastreux' ?
Carl Icahn n'a pas sa langue dans sa poche. Cet actionnaire de Time Warner, à hauteur de 2,8%, fait pression depuis plusieurs mois pour pousser le géant des médias à changer de stratégie. Mais les récents événements ne semblent pas aller dans son sens.
Le désormais très possible rapprochement entre AOL et Google (voir notre encadré) laisse froid l'investisseur. Pire, l'entrée du moteur dans le capital du FAI serait selon lui « désastreuse ». « Je suis profondément préoccupé par le fait que le conseil d'administration de Time Warner puisse être sur le point de prendre une décision désastreuse » consistant à nouer un accord avec Google empêchant toute autre alternative pour AOL, a-t-il déclaré. Le risque, a-t-il expliqué, est qu'un accord avec Google « rende plus difficile voire même empêche une fusion ou un autre type de transaction avec des groupes comme InterActiveCorp (IAC), eBay, Yahoo! ou Microsoft, etc. » Rappelons que Google serait en négociation exclusive avec le groupe Time Warner pour prendre une participation de 5% dans sa filiale Internet AOL. Cette prise de participation est évaluée à 1 milliard de dollars. S'il se confirme, ce sera un véritable camouflet pour Microsoft, que le marché donnait pourtant gagnant dans le projet de rapprochement d'AOL avec un autre acteur majeur de l'univers Internet. En revanche, la prise de participation de Google dans le portail Internet s'inscrirait dans une logique de continuité commerciale, mais aussi de stratégie Internet. En effet, Google est le fournisseur des liens sponsorisés du portail et à ce titre il participe activement à ses revenus. Il devient logique en effet de rapprocher un portail à qui il manque la recherche payante à un service de recherche payante à qui il manque une activité de portail ! Trop centré sur son activité de recherche en ligne, Google se doit d'adopter de nouveaux modèles économiques qui lui serviront de relais de croissance. En s'associant à AOL, il trouve un partenaire particulièrement bien implanté auprès des internautes et pourra expérimenter de nouvelles stratégies. Il s'agira aussi d'affronter le géant Yahoo, tout en se protégeant des projets d'expansion de Microsoft. En effet, si un rapprochement entre AOL et MSN avait lieu, la nouvelle entité occuperait la première place sur le marché Internet. Et cela, Google, mais aussi Time Warner semblent vouloir l'éviter. La déclaration anti Google n'est pas le premier coup d'éclat de Carl Icahn. L'actionnaire souhaite, pour mieux valoriser Time Warner, que le groupe de médias soit démantelé. Une vision partagée par Steve Case, fondateur d'AOL. Time Warner serait donc scindé en quatre sociétés : une reprendrait ses actifs dans le câble, la deuxième organisée autour d'AOL serait dédiée Internet, une troisième centrée sur l'édition, et une dernière regrouperait les studios de cinéma (Warner Bros.) et les chaînes de télévision (HBO, CNN, etc.). Lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe en mai prochain, les frondeurs proposeront au vote une liste d'administrateurs défendant ce type de projets. Décision imminente
Selon le Figaro, le conseil d'administration de Time Warner devrait approuver ce mardi la cession de 5% du capital de sa filiale AOL à Google.
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