Affaire 'Livedoor' : la panique gagne la bourse de Tokyo
Tout commence le lundi 16 janvier. La justice japonaise effectue une perquisition au siège du portail Internet Livedoor et dans la demeure de son patron, le charismatique Takafumi Horié. Objectif, chercher les preuves d'un délit boursier. Conséquence, depuis deux jours, un vent de terreur boursière souffle sur la capitale nipponne.
Interrogé par la chaîne de télévision Nippon Television Network en début de semaine, T. Horié a affirmé « ne rien savoir » des infractions. Mais aujourd'hui, il va devoir songer à revoir sa copie, car les autorités boursières de son pays risquent de lui demander des comptes et son impopularité au pays du soleil levant est grandissante. Car, comme l'affirme l'agence de presse Kyodo, la justice nippone a de fortes présomptions à l'encontre du portail Livedoor. Ce dernier aurait en effet manipulé des cours de bourse en répandant sur le marché de fausses rumeurs de fusions et d'offres publiques hostiles. Le procureur de Tokyo estime que le groupe a manipulé les cours boursiers en 2004 en diffusant de fausses informations relatives à l'acquisition d'une société. Le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi s'est efforcé mercredi soir de rassurer les marchés et les milieux d'affaires sur l'état de l'économie après la panique qui a saisi la Bourse de Tokyo. Le chaos qui a perturbé mercredi la première place boursière d'Asie est un phénomène « temporaire » et l'état général de la deuxième économie mondiale est « solide », a insisté M. Koizumi, à l'issue d'une journée fertile en émotions. Il faut dire que pour la première fois de son histoire, la bourse de Tokyo a été contrainte de fermer prématurément pour éviter la saturation de son système informatique menacé par l'énorme volume d'ordres. Une douche froide pour le Japon et Takafumi Horié Le patron du puissant lobby patronal Nippon Keidanren, Hiroshi Okuda, a estimé que l'admission de Livedoor dans son organisation en décembre dernier avait été « une erreur » et a laissé entrevoir sa prochaine expulsion. Une douche froide pour Takafumi Horié « Depuis que son entreprise est entrée en Bourse en 2000, Horié a accumulé une réputation d'excentrique en tee-shirt hawaïen qui élude les questions des analystes pendant les conférences de presse », assène le quotidien Nikkei. Son quasi-silence depuis l'éclatement du scandale « indique qu'il ne sait pas ce qui se passe dans sa propre entreprise et qu'il est fréquemment absent de son poste », tranche la bible des milieux d'affaires. Forcément le titre Livedoor s'est effondré à la bourse de Tokyo, pour la deuxième séance consécutive, aucune action du groupe n'a trouvé preneur à ce jour, malgré un prix de vente proposé de 596 yens, soit 100 yens (le maximum légal) ou 14,37% de moins que son dernier cours de clôture lundi. Mais la conséquence pour l'économie japonaise n'est pas seulement la disparition probable de Livedoor. L'éclatement de cette « bulle » a déclenché une méfiance générale des investisseurs vis-à-vis des pratiques de gouvernance des sociétés japonaises.
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