Fibre : alliance surprise entre Orange et SFR
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Selon l'accord, un seul opérateur pourra s'installer en pied d'immeuble. A charge pour ce dernier d'ouvrir ses fourreaux aux autres opérateurs
Coup de théâtre dans le marché stratégique de la fibre optique.Orange et SFR (propriétaire de Neuf Cegetel) ont décider de s'allier sur le déploiement du très haut débit. Selon les termes du contrat, dévoilés par La Tribune, les deux fournisseurs d'accès internet laisseront les syndics de copropriétaires choisir l'opérateur de leur choix.
L'opérateur choisi disposera son réseau au pied des immeubles. L'opérateur installé sera ensuite dans l'obligation d'ouvrir son réseau à d'autres opérateurs, laissant ainsi le soin aux différents foyers de choisir le prestataire chargé de faire parvenir la fibre optique au seuil des appartements (FTTH, Fiber To The Home).
Surtout les deux opérateurs ont trouvé un terrain d'entente concernant l'emplacement du point de mutualisation. Un point qui n'a pas été tranché par le régulateur.
Selon leur accord, il sera donc implanté « le plus près possible des logements selon des critères opérationnels pragmatiques, en fonction de la taille et du type de logement, et en tenant compte des contraintes d'accessibilité et d'occupation du domaine public ».
Les deux acteurs ont également annoncé qu'un déploiement issu de leur accord interviendrait dans une quinzaine d'agglomération.
Ce rapprochement inédit entre les deux acteurs permet de rabaisser d'un cran les véhémentes critiques émises depuis de longs mois à l'encontre d'Orange. Rappelons que les différents FAI et l' Arcep avaient à de nombreuses reprises dénoncées les conditions d'ouverture de son réseau établies par l'opérateur historique. En juillet dernier, le gendarme des télécoms indiquait encore à Orange que son offre n'était pas viable pour la concurrence. Chez Neuf, désormais propriété de SFR, on dénonçait une offre « pas opérationnelle« .
Pour Orange, cet accord peut également être interprété comme un geste à l'égard de Bruxelles. Dans l'un des ses projets, la Commission avait tout récemment réitéré sa volonté à ne pas voir des monopoles se constituer dans le déploiement de la fibre optique.
Par ailleurs, le partenariat pourrait permettre à Orange de repartir de l'avant. Le 10 septembre dernier, le groupe a en effet annoncé qu'il aurait « un an de retard par rapport à ce que nous avions prévu il y a 18 mois. Ce que nous devions lancer début 2009 interviendra plutôt début 2010 ». En cause, un cadre réglementaire toujours flou sur des points essentiels.
Ainsi, fin 2006, le groupe avait annoncé un « 'prédéploiement' visant à raccorder 150.000 à 200.000 clients sur plus d'un million de clients raccordables fin 2008, soit un investissement total d'environ 270 millions d'euro. Mais force est de constater que le compte n'y est pas. 120 millions ont été investis mais le porte-parole de France Télécom a reconnu que l'offre fibre lancée en 2007 ne « comptait au 30 juin 2008 que 14.200 clients sur Paris, l'Ile-de-France et 10 villes françaises, ce qui est en décalage par rapport à nos prévisions. »
L'accord stratégique entre SFR et Orange laisse néanmoins un acteur de taille sur la touche : Free, récent acquéreur d'Alice. Pour le trublion des télécoms, l'un des trois FAI majoritaires, cet accord entre « en contradiction » avec la loi de modernisation de l'économie.
Maxime Lombardini, p-dg d'Iliad a précisé à l'AFP : « Cet accord ne garantit ni la concurrence ni le libre accès des foyers aux différentes offres, et est contraire à l'esprit des discussions entamées entre les opérateurs. »
Pour le moment, ni les autorités de régulation ni le gouvernement n'ont commenté l'accord. L'Arcep de son côté pourrait s'irriter de se voir imposer de nouvelles règles du jeu par ces deux acteurs.