France Télécom met 27 milliards sur la table pour s'emparer de TeliaSonera
France Télécom confirme aujourd'hui un secret de polichinelle : il entend bien s'emparer de l'opérateur TeliaSonera. Après avoir fait le tour des banques afin d'obtenir une ligne de crédit de 10 milliards d'euros, l'opérateur français annonce ce jeudi qu'il « engageait une démarche amicale » par échange d'actions et decash auprès du nordique.
Concrètement, l'offre « est constituée d'un mix de 52% en numéraire payable en euros pour un équivalent de 63 couronnes suédoises par action TeliaSonera, et de 48% en actions sur la base d'un ratio d'échange de 3 actions nouvelles France Télécom pour 11 actions existantes TeliaSonera, avec une option de paiement total en numéraire pour les 500 premières actions« , précise un communiqué du groupe. Soit une prime d'environ 39% par rapport au cours de clôture de TeliaSonera du 15 avril 2008, ce qui valorise le groupe à 27,1 milliards d'euros.
L'opérateur français se donne 15 jours pour lancer ou non une offre formelle sur son concurrent.
Massive, l'offre pourrait effrayer les investisseurs. D'ailleurs, lorsque France Télécom avait commencé à regarder le dossier, son action avait chuté. Prudent, l'opérateur explique qu' « un tel rapprochement n'est envisagé que sur une base amicale et dans le strict respect des critères de croissance externe de France Télécom et de ses engagements financiers. Par ailleurs, il n'existe aucune certitude sur le fait que la transmission par France Télécom d'un projet d'offre à TeliaSonera et à ses deux principaux actionnaires conduise à une offre publique« .
Du côté du nordique, pas d'enthousiasme : l'offre est « sensiblement »inférieure à la valeur de l'entreprise a indiqué Tom von Weyrmann, le président du conseil d'administration. Il est vrai que sa capitalisation est plus proche des 30 milliards d'euros.
Pour autant, une telle opération pourrait être stratégique pour France Télécom qui misait jusqu'à aujourd'hui sur des acquisitions dans les pays émergents. En s'emparant de TeliaSonera, France Télécom se hisserait à la première place européenne des opérateurs télécoms, devant son éternel rival Deutsche Telekom (et à la 4e place mondiale).
Au total, souligne France Télécom, « le groupe ainsi créé occuperait des positions de premier plan dans 30 pays, dont 21 où il détiendrait une position de leader« .
Issu du rapprochement des deux ex-monopoles Telia (Suède) et Sonera (Finlande), le groupe est détenu à 37,3% par l'État suédois et à 13,7% par l'Etat finlandais.
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Comme France Télécom, le groupe est un opérateur intégré présent dans le fixe, le mobile et l'ADSL. Il compte 115 millions de clients. Son chiffre d'affaires en 2007 a dépassé les 10 milliards d'euros pour une marge de 32% et un résultat d'exploitation de 2,7 milliards. Une rentabilité qui suscite donc la convoitise.
Pour le français, c'est en tout cas le bon moment pour repartir à la 'chasse au gros'. Après les années noires de la bulle Internet, le groupe a réussi à fortement réduire sa dette tout en lançant un ambitieux programme de développement. Malgré l'hémorragie continue de ses abonnés à la téléphonie fixe, qui se jettent dans le bras du dégroupage total, l'opérateur historique a bouclé 2007 sur des résultats supérieurs aux attentes.
Le groupe a dégagé en 2007 un résultat net part du groupe de 6,3 milliards d'euros, contre 4,1 milliards en 2006. Son chiffre d'affaires consolidé atteint 52,96 milliards d'euros, en progression de 2,8% en données à base comparable.
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