Gala DSI : « Sur le numérique, tout le monde a besoin des DSI »
Si l'année dernière, le Gala des DSI organisé par l'association Agora des DSI s'était élevé philosophiquement avec Luc Ferry, le millésime 2016 est revenu sur des terres plus pragmatiques, voir plus numériques. En effet, les deux invités étaient Stéphane Richard, PDG d'Orange, et Stéphane Treppoz, PDG de Sarenza (vendeur de chaussures sur le web) et ancien dirigeant d'AOL France. Chacun des deux a d'abord expliqué les défis numériques auxquels ils ont été confrontés et comment ils s'y sont adaptés.
Par exemple, Stéphane Richard a relaté les raisons du rachat de Groupama Banque en janvier dernier. Une opération qui trouve son origine en Afrique où Orange « est la première banque du continent avec 16 millions d'abonnés au mobile banking avec un volume d'échange de 8 milliards d'euros », souligne le dirigeant. La question était donc de savoir si le modèle était exportable en Europe et comment. « En France, il fallait construire une vraie banque et pour aller vite, nous avons fait le choix de l'acheter », poursuit Stéphane Richard. Une vitesse de prise de décision et d'adaptation que reconnaît aussi Stéphane Treppoz. « Le métier de la distribution a été obligé de se réinventer, car aujourd'hui, une chaussure sur 4 se vend sur Internet. Le numérique irrigue toute l'entreprise, c'est devenu le coeur de business des activités. »
DSI incontournable, mais communication à améliorer
Le numérique redistribue donc les cartes, mais quelle est la place des responsables informatiques dans cette mutation. Stéphane Treppoz n'y va pas par 4 chemins. « Sur le numérique, tout le monde a besoin des DSI. » Un discours apprécié par l'assemblée et Stéphane Richard en rajoute : « Le rôle des DSI est de dynamiser la vie de l'entreprise. » Il reste que le dialogue est souvent difficile entre les directions générales et les responsables informatiques. « Le problème c'est que l'on ne sait pas ce qu'ils font », constate humblement le patron de l'opérateur historique.
Un conseil de communication et de pédagogie donné aux DSI, surtout dans une optique de polyvalence des tâches. « Ils peuvent agir sur beaucoup de leviers », assure Stéphane Treppoz qui avoue avoir 150 projets dans sa société, « il faut aller de plus en plus vite avec une concurrence de plus en plus grande et mondialisée. Cela signifie par exemple d'aller vers le Cloud, le SaaS, etc ». Une vitesse qui effraye néanmoins les DSI présents dans la salle, car confrontés à une réalité moins idylliques : obligation de fonctionnement du legacy et innovation limitée par des contraintes budgétaires fortes. Stéphane Richard leur répond par l'agilité avec l'arrivée « des fonctions du datacenter qui se softwarise comme le réseau par exemple », qui permet de se focaliser sur d'autres sujets ou d'accélérer la transformation numérique.
La sécurité des données comme credo
Si les DSI et les dirigeants doivent travailler ensemble pour « garantir la satisfaction client », le credo absolu est la sécurité des données. « Un défaut dans la sécurité et la réputation de l'entreprise peut être affectée en quelques minutes », constate Stéphane Richard en ajoutant que « il s'agit d'un sujet majeur sur les milliards de data gérées par Orange, mais cela concerne tout le monde ». Il admet cependant qu'il y a encore des « besoins d'évangélisation » auprès des CEO dans ce domaine. Quid des DSI sur ce sujet ? Pour le dirigeant de l'opérateur, « la DSI va évoluer vers le traitement et la protection des données » et de placer au passage l'annonce de la création du pôle cyberdéfense d'Orange.
Pour Stéphane Treppoz, l'enjeu de sécurité est essentiel notamment sous le prisme des données personnelles et de la protection de la vie privée. Les avancées sont énormes en matière d'algorithme. « Google est capable en temps réel de savoir si vous voulez changer de vie », s'exclame l'entrepreneur. Il regrette néanmoins que tous les acteurs du numérique ne sont pas logés à la même enseigne eu égard aux différents régimes juridiques en vigueur. De la fiscalité au droit du travail, le cahier des doléances est fourni, mais les DSI présents au Gala ont déjà la tête à la réflexion : quelle est ma vision du numérique et comment la mettre en oeuvre ?
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