Oracle rêve d'une automatisation par l'IA de bout en bout
Oracle oriente son discours sur "l'IA sur toute la stack" , dans la veine des autres hyperscalers, mais en revendiquant des spécificités sur fond de "cloud distribué".
"Qui aurait pensé, il y a quelques années, que nous aurions des partenariats de grande ampleur avec des acteurs qui [...] étaient nos concurrents ? " s'est interrogé Christophe Negrier, le patron d'Oracle France, lors la deuxième édition de son Forum Data & IA organisé à Paris.
Sur fond de stratégie "cloud distribué", la notion d'ouverture a effectivement été le fil rouge de l'évènement ... sans toutefois en être l'angle principal. Il s'agissait avant tout de démontrer que l'hyperscaler Oracle - désormais reconnu comme tel - a diffusé l'IA sur l'ensemble de sa stack. À savoir aussi bien sur son infrastructure que sur ses bases de données et sur ses suites applicatives, dans la veine d'un Google ou d'un Microsoft.
Par "IA", il fallait surtout entendre les modèles génératifs. Et, dans leur prolongement, les agents. Oracle dit en avoir intégré une cinquantaine dans ses applications d'entreprise. Sur OCI, c'est pour aider à mettre en place du RAG sur sa base de données ou sur de l'OpenSearch. "Le premier d'une longue série", promet Regis Louis, SVP Industry Cloud Strategy, non sans laisser miroiter des opportunités "d'automatisation de bout en bout des processus métiers".
"Les gens viennent souvent chez nous pour des raisons bassement matérielles, nous confiait récemment Christophe Negrier. Comme on fait les choses différemment d'un point de vue architecture, les modèles d'IA générative tournent plus rapidement sur nos infrastructures. Et s'ils tournent plus rapidement, ça coûte moins d'argent." L'intéressé évoquait notamment "les aspects réseau, mémoire [et] segrégation entre ce que le client utilise et ce que nous utilisons pour notre propre gestion". Tout en revendiquant l'expérience d'Oracle autour du clustering.
De Fusion à Exadata, une approche "cloud distribué"
Au-delà du sujet IA, "la stratégie est hybride et multicloud", clame Christophe Negrier.
Commercialement, l'approche multicloud se traduit sur deux plans en particulier. D'un côté, la marque Interconnect, portée sur l'automatisation des liens réseau entre OCI et GCP ou Azure. De l'autre, l'initiative Database@. Avec elle, Oracle vient héberger son matériel dans les datacenters de Microsoft, de Google et - à partir de 2025 - d'AWS. Lesquels partagent le support et gèrent la facturation. Une intégration se fait aussi au niveau des outils de gestion (pilotage des services OCI possible à partir de la console et de l'API du partenaire). Oracle garantit une parité technologique, tarifaire et SLA.
"J'ai un client français qui avait signé un partenariat post-Covid avec Microsoft Azure pour migrer, sur trois ans, 1200 applications dont un paquet tournant sur de l'Oracle, explique Christophe Negrier. Après deux ans, ils [en] avaient migré un peu moins de 100. Pas par manque de compétences, mais par une complexité induite."
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Et de poursuivre : "On a signé avec eux à travers Database@Azure. L'intérêt pour [Microsoft] est qu'ils n'ont pas besoin de replatformer. Ils peuvent faire directement du PaaS sur nos technologies [et déplacer] les assets Oracle de manière native pour le client. [...] Les applications se retrouvent avec un pied dans Azure, un pied dans OCI."
Pour l'aspect hybride, Christophe Negrier insiste sur la stratégie dite de "cloud distribué". Il l'exemplifie avec les applications Fusion : "On peut consommer nos [SaaS] dans le cloud public, mais on a aussi la capacité, comme on le fait pour la technologie, de déployer nos infrastructures cloud dans les datacenters de nos clients."
Les vecteurs en natif, ça change tout ?
L'offre Database@ prend en charge deux versions majeures de la base de données Oracle : la 19c... et la 23ai, qui a la particularité de gérer nativement les données vectorielles. Comme, entre autres bases de données relationnelles, AlloyDB chez Google Cloud ou Azure Cosmos DB chez Microsoft (AWS utilise l'extension pgvector sur Aurora et RDS).
"Beaucoup de clients ont commencé en mettant une stack à part pour vectoriser les données", remarque Christophe Negrier quand on l'interroge sur les assistants. "[Avec] 23ai, [les clients peuvent] faire cela mais pour toutes leurs applications, ajoute-t-il. Pas que s'ils choisissent le CRM du même provider qui fournit l'assistant"...
La GenAI se diffuse aussi dans les autres briques de ce qu'Oracle appelle sa "modern data platform". À commencer par la partie analytics, avec un assistant orienté sur quatre usages. Nommément, l'amélioration des dashboards, la création de visualisations, la détection de problèmes et la génération d'avatars (data storytelling).
Illustrations © Oracle
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